Tribune de Lambert Mende Omalanga*
De son retour au pays dimanche 13 novembre dernier après une itinérance euro-américaine, l’opinion kinoise gardera à l’esprit les images virales d’un Martin Fayulu distillant à partir du toit de son véhicule des invectives grossières contre des éléments des forces de l’ordre venus faire respecter les instructions municipales relatives à l’interdiction de manifestations publiques sur l’ère de l’aéroport international de N’djili décrétée ‘’zone neutre’’ par un édit municipal de la capitale. Auparavant, son parti, l’ECIDE, avait écrit au gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila, pour l’informer de son intention de passer outre cette prescription en projetant l’accueil de son leader dès sa descente d’avion suivi d’une procession qui allait paralyser cet espace particulièrement populeux de la mégapole congolaise le long de l’emblématique boulevard Lumumba jusqu’à la place de l’échangeur, « en guise de marche de soutien aux FARDC aux prises avec les agresseurs et autres terroristes à l’Est du pays ». Cette saillie entortillée des amis de M. Fayulu a été rejetée par l’autorité urbaine sur pied de la neutralisation politique de cette unique voie d’entrée et de sortie de la capitale ainsi que d’activités régaliennes caractérisées par un ballet de chefs d’États étrangers devant emprunter cette chaussée le même jour. Mais aux yeux du Député national Martin Fayulu, soucieux de se ménager un bain de foule dans cette partie de la ville de Kinshasa où se pressent à toute heure de la journée des foules promptes à s’agglutiner au moindre coup d’éclat, la tentation était irrésistible.
La guerre qui mobilise toutes les composantes de la nation contre l’occupation rwandaise de quelques localités du territoire de Rutshuru à l’Est de la RDC, et qui comporte les fronts militaire, politique et diplomatique semble être le dernier souci de l’inénarrable candidat malheureux à l’élection présidentielle de décembre 2018, insensible aux risques de perturbation des mouvements des hautes personnalités africaines visitant Kinshasa en prévision du troisième round des négociations entre le gouvernement, les partenaires multilatéraux de la RDC et les groupes armés et ceux qui les soutiennent ou les manipulent prévues à Nairobi (Kenya) le 21 novembre prochain. Ainsi, rien que le week-end passé, l’aéroport de N’djili a vu atterrir et décoller tour à tour le président Joao Lourenço de l’Angola, président en exercice de la CIRGL, le président Umaro Embalo de Guinée Bissau qui est à la tête de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ainsi que M. Uhuru Kenyatta, président sortant du Kenya et envoyé spécial de l’East african community.
Lorsque dimanche 13 novembre, Martin Fayulu ruait dans les brancards pour se mettre coûte que coûte en vedette en essayant de bloquer toute circulation sur le boulevard Lumumba, le président Bissau guinéen Umaro Embalo, arrivé la veille, devait reprendre son avion pour regagner Bissau tandis que le président honoraire du Kenya Uhuru Kenyatta, accompagné d’une forte délégation de l’EAC, était attendu à N’djili. Les mouvements de tous ces hôtes de marque de la République imposaient comme à l’accoutumée un dispositif sécuritaire particulier aussi bien à l’aéroport que le long du boulevard Lumumba et ce sont les unités des forces de sécurité affectées à la coordination de leur passage avec la mobilité des usagers habituels de cette chaussée que M. Fayulu a traîné dans la boue avec des propos parfois à la limite de l’obscénité. « Que faites-vous ici, bande d’aventuriers, allez à l’Est ! Allez à Bunagana ! c’est là-bas qu’il y a l’insécurité, moi je n’ai pas besoin d’être sécurisé, foutez le camp ! », a-t-il vociféré à l’encontre de ces éléments, coupables de gêner l’accueil triomphal qu’il escomptait. Il aurait peut-être fallu, pour ce candidat à la magistrature suprême, que la République Démocratique du Congo dégarnisse purement et simplement la totalité de ses 2.345.410 km² de superficie pour concentrer ses forces de défense et de sécurité sur la centaine de kilomètres constituant la ligne de front de l’agression rwandaise. Une véritable balourdise qui donne de l’eau au moulin de ceux qui s’inquiète de l’équilibre mental de cet intellectuel jadis pondéré, qui, après sa déconvenue de 2018, s’est illustré sur les plateaux des médias périphériques et au cours des conférences organisées ci et là par une volubilité inconvenante, voire incendiaire même à l’égard de ses compatriotes servant sous le drapeau dont il aspire à devenir le commandant suprême.
En crétinisant ainsi publiquement les forces de sécurité qui ne font que leur travail, Martin Fayulu vient une fois de plus, de se tirer une balle aux pieds. Difficile en effet de croire qu’avec une telle idiosyncrasie, il soit réellement capé pour le top job. –
*Député national