Depuis lundi 11 juillet 2022, la RDC est officiellement devenue le septième membre à part entière de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) après avoir déposé les instruments de ratification de son adhésion au traité portant création de la communauté. Ce dont l’organisation régionale s’est promptement réjouie dans un message officiel publié sur son compte Twitter, mais aussi certains pays membres, dont l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni.
En décembre 2021, le 18ème sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CAE avait chargé le Conseil des ministres de la communauté d’entamer et de conclure avec la RDC les négociations sur son adhésion au traité pour une pleine admission au bloc.
Les dirigeants des Etats de la Communauté d’Afrique de l’Est ont ensuite demandé au Conseil des ministres de conclure les négociations avec la RDC après avoir examiné le rapport du Conseil des ministres sur la mission de vérification concernant son admission au sein de la communauté.
Vers une intégration régionale aboutie
La présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, a souligné que l’admission de la RDC dans le bloc régional constituerait une nouvelle étape dans l’intégration et a réitéré l’engagement de la Tanzanie à travailler en étroite collaboration avec tous les Etats membres de l’EAC pour hisser l’intégration à des niveaux supérieurs.
Le président rwandais, Paul Kagame, a pour sa part salué les progrès réalisés avec l’admission de la RDC dans le bloc économique régional. «Nous attendons avec impatience la conclusion rapide des procédures d’admission restantes», avait-il récemment déclaré.
La Communauté d’Afrique de l’Est regroupe le Burundi, le Kenya, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda et la RDC qui adhère à cette organisation régionale de plus en raison notamment d’impératifs de pacification de son territoire dont une partie est sanctuarisée par des mouvements armés étrangers, notamment rwandais et ougandais, et locaux.
Processus de paix de Nairobi
Aussitôt le principe de l’admission de la RDC acquis, l’EAC a décidé de prendre à bras le corps le problème de l’insécurité dans sa partie orientale en mettant sur pied une force militaire régionale chargée de défaire les groupes armés qui n’auront pas déposé les armes selon le mot d’ordre de cessez-le-feu du début juin 2022.
En RDC, l’adhésion à l’EAC est diversement perçue dans l’opinion nationale qui y voit d’autant peu d’intérêt qu’au moins un Etat membre de l’organisation, le Rwanda, s’est de nouveau rendu coupable d’agression de son territoire sous le couvert du M23, une pseudo rébellion défaite en 2013 par les FARDC avec le concours de la MONUSCO. Au cours du dernier sommet des chefs d’Etats de l’EAC à Nairobi au Kenya, Kinshasa s’est opposé à la présence des troupes rwandaises dans la force militaire régionale à mettre sur pied en raison de l’agression dont le pays fait l’objet de la part du Rwanda. Même si Kigali continue de nier tout concours au M23.
Opinion négative
L’impression négative de l’opinion face à l’adhésion de la RDC à l’EAC s’est confortée lundi dernier par la diffusion d’informations accusant le gouvernement Tshisekedi d’être passé outre le vote de l’assemblée nationale exigé par la constitution.
Juvénal Munubo, un député de la majorité présidentiel, de surcroit membre de la commission défense et sécurité de la chambre basse du parlement a sensiblement contribué à la diffusion de cette information en déclarant lundi dernier sur son compte Twitter que l’assemblée nationale n’a «pas encore autorisé l’adhésion de la RDC au Traité instituant la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est». Avant de se rétracter et de rétropédaler. «Oui, la procédure législative a été suivie mais je garde mon droit de ne pas être d’accord avec cette adhésion assez précipitée», a-t-il déclaré.
La ratification du Traité de création de l’EAC par la RDC est intervenue lundi dernier alors que sur le terrain des opérations militaires en territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu était signalée la reprise des affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise après une accalmie qui a duré tout le week-end dernier.
J.N.