Facebook a procédé mercredi 9 octobre 2019 au lancement officiel de son mécanisme de fact-checking (recherche et vérification des faits) en RDC. L’annonce en a été faite au cours d’une rencontre avec la presse à l’Hôtel Kempinski Fleuve Congo à Kinshasa.
Dans son exposé, Olivia Nloga, la responsable de communication de Facebook en Afrique francophone a renseigné que le fact-checking était un programme élaboré en vue de la vérification des faits par des organismes tiers. Il s’agit pour Facebook de collaborer avec des médias tiers pour la détection des fausses informations qui pullulent dans les postings des réseaux sociaux.
A travers le monde, ce réseau social compte 50 médias partenaires afin de lutter contre l’infox (fausses informations). 15 pays sont bénéficiaires du programme fact-checking en Afrique subsaharienne. La RDC, une de plus grandes productrices et consommatrices des fakenews, y compris. «Partager les opinions et des émotions sont les objectifs de Facebook et non faire la propagation des fausses informations», a déclaré Olivia Nloga qui a ajouté, qu’à sa conception, Facebook s’est voulu une plateforme de connectivité et de rapprochement du monde, via les communautés et pas autre chose. Au passage, la responsable de communication de Facebook pour l’Afrique a indiqué que son réseau social comptait déjà plus de 2.700.000.000 (deux milliards sept-cents millions) d’utilisateurs. Avant de montrer aux journalistes présents à cette rencontre comment parvenir à détecter une fausse information, elle a précisé que c’est pour des raisons de prise de responsabilité que sa plateforme a initié ce programme visant à familiariser les utilisateurs avec les étapes à suivre pour déceler une fausse information dans les 1.500 publications en moyenne qui peuvent être vues par chacun d’eux à ce stade.
L’Inventaire
Ces étapes comprennent notamment une maîtrise des signaux : Qui dit quoi, quand ? Est-il proche de l’événement qu’il rapporte ?
Prévisions : ici il s’agit également des prévisions (probabilités), des scores (indice de pertinence), du classement (ce que l’on peut voir en premier). Un travail réalisé par argorithme. Parmi les règles standards de la communauté à prendre en compte, elle a cité : 1. veiller à la sécurité 2. encourager un comportement respectueux 3. protéger la propriété intellectuelle et 4. encourager la liberté d’expression Cependant, la suppression d’une information sur Facebook ne peut, selon elle, intervenir que lorsqu’il est question d’un discours haineux, d’un cas d’usurpation d’identité, d’une désinformation encourageant un comportement imminent à caractère dangereux ou criminel. Facebook préfère procéder par le déclassement de l’information lorsqu’elle est soupçonnée être fausse. Par respect de la liberté d’expression, une information jugée fausse peut-être tout simplement déclassée. Elle sera alors rendue invisible sur le film d’actualité par les autres, mais elle servira de prétexte pour la sensibilisation.
Mme Nloga s’est également appesantie sur les notions de vérification, d’ identification des informations ainsi que les options d’évaluation, l’impact sur le post et la rétrogradation-notification des administrateurs. Impact sur la page ou le domaine Le cas échéant ou face à un comportement répréhensible récidiviste, Facebook peut faire intervenir la rétrogradation et la perte des avantages (invisibilité des informations).
Les campagnes d’information avec la société et les leaders peuvent aussi être mises à contribution. Le Coordonnateur Congo check, Sammy Mupfuni, a partagé aussi l’expérience vécue par son programme avec le soutien financier de Facebook pour décourager la désinformation particulièrement dans la province du Nord-Kivu pendant la période où la maladie à virus Ebola (MVE) se propageait. On se souvient que les nombreux fake-news au sujet de la MVE dans cette partie du pays ont résulté en des attaques mortelles contre les équipes de riposte, ce qui a favorisé la flambée de la maladie.
Pour découvrir et décourager une telle désinformation, Sammy Mupfuni a énuméré les étapes que sa structure avait suivies : 1. Identification de la rumeur par les membres des communautés représentés par 20 journalistes employés à cette fin; 2. Vérification auprès des équipes de riposte et la consultation de vieux articles de presse ou postings; 3. Publication des résultats sur les plateformes afin de rétablir la vérité.
Mme Aiday Ndiaye, représentante de Facebook en RDC et en Afrique francophone s’est attelée pour sa part à présenter l’investissement de ce réseau social dans le pays : «Facebook a soutenu Congo check pour lutter contre Ebola. Nous avons organisé des séances de formation avec les leaders des communautés dans le cadre de la politique de responsabilité en demandant à la population de dénoncer les faux contenus et de ne pas croire aveuglement à tout ce qui est dit sur Facebook», a-t-elle martelé.
Pour sa part, Samir Tounsi, directeur du bureau de l’Agence france presse (AFP) à Kinshasa, a annoncé pour bientôt l’operationalité du service de fact-checking de l’AFP en RDC. Dans son exposé, il est revenu sur l’historique du fact-cheking qui remonte à l’an 2012 en France et signalé son implantation de plus en plus étendue à travers le monde. A l’étape de la table ronde, différents acteurs sociaux ayant l’expérience sur le mode de fonctionnement de Facebook ont édifié l’auditoire sur cette question cruciale de la désinformation.
Le Dr Antoine Okitandjate, chef de projet a, du haut de ses 15 ans d’expérience au ministère de la Santé et de sa capacité de responsable de programme au sein de l’ONG américaine PAF, a relaté comment les infox ont été à la base de beaucoup de décès lors de l’épidémie de la MVE dans la province du Nord-Kivu et l’ancienne province Orientale. S’agissant du rôle de la presse congolaise dans la lutte contre les fake-news, Kasonga Tshilunde, président de l’Union de la Presse du Congo (UNPC) s’est dit confiant en la capacité de ses confrères professionnels des médias congolais de lutter aux côtés de Facebook pour décourager la désinformation. Et ce, à travers, le recours aux sources et la confrontation de celles-ci avant la publication. On peut regretter seulement que Facebook n’ait trouvé comme partenaires en RDC que l’AFP et le réseau des observateurs de France 24, une façon comme une autre d’infantiliser les Congolais.
H.O
TROP DE DESINFORMATION SUR LA TOILE EN RDC : Facebook contre les fake-news
