Lundi 9 septembre 2019, Equity Group Holdings Plc (EGH) a annoncé que son conseil d’administration a approuvé la conclusion d’un accord avec certains actionnaires (les actionnaires vendeurs, en fait) de la Banque commerciale du Congo (BCDC) pour l’achat au comptant d’une participation majoritaire dans l’actionnariat de cette institution bancaire centenaire, la plus vieille de la RDC. Objectif de l’opération : fusionner les activités d’EGH avec celles de sa filiale rd congolaise, Equity Bank Congo.
Traduction: la BCDC pourrait, dans les jours à venir, revêtir l’enseigne Equity … simplement. A Kinshasa où la filiale rd congolaise du géant kényan a plus que fait ses preuves en se substituant sans encombre à l’allemande Pro Crédit Banque, peu doutent de la capacité d’Equity à enlever ce qui est considéré comme un immense pari.
En effet, en juin 2018 cessait d’exister officiellement Pro Crédit Banque, remplacé par Equity Bank Congo SA, sans que la clientèle et l’opinion ne ressentent la moindre secousse consécutive au changement de mains en douceur ainsi concrétisé.
L’opération remontait pourtant à 2015, lorsque le groupe kényan acquérait 86 % du capital de Pro Crédit, apportant un investissement supplémentaire qui a permis de maintenir la majorité des produits proposés jusque-là et d’en ajouter de nouveaux.
Fin 2017, l’apport kényan avait permis de porter le total actif de la banque à 408 millions USD, le portefeuille crédit à 206 millions USD et le portefeuille dépôt à 315 millions USD. Des performances qui ne sont pas inaperçues, à la Banque Africaine de Développement (BAD) notamment, qui avait gratifié Equity du prix de la « Banque africaine de l’année » (mai 2018).
Le banquier kényan, également présent au Rwanda, en Ouganda, en Tanzanie, et au Sud Soudan entre autres, paraît donc plutôt fiable pour mériter de convoler en justes noces avec la BCDC qui jouit en RDC de la réputation de « banque de référence ». Au 31 décembre 2018, elle a réalisé un total bilantaire équivalent à 730 millions USD avec un résultat net après impôts de 8,3 millions USD. La BCDC entretient des succursales notamment dans le Grand Katanga, dans les régions minières de Kolwezi, Likasi et Fungurume. Pour 2019, l’Etat congolais en attendait des dividendes de 964.812,90 USD.
Il y a peu, Pascal Kinduelo Lumbu, le président du Conseil d’administration de la BCDC, estimait que les banques étaient entrées dans «l’ère d’un marketing proactif et du déploiement des offres de produits et services spécifiquement adaptées aux segments de clientèle pour lesquels elles adoptent de nouvelles démarches commerciales. Il y a une dizaine d’années, le secteur de la banque a entamé sa mue et le processus est irréversible. Et les banques qui ne parviendront pas à suivre le mouvement ou qui ne s’adapteront pas aux nouveaux besoins du marché sont appelées à disparaître».
Plus récemment, Pascal Kinduelo, unanimement reconnu comme un vieux routier du secteur bancaire en RDC, assurait que l’Etat s’était entouré des précautions nécessaires avant d’accéder aux offres d’Equity Bank Holdings Plc, dont les ambitions semblent avoir été examinées à la loupe.
En effet, en acquérant la BCDC, EGH pourra accroître sa présence en Afrique tout en fournissant un accès à des services financiers compétitifs et adaptés afin d’améliorer la vie et les moyens de subsistance des populations, tout en apportant une valeur significative aux parties prenantes à l’institution.
A Kinshasa et dans ses succursales régionales rd congolaises, Equity est connu et apprécié pour ses produits en matière de microfinance, si adaptés aux gagne-petits. Le communiqué de EGH du 9 septembre dernier assure que le banquier entend concrétiser sa vision de bâtir la première institution financière d’Afrique subsaharienne, en fournissant des produits et services innovants à ses clients, notamment par l’utilisation efficace de la technologie.
Nul ne devrait s’en plaindre, en RDC.
J.N.