L’Angola va lancer des appels d’offre sur ce qu’il considère comme des «champs pétroliers marginaux» en marge de la conférence Africa Oil & Power prévu début juin 2019 à Luanda. Problème : des pans entiers du plateau continental rd congolais y figurent.
Le fait n’est pas nouveau. C’est plutôt l’attitude des officiels de la RDC qui pose problème. Début février 2019, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’était rendu à Luanda (Angola), où il a eu un entretien à huis clos avec son homologue, Joao Lourenço. Lors du point de presse conjoint, le président angolais a cerné les enjeux économiques entre les deux pays : échanges commerciaux, mines, électrification de plusieurs provinces angolaises dont Cabinda… mais pas un mot sur le pétrole. Côté congolais, Fatshi s’est davantage livré à un plaidoyer pro domo pour démontrer la légitimité de son élection, avant de faire part de sa préoccupation au sujet des expulsions massives, dans des conditions infrahumaines, de ses compatriotes d’Angola. Lui non plus n’a rien dit sur le pétrole ou la frontière maritime entre les deux pays. Quelques semaines avant son élection, un navire pétrolier de Muanda International Oil Company (MIOC) avait été arraisonné par la marine angolaise au motif qu’il cinglait dans les eaux territoriales de ce pays voisin. Pourtant, le ministre des Hydrocarbures, Aimé Ngoy Mukena, était de la délégation des personnalités accompagnant le chef de l’Etat à Luanda. De l’avis des experts, sa présence, aussi importante que celle des ministres des Affaires étrangères, de la Défense, et des Finances, était de nature à clarifier le dossier de la Zone d’Intérêt Commun (ZIC) qui ne date pas d’hier.
Depuis son entrée en fonction mi-2017, le président João Lourenço a mis en œuvre un programme de réformes optimiste qui transforme radicalement la gouvernance du secteur pétrolier et gazier de son pays. Avec l’appui des investisseurs internationaux comme Total et BP, British Petroleum, qui ont d’ailleurs signé d’importants accords pour renforcer leurs activités en Angola ces derniers mois.
Pour présenter le travail accompli par Sonangol et le gouvernement de Luanda pour générer davantage d’investissements dans l’industrie pétrolière et gazière du pays, l’Angola projette une conférence internationale organisée par AfricaOil & Power à Luanda du 4 au 6 juin 2019. Il y sera lancé le fameux appel d’offre des champs marginaux.
Il y a dix ans, Kinshasa avait officiellement annoncé qu’un contrat de partage de production du pétrole avait été conclu avec l’Angola sur la ZIC. Aujourd’hui, on laisse entendre que ça ne fût que supercherie d’État. C’est ce qu’avait déclaré devant les députés, à la faveur d’une question orale, le ministre sortant des Hydrocarbures, Aimé Ngoy Mukena qui s’était inscrit en faux quant à ce contrat de partage de production de pétrole dans la ZIC sur l’Océan Atlantique entre la RDC et l’Angola, démentant ses prédécesseurs Lambert Mende Omalanga et Crispin Atama Tabe. Ce dernier avait même annoncé en 2013 que Sonangol, la société d’État angolaise, et Sonahydroc, son homologue de RDC allaient démarrer la production d’un bloc pétrolier offshore partagé dans les 36 mois. Et que l’Angola et la RDC devaient négocier un nouvel accord de partage de production pour le bloc 14C de la ZIC. Une affaire de plusieurs milliards USD à suivre de très près par les nouvelles autorités gouvernementales à Kinshasa.
POLD LEVI MAWEJA