On n’est pas sorti de l’auberge, dans la plateforme katumbiste dénommée Ensemble pour le Changement. Pas encore, s’agissant des rapports entre le regroupement qui comprend lui-même de nombreux autres ensembles de dimensions relativement importantes (Alternance pour la République, AR ; Groupe des 7, G7 ; Alliance des Mouvements Kongo (AMK) …), et Lamuka, la plateforme électorale qui a soutenu la candidature du DO (Dynamique de l’opposition) Martin Fayulu Madidi à la dernière présidentielle. L’opinion sentait pourtant venir le vent, depuis que des gros calibres de la plateforme s’étaient désolidarisés du groupe de Genève qui avait désigné Martin Fayulu ‘candidat unique’ de l’opposition.. En campagne électorale au Kasai Central, Claudel Lubaya (AMK) et Delly Sessanga (AR) ont tourné casaque et proclamé leur soutien au candidat CACH (Coalition pour le Changement), Félix Tshisekedi. C’était parti pour une cascade de défections qui sont allées crescendo par la suite. Lamuka est mort de sa belle mort aussitôt tournée la page des élections, tranchait le juriste maison, Christophe Lutundula, sur les ondes d’une radio locale au milieu du mois de février. Restaient à redéfinir les contours de l’ex coalition électorale, et avec eux, la position de Moïse Katumbi, le capitaine de ce vaisseau dont il semble perdre le contrôle, vis-à-vis du nouveau président de la République issu de l’opposition.
Manifestement, l’ex gouverneur du Katanga, écartelé entre pro et anti- Fatshi, n’ose pas prendre position au risque de perdre une partie de ses troupes. Qui tirent à hue et à dia, pourtant.
Au sein du G7, le plus important regroupement katumbiste en nombre d’élus, le doyen Gabriel Kyungu n’arrête pas de tirer les draps vers un soutien de Moïse Katumbi à Félix Tshisekedi. En séjour à Kinshasa à la faveur de sa désignation à la tête du bureau provisoire de l’Assemblée Nationale, Kyungu n’a pas loupé la moindre occasion de vanter le rapprochement Katumbi-Tshisekedi. De retour à Lubumbashi où il brigue le fauteuil de président de l’Assemblée provinciale qui le plonge de plein pieds dans les institutions issues des dernières élections (pourtant décrétées illégitimes par Ensemble et Pierre Lumbi !), ‘Baba wa Katanga’ a, lui aussi, tranché net : « moi, je ne suis pas dans l’opposition contre le pouvoir actuel, je ne suis pas sur une liste d’une quelconque opposition », a-t-il déclaré aux médias mercredi 27 février à Lubumbashi. «Je suis dans le combat sur les grands principes, par exemple pour les droits de l’homme, de justice et de paix, ça c’est le combat que je mène, je ne peux pas combattre le pouvoir actuel, je me retrouve dans ce pouvoir-là », affirme ainsi Gabriel Kyungu.
Le doyen des élus nationaux le 30 décembre 2018 n’est pas le seul dans ce cas de figure. A la tête de partis ou regroupements politiques qui comptent des acteurs politiques qui ne manquent pas d’ambition pour différents postes de responsabilité dans les nouvelles institutions de la République, Christophe Lutundula, Claudel Lubaya, Delly Sessanga et même Jean-Claude Mvuemba qui aspire carrément à diriger la province du Kongo-Central ne rêvent eux aussi que d’un rapprochement Katumbi-Fatshi qui arrangerait leurs affaires politiques. C’est dans ce sens qu’il convient sans doute de comprendre les propos de Delly Sessanga qui assurait, le 11 février dernier, que « Moïse Katumbi ne fera pas de l’opposition à Fatshi. Il le laissera travailler pleinement et réussir sa mission ». Même son de cloche de la part d’André-Claudel Lubaya qui assurait un jour plus tard que « Moïse Katumbi n’est pas en opposition à Félix Tshisekedi ».
Tel ne semble pas être le cas de Pierre Lumbi (G7), qui a lu et signé la déclaration politique de la plateforme le 26 février à Kinshasa. Ni, encore moins du bandundois (comme Martin Fayulu !) Olivier Kamitatu qui affirmait dans un posting sur son compte twitter le 27 février que « Ensemble n’entre pas dans la gouvernement issu d’un accord secret ».
Entre les pro et les anti Fatshi, Katumbi semble hésiter.
J.N.