« … hormis l’exigence de rejet de la machine à voter et du nouveau nettoyage du fichier électoral, les forces acquises au changement devraient ouvrir l’œil et le bon, pour savoir à quoi rime la dotation de la CENI en moyens logistiques comparables à ceux d’une entreprise publique, pendant que celles qui ont besoin de ce type de soutien broient du noir ». Telle est la conclusion livrée à l’opinion mercredi 15 août 2018 par un quotidien kinois née au lendemain de la libéralisation de l’espace médiatique par le défunt Maréchal Mobutu en 1990. A l’évidence, Le Phare n’exhorterait pas les forces acquises au changement à l’«insomnie politique» s’il n’était pas lui-même acquis à ce changement. C’est de notoriété publique à Kinshasa et ça dure depuis l’époque de la lutte contre la dictature mobutienne. Il s’agit d’une forme de journalisme de combat, ou, pour dire les choses en termes plus à la mode, du journalisme engagé. Ce qui, en l’espèce, n’a rien de répréhensible en soi. Il n’est pas d’organe de presse à travers le monde qui ne soit pas de gauche, de droite ou même du centre.
Mais lorsqu’à force de prêcher pour sa chapelle on en vient à… inventer les faits – réputés sacrés dans la profession -, même maquillés sous forme interrogative, cela devient du fétichisme. « Il y aurait un agenda caché de positionnement des kits électoraux chez des privés « candidats » aux élections présidentielles, législatives nationales et provinciales, comme c’était le cas en 2006 et 2011, ou quantités de bulletins de vote « pré-remplis étaient découvertes dans des résidences privées ? Que cachent ces avions et véhicules comparables de nature à faire penser à de « chevaux de Troie » du 3ème millénaire destinés à flouer l’électoral congolais ? », avancent nos confrères de l’Avenue Lukusa. C’est tout de même gravissime, parce qu’ils sont bien les seuls à pouvoir affirmer de tels faits non avérés. Où donc, quand et par qui quantité de bulletins de vote auraient-elles été découvertes ? A Kinshasa ou en provinces ? Et pourquoi en faire un secret aujourd’hui, plusieurs années après ? Après tout, il y va de l’intérêt même des fameuses forces acquises au changement que de telles vérités soient portées dans leurs détails à la connaissance de l’opinion pour éviter que les craintes émises ne deviennent réalité en décembre prochain. Agir autrement est le propre des féticheurs africains qui se limitent à accuser ou dénoncer en des termes suffisamment approximatifs pour ne pas se faire prendre au mot. L’astuce est courante en Afrique traditionnelle où le sorcier ou le féticheur évite toujours de se montrer précis et accuse ou dénonce en faisant recours à de généralités. Que chacun de ses interlocuteurs peut interpréter selon ses propres préoccupations du moment, à ses propres risques et périls.
On peut sensément douter que ce fétichisme journalistique avance à quoi que ce soit, et surtout, qu’il induise quelque changement politique que ce soit. Comme tous les fétichismes du monde. Il en serait autrement que les fameuses forces acquises au changement auraient déjà obtenu le changement derrière lequel ils gigotent depuis les années Mobutu de triste mémoire. On ne change pas en prêchant le faux et, dans le cas d’espèce, le néocolonialisme, un fléau humainement inacceptable.
J.N.