Si à Kinshasa les agents de la Miba ont résolu de mettre leurs locaux, dont l’immeuble du 30 juin, en location pour survivre, à Mbuji-Mayi, le vol des gemmes est devenu l’ultime réflexe de survie, même pour les directeurs et autres hauts cadres, confie le DG Albert Mukina.
Fin mai 2018, le directeur-général de la Minière de Bakwanga, Albert Mukina Kande Kande, a eu un entretien avec les membres du bureau de l’Assemblée provinciale du Kasaï-oriental sur la gestion de la MIBA, principale entreprise de l’espace kasaïen.
Albert Mukina s’est défendu de toute megestion et a laissé entendre qu’il a hérité d’une situation chaotique savamment orchestrée par les propres agents et cadres de la Minière. Selon lui, rapporte la presse locale, la gestion ténébreuse de la Minière de Bakwanga a fait de vieux os et s’est ramifiée à tous les niveaux de la hiérarchie, notamment des directeurs généraux, directeurs chefs de service, cadres et travailleurs en complicité avec les grands diamantaires de cette province. Un puissant réseau mafieux opérerait au sein de la MIBA et aurait accès aux locaux saints des saints où sont traitées et stockées les pierres précieuses. La nouvelle direction de la Minière a dû procéder à un véritable chambardement administratif dans l’espoir de juguler la fraude des pierres précieuses. Tous les services ou presque, notamment dans la laverie des diamants ont connu des changements d’animateurs. Hélas, le mal se serait déjà incrusté jusqu’à la racine. Des gemmes seraient ainsi constamment volées, et par conséquent, les statistiques de la production affichent toujours une courbe descendante.
L’autre réseau de fossoyeurs de la Minière de Bakwanga a pour caïds les creuseurs clandestins qui s’adonnant à l’écrémage du gisement au polygone de la MIBA avec le concours des éléments des FARDC et de la PNC commis pourtant à sa sécurisation, a déploré le DG Albert Mukina. Le directeur général de la Minière sollicite le concours et la couverture du bureau de l’Assemblée provinciale pour sauver ce qui peut l’être encore de la MIBA et mettre l’entreprise à l’abri des influences politiques. Il y a encore quelques mois la minière n’avait plus que 3.000 dollars dans son compte et près de 200 carats de diamants Boart, le diamant noir.
Et Pourtant, la MIBA, a soutenu son directeur général, a encore l’opportunité d’accroître sa production à travers l’exploitation de la couche kimberlitique durant une période de 100 ans. Pour lui, la roche kimberlitique est de 45 Kms allant du polygone MIBA à la localité de Tshibwe en territoire de Miabi. Mais il se trouve que dans cette localité, en pleine concession de la MIBA, une entreprise sino-congolaise y opère depuis quelques années, la Sacim, Société Anhuit Congo d’investissement minier. Fruit d’un partenariat entre l’Etat r-dcongolais d’une part, et des privés r-dcongolais et chinois d’autre part, la Société Anhui Congo d’investissements miniers exploite le diamant à Tshibue, avec une production moyenne de 300.000 carats le mois. La Sacim a été exonérée de toute obligation fiscale et douanière depuis 2015, la sino-congolaise devrait normalement commencer à payer cette année, droits, redevances et taxes et impôts à l’Etat, selon le ministère du Portefeuille. Il sied de rappeler que le site minier de Tshibwe a été précédemment a occupé, du temps du régime de l’AFDL-CPP, par la Sengamines, une joint-venture entre la MIBA et des particuliers de diverses nationalités. Selon la Commission de consolidation des statistiques minières 2017, la RDC a exporté, en 2016, quelque 15.559.447,19 carats de diamant contre 15.753.487,33 carats en 2015. Et la part de la Minière n’excède guère les 10%. Pourtant, selon Antwerp World Diamond Center, AWDC, le centre mondial du diamant d’Anvers, le taux global de la production de diamants bruts augmentera cette année encore de 4,8 pour cent l’an. 2018 se distinguerait avec un pic de 169 millions de carats pour une valeur totale d’environ 19,6 milliards de dollars.
Il y a un peu plus de 20 ans encore, la Place diamantaire d’Anvers posait ses estimations sur la production de la MIBA, Minière de Bakwanga, et la production artisanale zaïroise. Hélas, la grande entreprise du Kasaï n’est plus que l’ombre de sa gloriole d’antan. Ce n’est que pour des raisons sociopolitiques que la MIBA échappe, voilà pratiquement 5 ans, à un dépôt de bilan.
POLD LEVI