Le bras de fer entre Bruxelles et Kinshasa n’arrête pas de se bien porter. Après avoir décidé la fermeture de la Maison Schengen, mercredi 24 janvier 2018, Kinshasa a dégainé vendredi 26 par la bouche de Joseph Kabila qui accusé la Belgique de comploter contre son pays. « Nous avons des preuves », avait déclaré à ce sujet le peu disert Chef de l’Etat rd congolais.
A l’annonce de la réorientation de son aide aux vulnérables d’une valeur de de 25 millions d’Euros vers les organisations non gouvernementales. Pour Kinshasa, Bruxelles avait ainsi mis un terme à sa coopération d’Etat à Etat avec son ancienne colonie, et décidé la fermeture de la Maison Schengen, cette sorte de consulat commun des Etats de l’Union Européenne et de la Norvège en matière de délivrance de visas, gérée par le Royaume de Belgique depuis plusieurs années à Kinshasa. En même temps que la suspension des activités de la nouvelle agence de développement belge, Enabel. La riposte semble avoir touché un point névralgique. Lundi dernier, des informations insistances indiquaient que Bruxelles avait décidé le rappel en consultations de son ambassadeur en RD Congo, Bertrand de Crombrugghe.
Combattue par certains compatriotes à son ouverture en 2010, la Maison Schengen a bien fini par être imposée aux rd congolais. Mais sous cap, l’arrangement consulaire n’arrangeait pas les affaires de tout le monde parmi le corps diplomatique accrédité en RD Congo. Les ambassadeurs des pays comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou la Suisse ne voyaient pas d’un œil bienveillant l’érection de cette structure qui permettait aux belges de rationner l’octroi des visas touristiques à destination de leurs pays, les privant ainsi de ressources générées par cette activité économique d’importance.
La Maison Schengen énervait également la susceptibilité de compatriotes qui y voyaient l’aliénation de la souveraineté nationale : « On ne peut pas comprendre qu’un rd congolais invité formellement à une conférence au Danemark, en Italie ou en Allemagne se voie refusé de visa par la Belgique », peste cet activiste des droits de l’homme, victime à répétition de cette forme d’injustice. C’est que les dossiers de demande de visa Schengen étaient traités à Bruxelles par le service des étrangers, des fonctionnaires qui sans avoir jamais mis le pied en RD Congo, plaçaient qui ils voulaient sur des listes noires pour le moins arbitrairement confectionnées, s’avisent-on aujourd’hui. À Kigali, Bujumbura, il n’existe pas de structure consulaire analogue, encore moins à Brazzaville, Lusaka, Maputo, Alger, Nairobi, Harare, Dakar… relève encore cet activiste des droits de l’homme, qui se demande pourquoi un rd congolais devrait recevoir le quitus de Bruxelles pour se rendre au Danemark.
B.B.