D’un objectif de 4,2 %, le taux d’inflation à fin2016 s’est établi à 23,6%. A cela, il sied d’ajouter une érosion de près de 800 millions de dollars de réserves internationales de l’Etat. Il pleuvra des hallebardes à l’Assemblée nationale, lors de la reddition des comptes 2016.
Calculée à partir de l’indice des prix à la consommation, l’inflation est cependant restée à un niveau bas de 1,03 % en 2014 et 0,82 % en 2015, en dépit de la crise mondiale. Curieusement, l’année 2016 s’est caractérisée par une résurgence des tensions inflationnistes sur le marché des biens et services. Les limiers de la Commission des Etudes Statistiques et des Comptes Nationaux (CESCN), se fondant sur des réalisations de la production nationale à fin décembre 2016, situent le PIB, produit intérieur brut, à 2,4 % en 2016, contre 6,9 % en 2015 et 9,5 % en 2014. Et la flambée des prix observée au courant de l’année 2016 est essentiellement due, selon l’Institut National des Statistiques, INS, à des injections de liquidités consécutives à la consommation des économies accumulées auprès du système bancaire pour faire face au déficit budgétaire, à la surenchère sur le prix du ciment suite à l’interdiction momentanée d’importation du ciment gris ainsi qu’aux « … effets d’anticipation dus aux incertitudes sociopolitiques de fin d’année». Qu’est-ce que cela veut bien dire ? Croisons les doigts dans l’attente de plus amples explications des élus du peuple.
De l’avis des experts, l’architecture macroéconomique de la RD Congo s’est subitement écroulée au dernier bimestre 2016, lorsqu’il était acquis que Matata Ponyo devrait finalement quitter le 5, avenue Roi Baudouin, au profit d’une personnalité de l’opposition, conformément à l’Accord politique de la Cité de l’Union africaine, également appelé Accord du 18 octobre 2016. Des experts ont, en effet, noté un trop plein de FC sortis de la BCC, Banque Centrale du Congo, à fin 2016. La masse monétaire en 2016 s’est, en effet, accrue de 21,6 %, contre 9,93 % en 2015, passant de 3.948,0 milliards de FC en 2014 à 4.339,9 milliards de FC en 2015 et à 5.278,0 milliards de FC en 2016.
Naturellement, la parité FC /dollar en a fait les frais. Le taux de change indicatif a, en effet, fluctué en 2015, dans l’intervalle de 924 à 928 FC le dollar américain, dégageant une légère dépréciation de 0,43 % par rapport à 2014, contre une appréciation de 0,10 % une année auparavant.
Bizarrement, au cours de l’année 2016, le marché de change a été caractérisé par une forte dépréciation de la valeur de la monnaie nationale qui a atteint 23,7 % à fin période. Selon le ministère du Budget, cette situation s’explique principalement par l’accroissement des avoirs intérieurs nets qui sont passés de 3.037,8 milliards de FC en 2015 à 4.185,4 milliards de FC en 2016, soit une hausse de 38 %. L’expansion observée a été localisée au niveau du crédit net à l’Etat et des créances au secteur privé. Par ailleurs, l’accroissement des avoirs extérieurs nets des banques commerciales n’a pas empêché le recul de 15,08 % de ceux du système bancaire, qui sont passés de 1.317,9 milliards de FC en 2015 à 1.119,2 milliards de FC en 2016.
Par ailleurs, le niveau des réserves de change s’est situé à 845,4 millions de dollars, représentant 3,7 semaines d’importations. Il convient de rappeler qu’en2015, les réserves internationales étaient de 1.403,6 millions de dollars, représentant 5,8 semaines d’importations des biens et services. Comparé à son niveau de 2014 situé à 1.644,5 millions de dollars, correspondant à une couverture de 7,9 semaines, il s’est observé une baisse de réserves de 799,1 millions de dollars.
POLD LEVI K.M.