Ça y est ! Ceux des observateurs qui assuraient que Kinshasa la capitale de la RD Congo ne demeurerait pas éternellement un paradis cambiste ont eu raison. jeudi 26 octobre 2017 autour de 9 h 00, un braquage spectaculaire a eu lieu en plein centre des affaires, dans la commune urbaine de la Gombe. Qui plus est, non loin de la mairie de Kinshasa, des institutions bancaires et autres installations sécurisées, que l’on sait surveillées de jour comme de nuit par les éléments armés de la police.
Le dispositif sécuritaire ordinaire n’aura pas empêché les bandits d’opérer avec le plus grand calme. Etait visé et atteint, un bureau de change situé sur l’avenue Mpolo, en diagonale du Basilic, un dancing bar. L’avenue Mpolo Maurince, c’est cette perpendiculaire qui part du boulevard du 30 juin en face du siège de la Société Nationale d’Assurances (Sonas) vers l’avenue Kasavubu au départ du siège de la compagnie d’aviation belge Brussels SN.
Des bandits armés venus à bord d’une de ces petites voitures japonaises surnommées « Ketch », ou d’une impressionnante jeep Toyota Fortuner, auraient braqué les employés de la maison de change et réussi à emporter d’importantes sommes d’argent. Les cambistes habituellement postés devant et alentours de la maison de change en ont, eux aussi, eu pour leurs comptes : les bandits ont ramassé les briques de FC étalés sur les tables comme un enseignant qui ramasse les copies de ses élèves retardataires. Sans coup férir.
Seul risque encouru par ces hommes armés mais néanmoins en tenues civiles, quelques rafales dans la direction d’un agent de police de faction dans une maison commerciale non loin du lieu du braquage. Le sergent-major avait commis l’erreur de porter sur lui une AK 47, et échappé à la rafale qui le visait en plongeant derrière une voiture garée là, dont le pare-brise a été fracassée par l’impact des balles tirées par les bandits.
Des témoins rencontrés un peu plus loin vers le boulevard rapportent qu’une avarie a malencontreusement bloqué les braqueurs à la hauteur du boulevard du 30 juin : le véhicule refuse de poursuivre la fuite.
Sans se décourager ni se démonter, les braqueurs braquent, cette fois-ci, un véhicule de transport en commun, un mini-bus de marque Toyota Hiace, avec des passagers à bord. Qui en sortent comme des souris surpris dans une cachette, à la vue d’armes à feu et de la mine peu engageante des bandits prêts à tout. Sauf le chauffeur qui tente de résister mais y renonce aussitôt qu’il a reçu une balle tiré à bout portant sur sa cuisse. « Ils ont pris le temps recharger leur butin et de s’en aller calmement … », raconte un témoin au Maximum.
C’est en ce moment que des rafales d’armes automatiques retentissent dans les parages, répandant une panique sans noms dans une capitale réputée pour son pacifisme. On l’apprendra plus tard des sources sécuritaires, il s’agit de tirs de semonces et de dissuasion d’éléments de la police nationale en faction ci et là autour de la mairie de Kinshasa. Les bandits avaient pris la direction de la route des Poids Lourds qui mène vers l’aéroport, assez peu fréquentée dans l’un de ses sens à cette heure de la journée. Il ne faisait pas plus de 10 heures du matin.
Des témoins cités par des confrères assurent avoir assistés une course-poursuite, exactement comme on en voit dans les films d’aventures sur les écrans de télévision : au volant de la Hiace, une dame intrépide, qui conduisait déjà la Fortuner abandonnée sur le boulevard ; derrière suivait la petite voiture japonaise, avec des complices armés jusqu’aux dents. Et quelques minutes après, des jeeps de la police qui avaient pris les braqueurs en chasse.
Une chasse qui n’a pas duré bien longtemps, au milieu de la journée, jeudi 26 octobre 2017, des sources sécuritaires annonçaient que les bandits avaient été rattrapés sur l’avenue Poids Lourds. Peu avant 10 h 30.
P.L. ET J.N.