Les rebelles ADF sont de retour dans la région de Beni et affrontent les FARDC depuis le week-end dernier. Samedi 7 octobre des individus décrits par des témoins comme des rebelles ADF ont sévi sur l’axe Mbau-Kamango, à plus ou moins 40 km de la ville de Beni, des affrontements à l’arme lourde, manifestement compliqués par le fait que les rebelles avaient abattu des arbres placés ensuite en travers de la route pour retarder la progression des troupes loyalistes, selon des sources militaires rapportées par des agences.
Une dizaine de taxi-motos opérant sur l’axe a été attaquée par ces ADF, selon l’administrateur du territoire de Beni, qui fait état d’une vingtaine de disparus, (22 selon des sources dans la société civile locale. 7 femmes 3 hommes ont réussi à échapper à leurs bourreaux).
Sur les réseaux sociaux, les informations sur l’agression des civils se veulent plus précises encore. Dimanche après-midi, il était fait état d’une dizaine de morts, tous égorgées par des hommes armés, des ADF, selon les rescapés. Il s’agit de John Matulu (DGDA), Kambale Sylvain (DGDA) Paluku (DGDA), Syahetera Sophoni, Kambale Mazaliwa (DGM), Masudi Mulwahali (Service de l’hygiène), Jimmy Kalala (commerçant), Kagheni (commerçant), Bene Paluku Mundala (Motard), Kihuka Byanzira.
Ces nouvelles exactions contre des civils sont survenues après que les affrontements entre Fardc et rebelles ADF pour le contrôle de Madina, important centre de formation rebelle détruit il y a quelques années, dont les activités auraient donc repris.
A Beni, les observateurs et la population vivaient dans la hantise d’un regain d’activisme rebelle depuis l’attaque de la prison de Munzenze, suivi de l’évasion de nombreux détenus dont de dangereux éléments ADF. Vendredi 8 août dernier, Timothée Mukuntu Kiyana, l’avocat général Fardc chargé de l’instruction du dossier des rebelles ADF, avait prévenu les autorités administratives de Beni de l’imminence d’une attaque mai-mai sur la ville, selon des sources dans les médias locaux, qui rapportent qu’un dispositif sécuritaire particulier s’est observé durant le week-end. Les affrontements de Mbau ne sont donc pas une surprise pour les forces loyalistes.
Les nouvelles tueries de Beni surviennent après la publication d’un rapport, un de plus du Groupe d’Etude sur le Congo (GEC), vendredi dernier. Son auteur, Jason Stearns, un ancien onusien converti en « spécialiste ès RD Congo », avance depuis plusieurs années maintenant la thèse d’une participation active d’éléments FARDC dans les tueries à l’arme blanche de Beni. Les dernières accusations de Stearns, qui est en délicatesse avec les services d’immigration et est interdit de séjour en RD Congo, présentaient déjà un officier général FARDC, Akili Mundos, comme auteur de crimes contre les populations civiles de Beni et exigeaient son arrestation et sa condamnation pure et simple. Le rapport paru au début du week-end semble plutôt confirmer des accusations déjà émises par le fameux GEC. Que de nouvelles tueries et des témoignages de rescapés, qui ont formellement identifié les rebelles ADF, mettent à mal.
Lundi 9 octobre, les affrontements avaient repris de plus belle dans la région de Mbau. Au moins un casque bleu onusien a été tué dans une attaque des ADF contre un campement onusien.
J.N.