Concevoir un projet puis construire une maison jusqu´à sa finition est une œuvre titanesque qui peut prendre beaucoup de temps, un travail qui exige énormément d’implication et d’engagement pour que tout soit parfait. Tous les intellectuels (architectes, ingénieurs…) et les ouvriers qui sont à la tâche pour édifier des bâtiments en savent quelque chose. Mais démolir le même édifice érigé avec tant de minutie et au forceps ne nécessite ni les mêmes efforts, ni tout ce beau monde, ni autant d´années pour le construire. Car, avec un engin de démolition un ouvrier plus ou moins spécialisé peut réaliser ce travail de destruction en quelques heures seulement et sans des tonnes de précautions. Construire est donc de loin plus difficile que détruire. Comme le dit une vieille sagesse, “La critique est aisée mais l´art est difficile“.
Nombre d’acteurs qui donnent le plus de la voix dans le débat politique rd congolais surtout dans la diaspora sont semblables à des engins démolisseurs, des vrais Bulldozers. Même sans connaître les gens et leurs idées, sans preuves de leurs allégations et suspicions, ils persistent dans la démolition de leur propre pays et s’octroient pour cela le qualificatif de patriotes, un titre qui, dans leur entendement, se mérite au prorata des insultes grossières assénées au président Kabila sur les réseaux sociaux…
Alors qu’ils se disent défenseurs de la démocratie, ils éprouvent les plus grandes difficultés à entendre, tolérer et accepter une opinion contraire à la leur. Ils ferment les yeux sur toutes les bourdes, les horreurs et les bavures de ceux qui partagent leurs idées, de peur ´être taxés de traîtres, vendus ou corrompus.
Rares sont ceux parmi eux à avoir osé émettre une critique sur le sort réservé à la dépouille mortelle du ‘lider maximo’ de l’UDPS, Etienne Tshisekedi ainsi que les incohérences de son fils et dauphin autoproclamé comme si par une sorte de conformisme, ces partisans acceptent volontairement de faire le vide de raisonnement pour complaire à ceux qui, dans l’ancienne métropole coloniale du Congo, tirent les ficelles pour faire marcher à reculons le train de l’Histoire.
Les néolibéraux belges leur ont demandé de se méfier du « diable » Kabila. Pas question de chercher à se faire une idée par eux-mêmes, à partir de leurs propres analyses. Seule, les formules « prêtes-à-porter » insufflées par des gourous mis en place par les maîtres autoproclamés de notre destin doivent être défendues. Quiconque ne se met pas au garde-à-vous pour acquiescer est « auto-exclu »…
Et pourtant, sous le deuxième République, à partir 1982 date de la création d’un parti qui se défini sans modestie comme « la fille aînée de l’opposition », on avait fait croire au bon peuple que Mobutu Sese Seko était aussi « l´incarnation même du diable sur terre ». Cela a duré en tout et pour tout 14 ans, parce que le 21 novembre 1996 à Nice (France), le numéro 1 de ce parti bombardé aujourd’hui du titre de « père de la démocratie congolaise » s’en est allé faire allégeance au « diable » dans sa tanière du midi de la France en échange du poste de… Premier ministre !
L´histoire congolaise étant un perpétuel recommencement, depuis le 26 janvier 2001, les mêmes ont désigné aux Congolais un nouveau « diable » contre lequel on a jeté cyniquement jeté des jeunes casseurs dans la rue. Après avoir délibérément boudé les élections au motif que des « préalables » aussi irrationnels les uns que les autres n’étaient pas remplis. En 2011 sans que lesdits préalables n’aient été remplis, les champions du boycott de 2006 se sont présentés quand même aux élections. Pour en contester les résultats avant même leur proclamation. Il s´en est suivi un véritable bras de fer sans précédent qui a mis à mal l´impérium. Sans succès avant d’aller à Canossa jusqu´à une forme d’abdication devant le même diable à Venise, Ibiza, Paris, et au Centre Interdiocésain de Kinshasa puis de se livrer à un spectaculaire rétropédalage pour le poste de Premier ministre objet d’une véritable fixation !
Curieusement, ceux qui s’égosillaient pour dénier au Président Joseph Kabila même la nationalité congolaise (« zongisa ye na Rwanda ! »), acceptent de s’asseoir à la même table que lui et essayent au gré de leurs espoirs de lui soutirer sa signature dans une ordonnance de nomination à la tête du gouvernement d’union pour la période préélectorale et électorale. Sans soulever le moindre questionnement de la part de « combattants » formatés des attitudes moutonnières sur cette propension morbide à partager le pouvoir avec le « diable ». Le slogan alternance a disparu et déjà, on a un bœuf sur la langue.
On ferme les yeux face aux pires bourdes du fils qui semble en l’espèce, avoir hérité de l’infaillibilité de son géniteur. Etat de droit, vous avez dit Etat de droit ? Dieu le fils peut aller secrètement négocier le poste de Premier ministre chez le diable voire causer avec lui sans Fatwa du parti. Sans même un début de commencement de recommandation à disposer au moins d’une longue fourchette !
Mais lorsque ses collègues entreprennent au grand jour la même démarche, il pleut sur eux des Fatwa (auto-exclusion) prononcés illico presto.
Du 15 février 1982 à ce jour, cela fait 35 ans que ce jeu de dupes a eu lieu avec son lot de sacrifices économiques et humains d’un grand nombre de Congolais morts ou tombés dans la misère et la pauvreté du fait de la manipulation et des voltefaces sans stratégies de « guides éclairés » qui ont toujours commencé par un semblant de bras de fer excessivement intransigeant pour se terminer par une allégeance corps et biens pour obtenir le poste de Premier ministre et un partage non démocratique, donc de type mafieux, du pouvoir d’Etat.
Et, si ça ne tient pas, on lance des émeutes en faisant croire à l’opinion que c´est le peuple qui réclame cela. Pure manipulation ! Rien à voir avec une opposition démocratique…
Personne ne peut nous dire aujourd’hui ce que les jeunes Congolais ont gagné durant toutes ces années de chienlit programmé en étant utilisés comme chair à canon et boucliers humains pour que X ou Y devienne Premier ministre. Ce n´est certainement pas là un combat d´intérêt national.
En 2011, j’étais encore dans l´opposition et bien qu´étant trop critique (positive) à l’endroit du ‘lider maximo’, j´avais milité pour une candidature unique que nous devions tous soutenir, la sienne. Mais, trop imbu de lui même, il avait dédaigné cette possibilité estimant tout haut qu´il n’avait besoin de conclure aucune alliance politique car il était sûr de l’emporter…
A l’évidence, il y a dans le groupe qui incarne l’opposition pour les néolibéraux belges une fâcheuse tendance à ne pas être capable de faire la différence entre l’intérêt particulier et l’intérêt général.
Ayant été témoin, comme tous les autres Congolais, de ses efforts contre les projets funestes de balkanisation de la RDC, j’ai résolu, pour ma part, en toute liberté, d’apporter mon appui à la démarche de Joseph Kabila et ce, dans un but d’intérêt général, celui de la nation qui courait un véritable danger de disparition dans ses frontières actuelles. Cela ne m’empêche pas de condamner, le cas échéant, tous les dysfonctionnements qui peuvent entraver l’émergence de notre pays. A l´opposé, c’est en vain qu’on chercherait trace de la moindre critique émanant d´un des fervents talibans du camp de l’opposition « messianique » envers les multiples errements de leurs chefs qui sont pour une large part responsables du chaos qui menace la RDC à cause de leur soumission aveugle aux diktats des intérêts étrangers qui lorgnent sur nos potentialités. L’opposition dite radicale devra aussi répondre des retards pris dans la mise en œuvre des efforts de la normalisation et de la stabilisation de l’Etat congolais du fait sa politique mi-figue mi-raisin. La journée en public, ses caciques disent une chose pour tromper le peuple et la nuit, secrètement, ils vont solliciter les faveurs de celui qu’ils qualifient de diable. Cela ne doit pas continuer.
Je suis contre les antivaleurs et n´hésite pas un seul instant à fustiger ceux qui dans toutes les tendances de notre classe politique qui s’y prélassent en sachant bien que dans chaque règle il y a des exceptions. Il serait bon que toutes ces exceptions se liguent contre les adeptes majoritaires des antivaleurs.
Pour ma part, c´est cela le vrai combat.
Jean-Pierre Vununu
CRI DU CŒUR D’UN CONGOLAIS DE LA DIASPORA : Lettre ouverte aux affidés des néolibéraux belges en RDC
