Dans cette éventualité, l’objectif serait de rendre le Président de la République, en plein exercice de son mandat, redevable de son maintien au poste au-delà du 19 décembre 2016 au président du comité des Sages du «Rassemblement», lui-même illégal et illégitime parce que non détenteur du moindre acte légal quant à ses fonctions de chef de file de l’Opposition…
Soixante-six (66) % d’intervenants à l’émission «Répondeur ouvert» de Top Congo Fm se sont prononcés, mardi 29 novembre 2016, favorablement à une rencontre entre Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi, contre 28 % qui n’en voient pas l’utilité. La veille, le 28 novembre donc, Jean-Marc Kabund venait d’animer une conférence de presse au siège de son parti. Du texte distribué à la presse, il a été tiré un extrait significatif : «L’UDPS et le Rassemblement sont d’avis que seul un dialogue inclusif mettant face à face Kabila et ses alliés du camp Tshatshi d’une part, Tshisekedi et le Rassemblement avec leurs alliés, d’autre part, permettra de trouver une solution consensuelle pour la gestion de la période de transition. Cette voie médiane sera trouvée entre l’Accord du 18 octobre et la feuille de route du Rassemblement. Si cette rencontre se déroule avant le 19 décembre, Kabila en fera partie, autrement il ne sera pas concerné. Etant donné qu’il aura béni le pays et le peuple par son départ, le 19 décembre, 2016».
Proposition sincère ou futée ?
Constatons d’abord cette convergence…
Là où Etienne Tshisekedi dit du Dialogue, dans sa feuille de route du 14 février 2015 vraisemblablement jetée aux oubliettes, qu’il est dans l’ADN des Congolais, Joseph Kabila, dans son discours sur l’état de la Nation du 14 décembre de la même année, encourage, «vivement les Congolaises et Congolais à tirer avantage de notre tradition séculaire du dialogue comme mode de règlement des divergences politiques et sociales».
On peut affirmer, à ce stade précis, que la volonté du Dialogue est partagée par les deux personnalités, avec cependant cette différence fondamentale que là où le lider maximo de l’UDPS n’a eu de cesse de réclamer la facilitation internationale, le Raïs s’est voulu pragmatique en misant plutôt sur la fibre patriotique. «…ce n’est pas par la violence que nous réglerons nos divergences. Ce n’est pas non plus des Nations Unies, de l’Orient ou de l’Occident que viendront les solutions à nos problèmes. Mais plutôt de nous-mêmes, et par le dialogue entre des Congolaises et des Congolais…».
Pour rappel, l’Opposition radicale avait réagi violemment à ce discours, considérant que le Chef de l’Etat a fait montre d’ingratitude à l’égard de la communauté internationale. Elle a caressé celle-ci dans le sens du poil, et la finalité sera la fameuse Résolution 2277 préconisant la facilitation de l’Union africaine.
Aujourd’hui, la même Opposition revient à la solution inter-congolaise. D’un côté, elle en appelle bruyamment à la rencontre Kabila-Tshisekedi, tandis que de l’autre, la Cenco redevient fréquentable au point même de faire dire à Félix-Antoine Tshisekedi que : «Ns restons disponibles pour la Cenco». Pourtant, lorsqu’il avait profité de la fête de la Nativité 2015 pour exhorter les forces politiques et sociales congolaises à aller au Dialogue, le Pape a superbement été ignoré par cette même Opposition, de même que le Nonce apostolique et la Cenco !
Droit de vie ou de mort
Il faut dire que l’Udps – qui pilote le «Rassemblement» – traîne comme un boulet à ses pieds sa violence verbale, plus subtile et plus dangereuse que la violence physique.
Pour ne pas remonter au déluge (1990), les prestations successives d’Etienne Tshisekedi depuis l’avènement de Joseph Kabila au pouvoir en janvier 2001, ne sont rien moins que méprisantes. D’abord, Etienne Tshisekedi avait refusé de reconnaître comme tel le nouveau Chef d’Etat. Ensuite, il a ordonné à « son peuple » de le lui amener ligoté. Enfin, il s’est mis à lui contester la nationalité congolaise. Bref, on se souvient peu d’occasions où le lider maximo a eu des propos respectueux l’égard du nouveau Président de la République du pays dont il convoite la magistrature suprême un jour, en principe.
Il s’agit d’une page d’histoire ignorée de bien des jeunes congolais, et c’est normal de leur part de réagir comme ils l’ont fait dans l’émission précitée.
Puisqu’on ne peut pas préjuger d’intentions malveillantes quant à aux nouvelles dispositions psychologiques et morales de l’Udps et de son président, on ne peut qu’encourager Limete dans sa proposition du tête-à-tête « Kabila-Tshisekedi », avec ou sans leurs suites. La question essentielle est plutôt de savoir pour quelle finalité.
D’emblée, on voit mal l’entretien aboutir à la fameuse «Transition sans Kabila», brandie comme un chantage par Marc Kabund lorsqu’il note, dans son texte de conférence, «Si cette rencontre se déroule avant le 19 décembre, Kabila en fera partie, autrement il ne sera pas concerné».
C’est à croire que l’Udps disposerait du droit de vie ou de mort non seulement sur Joseph Kabila, mais également et surtout sur la Constitution de la République dont elle avait d’ailleurs boycotté le référendum en 2005 !
Au fait, ce parti trahit un modus operandi récurent : Mobutu, Mzee L-D. Kabila l’ont appris, un peu à leurs dépens. Chaque fois qu’Etienne Tshisekedi ou son parti annonçait une rencontre avec le chef de l’Etat en fonction, l’événement était précédé de diatribes qui en décourageaient le tenue, opportunément. L’opinion avisée ne l’ignorait pas : c’était pour la consommation populaire et la consommation extérieure, comme on dit, souvent dans un soupir de désespoir.
Si réellement il était légaliste
Seulement voilà : autres temps, autres mœurs, dit-on aussi. Déjà, au stade actuel, on sait que d’un point de vue strictement légal, Etienne Tshisekedi ne représente R-I-E-N, à la différence de Joseph Kabila dont le mandat présidentiel court jusqu’à son remplacement par un autre Président de la République. Elu. Même si le conclave de Bruxelles-Genval lui reconnaît le rôle de chef de l’Opposition historique, aucun acte d’Etat ne l’a encore institué porte-parole de l’Opposition, au regard de la Loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l’opposition politique en République Démocratique du Congo.
S’il est réellement légaliste comme il le prétend, Etienne Tshisekedi devrait se plier aux dispositions pertinentes de cette loi.
Ce dont ceux qui connaissent l’homme et sa propension à marcher sur les dispositions légales qui ne se prêtent pas à ses ambitions politiques doutent sérieusement. Simplement parce qu’il est littéralement hanté, comme son défunt ami le Maréchal Mobutu, de la conviction que tout le monde lui doit tout. Simplement.
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema