L’Hôtel de ville de Kinshasa est en cessation des paiements. La dernière prise en charge des victimes des événements des 19 et 20 septembre aura davantage érodé les réserves de la ville. Un véritable «libulu manzengele », du nom de ce béant nid de poule sur une artère très fréquentée de la capitale. L’Hôtel de ville de Kinshasa accuse de dettes criardes dans quasiment toutes les banques commerciales de la place. Au bas mot, 50 millions de dollars, renseignent des sources.
Il n’est que chez Finca où André Kimbuta ne se serait pas encore endetté. Officiellement, l’Hôtel de ville dit détenir 113 comptes auprès des banques de la place. En réalité, la mairie de la capitale en détiendrait plus de 200 mais aurait résolu de ne pas déclarer plus de 80 comptes dits spéciaux, par ailleurs non accessibles aux comptables publics, pour éviter des saisies. Des banques récupèrent, en effet, leurs crédits à la moindre recette versée par la mairie de la capitale, renseignent nos sources. Qui parlent de dilapidation des crédits obtenus à travers des projets qui se sont avérés de véritables éléphants blancs. Il s’agit notamment de la Retranskin, régie des transports de Kinshasa. Pis, la chaîne des dépenses du gouvernement de la capitale est parsemée de ténébreuses zones d’ombre. Les recettes relevant des industries tabassicoles et brassicoles ont été déjà hypothéquées pour plusieurs années. Par ailleurs, la DGRK, Direction générale des recettes de Kinshasa, ne fait plus recettes. Elle rapportait jusqu’à 2 millions de dollars le mois. Hélas. Quant à la rétrocession attendue du gouvernement central, environ 2 millions de dollars, elle a pratiquement été gelée depuis des lustres.
Par voie de conséquence, le personnel de l’Hôtel de ville accuse 3 à 9 mois d’arriérés des salaires. Et à défaut d’être payés voilà pratiquement 4 mois, la quarantaine des députés provinciaux de Kinshasa, on le sait, a séché l’Assemblée nationale depuis la séance inaugurale de la rentrée de septembre, le 30 du même mois.
L’institution de contrôle de l’action gouvernementale au niveau de la capitale est par ailleurs SDF, sans domicile fixe. Faute d’argent, l’Hôtel de ville n’est plus en mesure de louer une salle dans la ville pour son parlement. Grâce à la coopération, un nouveau siège serait en construction, a-t-on appris. Il ne pourrait être opérationnel qu’après décembre 2016. Difficile donc dans ces conditions pour les députés provinciaux d’interpeller le gouverneur de la ville, André Kimbuta, pour se faire une idée précise sur la banqueroute de l’Hôtel de ville. Exclue aussi, toute possibilité de lancer une motion de défiance contre le gouverville ou l’un de ses ministres ou mandataires. A quelque chose, le malheur est bon.
POLD LEVI