Cela n’arrive pas qu’aux autres, de perdre inopinément un être cher. De cela, la rédaction du Maximum en fait l’expérience douloureuse depuis quelques jours, précisément depuis vendredi 2 septembre 2016 dans la nuit. En apprenant aux petites heures du matin du samedi 3 septembre, que Didier Okende Wetshi, reporter en chef au desk politique, avait rendu l’âme quelques heures plus tôt. De suites d’une crise, comme on dit habituellement à Kinshasa.
En fait, Didier, comme beaucoup l’appelaient affectueusement, avait fini une partie de sa journée : elle consistait en sorte de travaux complémentaires à la parution du journal quelques heures auparavant, des contacts divers avec des interlocuteurs politiques et d’affaires. Retourné à la résidence à Bandal, il s’apprêtait à satisfaire un autre des hobbies, la musique. C’était le jour anniversaire de son ami Reddy Amisi : « Je ne me sens pas bien, mais je m’y rendrai, juste pour prendre deux bières », avait-il expliqué à des frères. En ce moment-là, Didier Okende avait perdu de vue qu’il n’était pas le Maître des circonstances … comme on dit. Parce que quelques heures après, autour de 18 heures ce vendredi 2 septembre, il s’écroulait subitement et se faisait réanimer par son jeune frère présent sur les lieux.
Réanimation d’amateur mais réussie, puisque Didier avait repris ses esprits. Tous ses esprits sauf ceux qui ne dépendent pas de lui. Prié de se rendre dans un centre hospitalier pour des soins appropriés, le journaliste a refusé. Ils lui prendraient trop de temps, assurait-il, et l’empêcheraient de couvrir d’importants événements politiques, dont le dialogue politique inclusif. Un calmant ferait l’affaire avant qu’il ne se rende à son rendez-vous musical, pensait-il. Mais quelques minutes, quelques heures plus tard, Didier s’écroulait de nouveau et ne savait plus se relever. La situation semblait, soudain, autrement plus grave et sérieuse et décidait son jeune frère à l’emmener dans un centre de santé. Ce fut fait, hélas trop tard, sur la route de l’hôpital de Kitambo, Didier Okende Wetshi avait rendu son dernier souffle. Simplement, dramatiquement.
Mais Didier Okende, c’était ça : un homme pour qui sa profession et ses exigences passaient avant-tout. C’est ce qui l’a tué, armes à la main, comme on peut dire de ce confrère qui transpirait la profession qu’il chérissait manifestement plus que tout au monde.
Car, la maladie qui l’a emporté, Didier en était incommodé depuis plusieurs jours. A la rédaction du Maximum, on s’en est rendu compte. A la cité de l’OUA où il représentait le journal, des confrères aussi, sans doute. Jeudi après l’ouverture solennelle des travaux, Didier est rentré tard pour boucler. Le bi-hebdo paraissait le lendemain et l’homme détenait les clés de la manchette du jour. « J’ai eu un malaise, heureusement que je me suis éloigné de la salle pour me soulager, mais ça va maintenant », expliquait-il, souriant du tour qu’il croyait avoir joué à son corps malade. Comme à son habitude, Didier s’est mis au travail : « je dois décrypter les discours importants du jour », décidait-il avait de se mettre au travail. Ce qu’il fut durant de longues heures, après avoir ingurgité ces fameux calmants. Ce n’est que l’édition bouclée qu’il s’est résolu à retourner at home, en compagnie de deux confrères.
C’était ça, l’homme que Le Maximum et ceux qui l’ont connu pleurent depuis samedi dernier : un mordu de la profession comme on en trouve plus. Didier, il fallait l’arrêter pour boucler l’édition. Alors que toute la rédaction était éreintée de fatigue, aux heures tardives de la soirée, Didier quémandait encore un espace pour un dernier papier, « un petit rien », aimait-il à dire. Ce à quoi on lui répliquait : « Il faut savoir s’arrêter pour finir ». Ce dont il ne s’offusquait pas outre mesure : son dernier papier n’est pas publié ? Didier y revient avec moult détails l’édition suivante. C’est tout simple. En attendant, il gavait la rédaction d’anecdotes du jour et de plus anciennes, de son propre cru. Cela se passait après que tous ses papiers transmis qui de droit, il se soit procuré un casse-croûte auquel il convient les dernières confrères pourtant occupés à mettre la dernière main à l’édition. C’était ça, Didier Okende. Il n’est plus.
J.N.
Adieu cher Oncle Didier,
Journaliste passionné comme on en trouve plus
Les membres du Comité éditorial du Maximum ont expérimenté une difficile journée du samedi 3 septembre 2016 ; Ils l’ont débutée avec une nouvelle très triste, la mort de l’un de leurs, Didier Okende Wetshi, chef de la rubrique politique au sein du bihebdomadaire.
Le choc demeure, vif, très vif. D’autant plus que Didier Okende était devenu l’oncle de la Rédaction en raison de liens tribaux et ethniques hérités d’aïeuls, en plus du fait qu’il s’est avéré un journaliste passionné; autant il était permanent et prompt à produire ses papiers de presse, autant il était d’une disponibilité à nul autre pareil, à n’importe quelle heure du jour et de la semaine. Sur ce point, tous à la rédaction étaient d’accord : des pareils, il n’y en avait pas beaucoup. Même à 23 heures, Oncle Didier pouvait pondre des papiers, sa voix déchirait encore à ces heures tardives le silence nocturne pour solliciter une place pour un ou deux papiers supplémentaires à aligner dans les colonnes du Maximum. « Réservez-moi de l’espace pour un papier société, sport…», ne cessait-il de demander à la surprise générale de ses collègues fatigués, qui craignaient que ce travail supplémentaire ne retarde l’heure du retour à la maison.
Soucieux de s’informer à la source, Didier ne rechignait jamais sur ses crédits téléphoniques. Des unités, comme on les appelle, il les bousillait sans compter en téléphonant des sources qu’il comptait parmi les acteurs politiques, de l’opposition comme de la majorité. Ça, l’Oncle Okende savait et adorait bien le faire.
En nous quittant aussi inopinément, Didier Okende prive les nombreux lecteurs du Maximum de sa plume abondante, l’une des meilleures du pays, et dépouille sa rédaction de son affection fraternelle ; lui qui n’hésitait pas à demander pardon pour ses prises de positions au cours de l’une ou l’autre discussion, comme il en pleut dans toutes les rédactions.
La mort ; c’est notre destin à nous tous ; mais, cher Didier, tu nous a précédés assez tôt ! Que ton âme repose en paix !
BASILE B.N
Un Monsieur humble
Je reconnais en Didier Okende un grand Monsieur qui aimait son travail. Mais surtout, un homme humble, malgré l’expérience accumulée due à son âge. Il était ouvert, coopératif, non conflictuel et d’un esprit d’écoute élevé. Que la terre de nos ancêtres lui soit légère !
Rodriguez Kikamba Etsa
Un ami, plutôt qu’un aîné
Didier Okende fut quelqu’un de bon, il aimait beaucoup son travail, n’avait pas de tendance politique affichée. Parmi nous, il se comportait en ami plutôt qu’en aîné en âge ou dans la profession.
Didier, c’est ce journaliste qui adorait associer tout le monde aux discussions qu’il suscitait. Analyste politique remarquable, l’homme était un journaliste passionné de son métier, la nature nous a privé précipitamment de ses talents, de son flair dont nous avions encore énormément besoin.
Il fait partie de ceux qui ont suscité pour nous un grand intérêt en journalisme. Que son âme repose en paix !
Didier MBOKANDJA SHAKO