Transco, Esprits de vie sont des projets louables certes, mais inappropriés dans les prochaines années face aux besoins de locomotion de la capitale, posent des experts. Le déplacement des Kinois se posera avec acuité dans moins de 10 ans, quand la capitale titillera, selon les projections du PNUD, la barre névralgique des 15 millions d’habitants et comptera parmi les mégalopoles les plus peuplés du monde. «Kinshasa vivra des bouchons cauchemardesques comme à Lagos», avertissent des experts.
Selon les estimations de la Primature remontant à 2012 quand le Premier ministre, Matata Ponyo, brossait son plan quinquennal, quelque 4 millions des Kinois se déplacent au quotidien. Voilà pourtant, outre la relance du transport public routier – à l’époque, il s’agissait de relancer STUC et CITY-TRAIN, actuellement en cours de liquidation, et les bus leur destinés initialement ont servi à créer TRANSCO -, le gouvernement a pensé aussi à remettre sur les rails le CFI, Chemin de fer interurbain et à créer le transport fluvial urbain. Hélas, à ce jour, le CFI n’est opérationnel que dans le pan Est de la capitale, de la Gare centrale aux abords de l’aéroport de N’djili en passant par Matete, Riflaert…Alors que le projet inhérent au transport fluvial s’est totalement noyée dans les tiroirs du ministère des Transports et des Voies de communication.
Le transport fluvial permettrait le rapprochement au centre-ville les nouvelles cités qui champignonnent dans la banlieue kinoise (Mimosas, N’sele, etc.,). Le gouvernement envisageait, apprend-on, d’associer les investisseurs privés. Il est vrai que la ville de Kinshasa est parsemée des cours d’eau comme les veines et artères dans un corps humain : N’sele, N’djili, Yolo, Mombele, Kalamu, Gombe, Makelele, Bitshakutshaku…Mais les rivières navigables et dont l’exploitation peut être rentable se comptent du bout du doigt. A ce jour, le transport fluvial se déroule, d’ailleurs, de manière cahin-caha, sur la seule N’djili, au niveau de quartiers 8 et 9. Des pirogues assurent, en effet, le trafic entre N’djili et Matete, Kinsenso et Riflaert. La rivière de N’djili est alors appelée «Mayi ya nkelo».
Il reste pratiquement le fleuve où depuis des lustres le réseau de transport a toujours été intense et dispose d’une grande flotte de barges et de pousseurs de tous types et dimensions. Mais ces unités flottantes relient plutôt la capitale à l’intérieur du pays qu’elles approvisionnent en produits manufacturiers, en dehors bien sûr, du trafic entre Kinshasa et Brazzaville, fort rentable, apprend-on. La principale difficulté pour rendre opérationnel le transport fluvial urbain de masse consisterait, sans doute, à transformer certaines rivières émissaires du fleuve en estuaire et à dégager grand nombre des bateaux et barges qui ont sombré depuis belle lurette le long des quais de la capitale.
Cependant, tout au long du Pool Malebo, de Maluku à Kinsuka, s’alignent des débarcadères qui peuvent servir d’infrastructures pour le développement d’un transport fluvial urbain. Il s’agit notamment de l’ex-Baramoto, Mokonzi Ngbaka, CELZA, Liaki, Grand port, Sicotra, Pointe anglaise, Pointe la Combe…Baie de Ngaliema) et naturellement Le beach, à la Gombe, qui est la principale gare fluviale de Kinshasa. L’on croit rêver, pourtant, il est possible de quitter Maluku et atteindre le centre-ville au bout de quelques minutes via des vedettes. Au lieu de s’enliser dans les embouteillages sur les routes de la capitale. Pourquoi ne pas faire le choix, pour joindre Ngaliema à partir de Kingabwa, entre prendre trois taxis ou une embarcation à l’ex-port de Baramoto jusqu’à Mimosas.
Autre projet, plutôt serpent de mer : le tramway de Kinshasa. En tout cas, il y a peu, l’Hôtel de ville de Kinshasa y croyait ferme. André Kimbuta avait déjà obtenu le plan du projet « Tramway» réalisé par la firme belge Preferails. Mais le gouvernorat n’a pas des moyens de ses ambitions et ne saurait pas lever des fonds sur les places internationales pour ce faire. Pour 2016 par exemple, Kinshasa n’a qu’un budget 450 millions de dollars. Le fonds d’investissements provenant du gouvernement central n’est jamais un acquis. Bien souvent, le gouvernement central en fait ce qu’il veut au nom de l’Hôtel de ville. Et, en vue de matérialiser son plan d’aménagement de la capitale, le fameux SOSAK, l’Hôtel de ville dit avoir besoin des fonds spéciaux de 300 millions de dollars l’an pendant 10 ans. Tenez, il faut rubis sur ongle USD 800 millions pour construire et rendre opérationnel un réseau tramway dans la capitale, foi d’un expert du ministère des Transports et Voies de communication. Le gouvernement central espère lever 800 millions de dollars sur le marché international pour d’autres besoins. Pourtant le gouvernement avait prévu, il y a quelques années, de créer un Fonds national de promotion de transport public financé par le péage de certaines routes nationales et les parkings publics de grandes villes.
Même l’ex-ONATRA a cru au tramway de Kinshasa… au regard de l’intérêt que suscitait le projet auprès des bailleurs des fonds. Notamment des investisseurs indiens qui s’étaient engagés à investir USD 250 millions dans le CFI, Chemin de fer interurbain, dont la relance a d’ailleurs été facilitée par le gouvernement belge avec une enveloppe de 7 millions d’euros. Le tramway fait encore à ce jour figure de parent pauvre. Il sied, en effet, de rappeler qu’en 2009, la SCTP ex-ONATRA avait pris en mains le projet Tramway et annoncé qu’à l’échéance de 2016, Kinshasa compterait 4 lignes de tramway dont Rond -point Victoire-aéroport de N’djili, Rond-point Victoire-Kintambo Magasin. « On devrait avoir 4 lignes de tramway, a fait savoir à la presse l’ingénieur SCTP Tshibangu : rond-point Victoire-aéroport de N’djili, Gare centrale-UPN en passant par Kintambo Magasin, rond-point Victoire-Kintambo Magasin en passant par le rond-point Moulaert à Bandal, Gare centrale-Gare de Matete (pont Matete) en passant par la route des poids lourds. Il faudrait aussi obtenir une ligne rapide spécifique dénommée «Réseau Express Régional» (RER) : Gare centrale-aéroport de N’djili via rond-point Victoire. «Ainsi, non seulement on élargira les routes mais aussi on améliorera l’état des chaussées par la réduction de la pression automobile et on obtiendra une véritable société des transports intercommunaux de Kinshasa. Et, désormais, on aura des routes qui se dégradent de moins en moins et on sauvegardera notre environnement économique», pense Tshibangu. Certes, après le premier semestre 2016, aucun début des travaux sur le réseau tramway n’a été observé quelque part dans la ville. Voilà qui n’irait pas sans casse. Le quartier Matonge, le célébrissime village Molokaï, la Place des Artistes ainsi que nombre d’habitations de la commune de Kalamu pourraient être rasés.
POLD LEVI