Le gouvernement compte disposer, pour l’exercice budgétaire 2016, de quelque 93,3 milliards soit près de USD 100 millions à titre des recettes exceptionnelles. Selon le ministère de l’Economie, cet argent proviendrait du produit des emprunts intérieurs à lever sur le marché interne pour le financement des investissements dans les secteurs porteurs de croissance dont la construction. Et pourtant, l’Etat, encore propriétaire et actionnaire unique de la Sidérurgie de Maluku, aurait dû gagner gros, par ce temps du boom des constructions.
Entre 500 millions et 1 milliard de dollars l’an grâce à la SOSIDER, selon des experts. En d’autres termes, les contributions de la SOSIDER au budget annuel de l’Etat seraient comprises entre ce que versent, mieux, versaient les pétroliers producteurs quand le baril était à près de 100 dollars et la moitié des recettes minières. . Fer à béton, fer plat, fer carré, cornière… tôles galvanisés, tôles pour meubles, tout est, mieux, était censé provenir de Maluku et non de la Chine, Hélas, La sidérurgie de Maluku dispose, en effet, des machines (des laminoirs à chaud et à froid) capables de produire tous les matériaux métalliques de constructions : fer à béton, fer plat, fer carré, cornière… tôles galvanisés, tôles pour meubles.
Que des sous-traitants ne pouvaient-ils pas s’amarrer à la sidérurgie publique? Combien d’emplois réels, quantifiables ne pouvait-on pas créer ? Ça vaut donc quoi le « made in Congo » tant vanté par le ministre Germain Kambinga ? A la suite de la dégringolade du cours mondial du baril de pétrole, l’Etat n’espère plus que 175,8 milliards de FC (environ 200 millions de dollars) en 2016 contre 427,5 milliards de FC (environ 430 millions de dollars) en 2015 soit une régression de 58,9%. Par contre, le boom des constructions va crescendo. Les dépenses de l’Etat, pour 2016, dans la construction, réfection, réhabilitation et addition d’ouvrages et d’édifices sont de l’ordre de 668,9 milliards de FC, soit plus de 700 millions de dollars. Créée au début des années ‘70, grâce à la coopération allemande, la SOSIDER aura coûté à l’Etat une bagatelle somme de 450 millions de dollars. L’Etat doit quelque Usd 13 millions à la sidérurgie à titre de dettes. Il y a à peine 5 ans, les experts estimaient que, 15 millions de dollars suffiraient pour faire tourner en plein régime la sidérurgie de Maluku.
Alors que l’Etat tient manifestement à éteindre sa sidérurgie, il accorde cependant des régimes de faveur aux initiatives privées. Selon nos sources, le groupe Ledya, plutôt spécialisé dans les surgelés, a monté une unité métallurgique depuis quelques années pour fabriquer notamment du fer à bêton. Ledya aurait même bénéficié d’une exonération fiscale totale de 3 ans en vue de décupler sa production. Socimex, Congo Futur ne sont pas en reste. Ils ont aussi monté des unités de fonderie et de chaudronnerie en achetant des mitrailles et tout autre métal pour en faire du fer à béton. Exactement comme font les Indiens ou encore les Chinois aux environs du quartier Funa, à Limeté. Pour autant, la centaine d’agents de la sidérurgie publique ne perdent pas espoir. Certains comme l’ingénieur Kabuya s’estiment fiers d’avoir été formés en Italie, une année avant le démarrage de la sidérurgie. Pour survivre en attendant le miracle de la relance de la SOSIDER, des cadres ont résolu de faire louer des maisons de la compagnie qu’ils occupent, alors que des ouvriers se sont reconvertis en maraîchers.
Jamais le secteur de bâtiment tiré par les privés n’a aussi explosé depuis l’indépendance, selon le Premier ministre, Matata Ponyo. Ce qui sous-entend de bonnes affaires pour les industries locales du secteur des constructions dont la cimenterie et la sidérurgie. Pas du tout. L’Etat n’a même daigné de faire bénéficier à ses propres entreprises les effets du boom des constructions. «Il n’y a pas une volonté politique pour rallumer la sidérurgie», confie M. Kabuya, ingénieur et cadre à la SOSIDER. «Il n’y a que des autorités pour nous dire où nous en sommes…», poursuit-il. L’on se souviendra que l’alors ministre de l’Industrie, Rémy Musungayi, avait solennellement annoncé la date du 25 juillet 2012 pour la relance de la SOSIDER. Rien ne s’est passé. Puis, accompagnée de sa collègue du Portefeuille, Louise Munga, le redémarrage de la SOSIDER a été reprogrammé pour trois mois plus tard, rien n’est venu. Depuis plus rien.
POLD LEVI MAWEJA