A Mbujimayi, capitale de l’ex. province du Kasai Oriental, l’entreprise locale phare, la Minière de Bakwanga (MIBA), se porte de mal en pis. Malgré la promesse du Président de la République, Joseph Kabila, de relancer ses activités. Le Chef de l’Etat s’est, à plus d’une occasion, personnellement impliqué dans la recherche d’un début de solution au problème Miba. Par des interventions financières autant que par des garanties souveraines du Gouvernement Central pour couvrir des prêts bancaires en faveur de la minière. Mais rien n’y fait jusque-là.
Tous les efforts fournis n’ont pas permis de stopper la descente aux enfers de la Miba, en raison à la fois du manque de réalisme des plans de relance proposés que de l’hostilité de ce qui ressemble bien à un lobby d’opérateurs du diamant dans l’ex. Kasai Oriental, qui s’active à dépouiller la minière de sa production et à accélérer son déclin pour se substituer à elle. Les statistiques sur les exportations de diamant d’exploitation « artisanale » (si on peut encore appeler exploitation artisanale celle effectuée à l’aide de puissantes dragues) estimées à quelque 20.000.000 carats/an, qui proviennent des concessions Miba essentiellement, l’attestent.
Deux logiques contraires
Ces deux logiques qui s’affrontent, celle du gouvernement central, qui entend relancer la minière, et celle des opérateurs de diamant, qui multiplient astuces et manœuvres pour dépouiller et se substituer à la minière, expliquent l’énigme Miba aujourd’hui. Force est de constater que les fossoyeurs de la Miba ont la côte aujourd’hui. La montée en puissance de l’exploitation « artisanale » du diamant au profit d’un lobby qui a réussi à phagocyter les structures dirigeantes de la minière et à circonvenir certaines autorités gouvernementales ne fait plus de doute pour certains observateurs. La liquidation de la Minière de Bakwanga est carrément à l’ordre du jour et tient bonne place dans certains agendas.
Un bon vent a traîné jusqu’au Maximum d’intenses échanges épistolaires entre les dirigeants actuels de la minière. Précisément, entre le Président du Conseil d’administration et la commissaire aux comptes ; entre les administrateurs et le Président du Conseil d’administration. Complètement dépassés par les événements, les uns et les autres ne jurent plus que par la convocation d’une assemblée générale pour constater la faillite et cheminer vers la liquidation de la Miba (Fac similés ci-avant). Une perspective aux conséquences sociales et économiques incommensurables pour les populations kasaïennes.
Vers une faillite fallacieuse
On le sait, le sort de la nouvelle province du Kasai Oriental demeure économiquement et socialement lié à la Minière de Bakwanga. C’est la centrale hydroélectrique de Tshala qui alimente la ville de Mbujimayi en eau potable et en électricité. Les structures médicales et d’enseignement de la Miba forment le socle de la vie sociale à Mbujimayi, où la tenue et l’entretien de la voirie urbaine et de certaines routes de desserte agricole dépendent du charroi automobile de la minière. De même que lorsqu’ils sont régulièrement payés, agents et personnels Miba constituent une source sérieuse d’approvisionnement en devises pour l’économie locale. Sans compter de nombreuses PME qui oeuvrent dans la sous-traitance et tirent l’essentiel de leurs activités des prestations fournies à la Miba. Dans ces conditions, la liquidation de la minière équivaudra à condamner les populations locales à un suicide de fait, surtout si elle ne s’accompagne pas de projets de survie économique et sociale alternatives.
A Mbujimayi, tout semble mis en œuvre pour placer tout monde devant le fait accompli. Un plan de mise en faillite de liquidation de la Miba est mis en œuvre de puissants opérateurs miniers, dont le gouv’ du Kasai Oriental, qui téléguident le conseil d’administration de l’entreprise, selon des sources qui se sont confiées au Maximum. Une assemblée générale des actionnaires de la minière (Etat Congolais et Sibeka) est envisagée, qui devrait se tenir incessamment. Nos sources font état de tractations en ce sens entre le commissaire aux comptes et le PCA de la Miba, qui traduisent l’incapacité de l’actuelle direction générale de la minière à proposer un plan d’urgence conséquent.
Cacophonie au sommet de la Miba
Pourtant, un plan de relance de l’entreprise existe bel et bien, qui avait été proposé et avait même connu un début d’exécution, par Hubert Kazadi Mabika, le PDG suspendu de la minière. Les actes de gestion récemment posé par la nouvelle direction a.i. de la Miba incitent à croire que l’homme avait été écarté pour permettre la réalisation de desseins apocalyptiques à la minière. L’ingénieur Kazadi avait négocié un contrat d’amodiation avec une entreprise, Mercure Ressources, qui avait mis à disposition un financement de l’ordre de 4 millions USD. Selon les termes du contrat, l’amodiation concernait le périmètre Miba de la rivière Sankuru et devait se solder par un partage fifty-fifty des revenus découlant de l’exploitation.
Hubert Kazadi défenestré précipitamment, les nouveaux dirigeants de la minière ont conclu un autre contrat d’amodiation avec Sogewycs, une entreprise qui serait la propriété du Gouv’ du Kasai Oriental, Alphonse Ngoy Kasanji, parce qu’elle est dirigée par un membre de sa famille du nom d Hyppolite Mutombo. Coût de cette opération que d’aucuns à Mbujimayi jugent irrégulière et contreproductive : 325. 000 USD, assortis d’un loyer mensuel de 15.000 USD pour une production qui vise à terme le seuil de 18.000 carats/jour. Comparé au contrat d’amodiation proposé par le PDG suspendu, c’est le jour et la nuit. L’affaire a même suscité l’ire d’un des administrateurs faisant office à la direction générale de la Miba. Prospère Ngandu Kayembe s’est révolté contre le fait que ce loyer avait été initialement négocié à 50.000 USD et a refusé d’apposer sa signature sur le contrat Sogewycz (lire fac similé).
Au lieu de produire un plan de relance, le conseil d’administration et les administrateurs de la Miba s’apprêtent plutôt à produire un plan de liquidation à proposer à la prochaine assemblée générale extraordinaire des actionnaires, selon les sources du Maximum. Ce ne sont pas les acquéreurs qui feraient défaut, le lobby de puissants opérateurs de diamant de Mbujimayi n’attendant qu’une occasion pour s’emparer des restes de la Miba. La fameuse Sogewycz en tête.
A la Miba, la situation est à ce point désespérante que entre deux grèves, le personnel ne rêve plus que de la réhabilitation du père du programme de relance avec Mercure, Hubert Kazadi. C’est le seul qui, cela apparaît au grand jour aujourd’hui à leurs yeux, ait jamais tenté d’entrevoir l’avenir de la Miba autrement qu’avec des lunettes de trafiquant de diamants.
Letre-reponse du PCA Miba au Commissaire au Compte (2)
J.N.