Le poste de secrétaire général adjoint n’existant pas, la Décision n°010/UDPS/PP/2018 du 12 mai 2018 est non statutaire… Encore que l’Udps n’est partie prenante ni à la Constitution actuelle ni aux lois «démocratiques» en vigueur votées en son absence au parlement. D’ailleurs, elle ne fait même pas de l’opposition légale aux termes de la loi portant statut de l’opposition politique en République Démocratique du Congo !
Le premier acte de gestion administrative posé par le nouveau président national de l’Udps, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, est d’emblée entaché d’irrégularité : la décision de nomination des cadres supérieurs du parti que sont les secrétaires généraux adjoints (SGA) et les secrétaires nationaux (SN). Déjà, en octobre 2016, avec sa nomination en qualité de secrétaire général adjoint aux côtés du Dr Eteni, de Rose Boyate et de Rubens Mikindo, Félix Antoine Tshilombo avait tiré profit de la violation des statuts par son père : jusque-là secrétaire national aux Relations extérieures (Snre), il avait cédé son poste à un certain Tharcisse Loseke. A l’époque, les nominations avaient été opérées à travers la Décision n°006/UDPS/PP/16 du 14 octobre portant nomination des membres de la Présidence-Exécutif national du Parti. Elle se fondaient sur les statuts du parti, spécialement en ses articles 22-23 alinéas 3-4 et aux articles 25 et 28. La nouvelle décision prise par Fatshi élimine les articles 23 et 28 ainsi que l’alinéa 4 de l’article 23…
Voici ce que disent exactement les articles 22, 23 alinéas 3-4, 25 et 28 de la Décision du 14 octobre 2016 : – article 22 : «La Présidence du Parti, Exécutif National du Parti, est l’organe de représentation, de décision, d’orientation de l’action du Parti, de supervision, et de coordination générale de toutes les activités du Parti» ; – article 23 : «Le (la) Président (e) du Parti est le symbole de l’unité du Parti. A ce titre», selon l’alinéa 3, «Il (elle) supervise et coordonne le fonctionnement des activités du Parti. A ce titre, il est tenu pleinement et régulièrement informé sur les activités de chaque organe et structure du Parti» et selon l’alinéa 4 «Il (elle) nomme, et le cas échéant, relève de leurs fonctions les membres de la Présidence» ; – article 25 : «Le Secrétaire Général centralise toutes les activités de gestion courante du Parti» et ; – article 28 : «La nomination des cadres du Parti doit prendre en compte les critères d’expertise, d’engagement politique, de crédibilité, de disponibilité, de probité morale et ce, dans le respect de l’équilibre national. Elle est décidée en réunion de la Présidence du Parti».
En éliminant les articles 25 et 28, il reste évidemment l’article 22 et l’article 23 extirpé de l’alinéa 3, l’alinéa 4 étant maintenu. Or, à l’article 22, est indiquée la «composition» de l’organe dénommé «Présidence». Cet organe comprend le «Président», le «Secrétaire général», les «Secrétaires nationaux-Chefs de Département» et le «Trésorier général». Mieux, l’alinéa 5 de l’article 23 dit du Président ou de la Présidente du Parti qu’il ou qu’elle «représente le Secrétaire Général du Parti ainsi que les Secrétaires Nationaux, Chefs de Département, à la Convention Démocratie dès l’ouverture de la session suivante».
L’article 25 précise que «Les Secrétaires Nationaux, Chefs de Département, sont respectivement chargés des domaines ci-après : «Organisation» ; «Relations extérieures et Partis Amis» ; «Relations avec les Forces politiques et sociales» et «Trésorerie, Finances et Budget» avant d’ajouter que «Le Règlement Intérieur du Parti détermine la nature, l’étendue et les conditions d’exercice des attributions des fonctions dévolues à chacun des Secrétaires du Parti».
Aucun des 67 articles des statuts de l’Udps ne fait allusion aux secrétaires généraux adjoints. Par contre, la fonction de secrétaire national-Chef de département y est reconnue. Partant, les Secrétaires généraux adjoints n’ont aucune couverture statutaire ni légale à l’UDPS. Il s’agit de Rubens Mukindo, Eteni Longondo, Augustin Kabuya, Marie Tumba, Guy Bao, Rose Boyata et Jean Tezo ont donc été nommé irrégulièrement, même si c’est par le président national de l’UDPS.
L’héritage inscrit dans son ADN
En politique, le respect des textes s’apprend et se pratique de prime abord au sein du parti. Depuis sa création en 1982, l’Udps se singularise certes par un discours qui vante l’État de droit et le respect des textes légaux, mais, paradoxalement, c’est le parti où ne s’applique jamais ou presque ces principes. La paille, il la trouve généralement chez d’autres, surtout du côté du pouvoir, pendant que sa grosse poutre, il la cache d’ailleurs maladroitement.
En ne prenant que ces quinze derniers mois, les preuves abondent.
La première remonte au décès d’Etienne Tshisekedi survenu le 1er février 2017 à Bruxelles. Alors que l’article 26 des statuts dispose clairement qu’”En cas de décès, de démission, d’empêchement définitif, d’expiration de mandat ou d’interdiction d’exercer du Président du Parti, un directoire composé du Président en exercice de la Convention Démocratique du Parti, du Secrétaire Général du Parti et du Président de la Commission Electorale Permanente du Parti assume son intérim pour un délai ne dépassant pas 30 jours au cours duquel il est tenu de convoquer une session extraordinaire du Congrès en vue de l’élection du nouveau Président élu» et précise que «Les décisions pendant l’intérim doivent être prises par consensus», les dirigeants de l’Udps se sont abrité sur les émotions la disparition d’Etienne Tshisekedi pour retarder la convocation du congrès extraordinaire. Ont été évoqués comme prétextes la stature de chef coutumier kasaïen du défunt, l’emplacement et le lieu d’enterrement et la compétence de l’autorité gouvernementale chargée des funérailles. Des critères ne figurent ni dans les statuts, ni dans le Règlement intérieur du parti !
Pourtant, les statuts sont éloquents : la session extraordinaire du congrès a lieu dans les 30 jours après le décès, la démission, l’empêchement définitif, l’expiration du mandat ou l’interdiction d’exercice du président national. L’Udps a attendu 13 mois pour s’y conformer. Du glissement, en fait.
Le parti tshisekediste a même emprunté aux usages du Politburo soviétique : faute de président de la Convention démocratique du parti (Cdp) et de la Commission électorale permanente du parti (Cepp), le secrétaire général s’est arrogé les prérogatives de l’organe compétent pour convoquer le congrès.
La deuxième preuve réside dans le non-fonctionnement de la Cdp et de la Cepp, placés sous éteignoir du vivant même d’Etienne Tshisekedi. Contrairement aux prescrits statutaires. Quels que soient son statut et sa stature, le lider maximo n’avait pas compétence pour décider unilatéralement de l’exclusion des premiers députés élus de l’Udps en 21 ans d’existence du parti. Or, il l’avait fait, et on l’avait applaudi. Six ans après, l’Udps est rattrapée par les turpitudes politiques de son leader dit charismatique, puisque le remplacement de Jean-Pierre Kalamba au poste de rapporteur de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) à l’UDPS passe impérativement par la reconnaissance de l’existence du Groupe parlementaire Udps et Alliés, demeuré actif à l’Assemblée Nationale malgré les révocations des élus sur les listes du parti. Aujourd’hui, Fatshi est bien obligé de prendre officiellement acte de cette existence.
La troisième preuve consiste en ce que depuis sa sortie de la clandestinité en avril 1990, l’Udps , d’abord coprésidée avec Tshisekedi, ensuite présidée par Tshisekedi, s’est spécialisée dans la violation de ses propres textes : exclusion ici, auto-exclusion là, politique de la chaise vide ici et là. Au final, le parti ratera tellement ses rendez-vous avec la gouvernance institutionnelle qu’il n’est partie prenante ni à la Constitution actuelle, ni aux lois qui règlent la vie publique en RD Congo (lois sur les partis politiques et sur les manifestations publiques) votées au parlement.
La quatrième preuve est que l’Udps n’est pas à proprement parler un parti d’opposition pour la bonne et simple raison qu’aux termes du statut de l’Opposition, il faut faire une déclaration d’appartenance à la Majorité ou à l’Opposition. Ce qui n’a jamais été fait par le parti d’Etienne Tshisekedi.
Or, une quinzaine de mois après la mort du père, le fils donne les premiers signaux d’héritage reçu.
C’est le moment de l’interpeller avant qu’il ne soit tard…
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum