Né le 28 décembre 1964 à Kashobwe, en terre bemba, d’un père juif séfarade Italien Nissim Soriano, qui avait fui entre les deux guerres mondiales l’île de Rhodes alors contrôlée par l’Italie fasciste, pour s’établir au Katanga pour y développer un commerce de poissonnerie, et d’une mère de l’ethnie bemba qui jouxte la RDC et la Zambie, d’où les « doutes » sur sa nationalité congolaise qu’il ne devrait, selon ses détracteurs qu’à ses accointances avec son prédécesseur à la tête de la province cuprifère du Katanga Augustin Katumba Mwanke, Moïse Katumbi Chapwe est un riche homme d’affaires qui s’est reconverti dans la politique en 2007 au Congo-Kinshasa. Après ses études primaires au lycée Kiwele de Lubumbashi. Il a poursuivi sa 5e et 6e primaire à l’école primaire Kabukwikwi et dit détenir un « diplôme d’Etat ».
Il a été gouverneur de la province du Katanga de février 2007 au 29 septembre 2015, date à laquelle il démissionne du gouvernorat et du parti au pouvoir, le PPRD.
David Leloup du magazine Marianne a révélé que Katumbi était à la tête d’une discrète société panaméenne créée fin 2006, quelques mois après avoir été élu député national avec le plus grand nombre de voix de préférence grâce à l’appui du PPRD (juillet 2006) pour abriter, dans ce véhicule occulte au nom évocateur, 60 millions de dollars amassés en seulement 18 mois grâce à un deal minier pour le moins suspect. « Un personnage complexe, un équilibriste même… », selon le cinéaste belge Thierry Michel qui lui a consacré deux documentaires.
Campagnes électorales « à l’américaine »
Katumbi alias Soriano, alias D’Agnano affirme à qui veut l’entendre avoir fnancé sur ses campagnes à l’Assemblée nationale et au gouvernorat du Katnaga « sur fonds propres » mais ses pourfendeurs sont d’avis que sans l’appui de Katumba Mwanke, un proche conseiller de Joseph Kabila qui l’avait fait venir de Zambie, il n’aurait jamais été capable d’arracher même un siège de conseiller communal au Katanga. Il est vrai qu’il doit son retour au Congo à Katumba Mwanke, alors gouverneur du Katanga en passe de rejoindre Kinshasa pour exercer les fonctions de membre du Gouvernement central et qu’il a jusqu’en 2015, affiché un soutien indéfectible au président Kabila auquel il doit indéniablement sa fortune accumulée à partir de juillet 2003, après son exil précipité par la chute de Mobutu en 1997.
Exécutions extrajudiciaires
Quand il rentre au Katanga, Moïse Katumbi Chapwe se relance dans les affaires minières via sa société Mining Company Katanga (MCK). En novembre 2004, MCK signe un deal avec Anvil Mining, une société canadienne et se trouve, de ce fait, mêlé à une sale histoire. En effet, des éléments des FARDC, réquisitionnés par cette entreprise furent accusés d’avoir maté dans le sang une révolte à Kilwa, ville portuaire stratégique pour les opérations d’Anvil mining. « Après avoir bombardé la ville, les soldats congolais ont procédé à des exécutions extrajudiciaires, des détentions illégales, des viols, la torture, et le pillage. Ils ont tué plus de 70 personnes », selon le Centre canadien pour la justice internationale (CCJI), un organisme financé par l’ONU qui travaillait avec des victimes et cherchait à traduire en justice les auteurs de crimes impunis. Anvil, dont la mine Dikulushi était située à 50 km de la contre-offensive, a admis avoir fourni un soutien logistique aux FARDC, sous forme de véhicules et de transport aérien.
« Cette complicité avérée d’Anvil à des exécutions sommaires ne semble guère émouvoir Katumbi. Les affaires, c’est les affaires », lit-on dans le reportage de Marianne. Mais quel est donc ce deal signé avec la sulfureuse Anvil ? Grâce, semble-t-il, à ses relations au sein de la Gécamines (société d’Etat qui gère et exploite une grande partie des ressources minières du Katanga), Moïse Katumbi avait obtenu – pour une bouchée de pain – les droits d’exploitation pour 25 ans de trois importants gisements de cuivre et de cobalt (Kinsevere, Tshifufia et Nambulwa) au Nord-Est de Lubumbashi. « Une bouchée de pain d’un million de dollars, certes, mais qui va lui permettre de toucher un fameux jackpot ».
Soixante fois sa mise
En juillet 2007, le projet minier de Kinsevere était valorisé à 683 millions de dollars australiens (435 millions d’euros) par les analystes du bureau d’études australien Euroz Securities. Incapable d’exploiter seul ce gisement, Katumbi avait réussi à revendre ses droits à Anvil. Entre novembre 2005 et mars 2007, sa société MCK cède donc 95% de ces droits d’exploitation au cours de trois transactions confirmées par des communiqués de presse rendus publics par Anvil Mining. L’opération est donc bouclée en mars 2007, exactement au moment où Moïse Katumbi Chapwe « s’offre » la tête de la riche province du Katanga. Elle lui a rapporté 61,3 millions de dollars. Un petit calcul permet d’évaluer qu’il a, ce faisant, réalisé un « bénéfice » représentant soixante fois sa mise. En un an et demi seulement. Coup de maître.
Ramifications au Panama et identité secondaire
Cette opération a-t-elle des ramifications au Panama ? Marianne révèle qu’en date du 13 novembre 2006, Moïse Katumbi Chapwe a créé dans ce paradis fiscal sud-américain, une société offshore dénommée GKMIC S.A., dont il est également le président (voir les statuts de GKMIC. La dénomination de cette société offshore rappelle furieusement la Gécamines, voire la contraction phonétique de Gécamines et MCK. Cette offshore est toujours «vigente» (en vie) aujourd’hui, d’après le registre des sociétés panaméen. De nombreux observateurs sont d’avis que le premier jackpot minier de Katumbi y est toujours logé.
« L’identité qu’a fournie Katumbi aux intermédiaires chargés de créer GKMIC n’est pas exactement celle qu’il utilise d’habitude, à savoir Moïse Katumbi Chapwe. Au Panama, il s’est enregistré sous le nom de Moïse Katumbi d’Agnano », souligne le magazine européen. D’Agnano est une identité ‘secondaire’ que Katumbi utilise dans certains contextes. Pour brouiller les pistes. C’est sous ce nom qu’il apparaît, en décembre 2006, sur un document d’Euroz Securities recensant les vingt premiers actionnaires d’Anvil Mining (une partie de ses droits miniers lui ayant été payée par Anvil sous forme d’actions). Il en est alors un des actionnaires.
Son rival Jean-Claude Muyambo, avec lequel il va se réconcilier en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes, ancien bâtonnier de Lubumbashi et ex-ministre, avait par ailleurs affirmé, en septembre 2013, que Moïse Katumbi avait ouvert un compte sous cette même identité alternative en 2003, à la banque Belgolaise de Bruxelles, ancienne filiale de BNP Paribas Fortis aujourd’hui fermée. Mais l’adresse fournie par Katumbi dans les statuts de GKMIC – 8 avenue Mahenge à Lubumbashi – confirme définitivement, si besoin était, que la panaméenne lui appartenait bel et bien: il s’agit de l’adresse à laquelle sa société de transports routiers Hakuna Matata auquel le gouvernement provincial du Katanga sous sa direction offrira le monopole du transport des minerais de la Gécamines au détriment de la Société Nationale Congolaise des Chemins de Fer est domiciliée…
Les deux autres administrateurs de GKMIC – Ultra Mega Development S.A. et Fairfax Invest Corp. S.A. – sont de discrètes et sulfureuses offshores basées aux îles Vierges britanniques, autre havre d’opacité et de clémence fiscale. Sulfureuses, car ces deux « sociétés de paille » ont été citées en lien avec un homme d’affaires colombien arrêté à Panama en 2008, puis extradé à New York en 2010 pour blanchiment d’argent de la drogue. Il a plaidé coupable.
Le silence du Gouverneur
Résumons. Recours à un paradis fiscal opaque, identité « alternative », prête-noms douteux: la recherche de discrétion par Moïse Katumbi est manifeste. A-t-il créé cette offshore pour mettre fiscalement à l’abri tout ou partie des 61,3 millions de dollars amassés lors de la vente de ses droits d’exploitation miniers. S’agirait-il d’un montage visant à réceptionner discrètement d’éventuels gains illicitement engrangés lors de ses années à la tête de la plus riche province de la République Démocratique du Congo ? En tout cas, il ne s’agit nullement de l’utilisation légale d’un « véhicule offshore », qui aurait dû, être déclaré au fisc congolais, dans le cadre de ses affaires. Interrogé à ce sujet par les fins limiers de Marianne, Katumbi, devenu champion autoproclamé de la bonne gouvernance, n’a donné aucune suite aux multiples sollicitations de la publication à ce sujet.
Depuis 1997, il est le président du Tout Puissant Mazembe, club de football congolais, sacré 5 fois champion d’Afrique et finaliste de la Coupe du monde des clubs en 2010.
Une opposition tonitruante
En 2015, Moïse Katumbi était décrit comme « le deuxième homme le plus puissant en République démocratique du Congo après le président Joseph Kabila ». Il a, depuis, décidé de voler de ses propres ailes et créé avec quelques comparses la coalition de l’opposition baptisée « Le Rassemblement », à Genval, dans la banlieue bruxelloise.
Il est désigné candidat à la présidence par les opposants du G7 en mars 2016, et par les opposants de la minuscule formation politique dénommée « Alternance pour la République » en mai 2016. En octobre 2016, un sondage mené par l’institut Berci, de l’ancien Speaker de l’Assemblée nationale Olivier Kamitatu Etsu place Moïse Katumbi à la première place des intentions de vote dans l’optique de l’élection présidentielle, un classement d’autant plus suspect qu’il fait peu cas de l’icône de l’opposition congolaise alors encore en en vie, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, de loin plus populaire que l’affairiste Italo-Zambio-Congolais et que son auteur, Kamitatu, se voit gratifié quelques semaines plus tard, du poste de porte-parole attitré du candidat Moïse Katumbi Chapwe.
En 2006 et en 2011, Moïse Katumbi, après avoir soutenu la campagne électorale de Joseph Kabila, ce qui lui a valu le poste de gouverneur du Katanga entre 2007 et 2015, il démissionne bruyamment du PPRD et du gouvernorat le 29 septembre 2015 dénonçant par une déclaration publique « les dérives anticonstitutionnelles des dirigeants et le recul de l’État de droit et des libertés individuelles en République Démocratique du Congo ». Il appelle par la même occasion à un large rassemblement républicain et démocratique dans le pays avant d’annoncer depuis l’Europe que « 2016 sera l’année où il y aura la première alternance” en RDC ».
Ses critiques rappellent que dès son arrivée à la tête du Katanga, Moïse Katumbi avait mis en place un véritable système de racket de type mafieux basé sur l’interdiction d’exporter les minerais brut, forçant ainsi les industriels à construire leurs unités de transformation au Katanga, source de débouchés pour des entreprises à sa solde qui ne versaient aucune taxe, ni redevance au Trésor public. En 2010, à la suite de la chute du prix du cuivre et du départ précipité des entreprises minières (principalement chinoises) de la région du Katanga, Moïse Katumbi demande à toutes les entreprises concernées de payer les indemnités de loyer et les taxes dues à la province, sous peine de mettre leurs biens aux enchères.
Il démissionne le 29 septembre 2015 de son poste de gouverneur et du PPRD en dénonçant le non-respect de la constitution par le gouvernement : « tout est mis en œuvre pour ne pas respecter la Constitution », dit-il. Il annonce dans la même déclaration l’organisation de larges concertations citoyennes afin de créer un mouvement républicain et démocratique dans le pays.
Affaire dite des “mercenaires”
En mai 2016, un meeting de Moïse Katumbi à Lubumbashi est réprimé par la police. A cette occasion, un conseiller de sécurité américain, Darryl Lewis est arrêté avec une dizaine d’autres proches de Moïse Katumbi.
Au lendemain de sa déclaration de candidature à la présidence, la résidence de Moïse Katumbi à Lubumbashi est encerclée par les forces de police et de l’Agence Nationale de Renseignement après que le Ministre de la Justice ait ordonné un dossier judiciaire à son encontre en assurant détenir « la preuve documentée que plusieurs anciens militaires américains se trouvent actuellement au Katanga à son service ». Le Ministre de la justice parle du conseiller sécurité, Darryl Lewis. Après une intervention de l’ambassade des Etats-Unis Lewis sera libéré et, de retour aux Etats-Unis, déposera une plainte contre le Ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba et le chef des services congolais d’intelligence Kalev Mutond pour arrestation arbitraire, tortures et traitements inhumains et dégradants. La justice américaine le déboutera et déclarera les deux officiels congolais non coupables de ces faits.
Affaire immobilière “Stoupis”
Un citoyen grec l’accuse de lui avoir spolié sa maison. Moïse Katumbi est condamné à 36 mois de prison et à une amende d’un million de dollars américains, le rendant donc inéligible.
Fin juillet 2016, la juge Présidente du tribunal de Lubumbashi, Chantal Ramazani, est exfiltrée à coups de billets verts vers l’Europe. Pour appuyer sa demande d’asile en France, elle se fend d’une dénonciation dans un courrier de prétendues pressions graves et menaces physiques qu’elle aurait subi du ministre de la justice, de la Présidence de la République, de l’ANR pour faire condamner Moïse Katumbi. Dans un article du Monde daté du 22 septembre 2016, elle explique longuement ces menaces sans convaincre les observateurs au fait des pratiques judiciaires. Mais l’essentiel est ailleurs pour cette dame qui n’a jamais fait mystère de sa volonté de vivre un exil doré en Europe et pour Moïse Katumbi pour qui tout ce qui peut salir peu ou prou l’image de Joseph Kabila, l’homme qui l’empêche de décrocher le “top job” en RDC est toujours bon à prendre.
LE MAXIMUM