Lundi macabre, ce 20 janvier 2021 à Goma. A l’appel d’organisations dites de la société civile dont la Lucha (Lutte pour le changement) et Filimbi (sifflet, en swahili), une journée ville morte devait être observée dans certaines agglomérations du Nord-Kivu. Mais à Goma, la ville morte s’est révélée dangereusement active. Des témoins font état de tirs à l’arme à feu entendus dans certains quartiers du chef-lieu de la province du Nord-Kivu, ainsi que des barricades dressées par des activistes sur certaines artères de la ville, pour empêcher tout mouvement des populations. La journée ville morte organisée pour protester contre les méthodes dictatoriales de l’état de siège instauré fin mai dernier sur toute l’étendue de la province ainsi que la présence de policiers rwandais à Goma s’avérait des plus dictatoriales elle-même, puisqu’elle interdisait par la force tout mouvement des personnes et de leurs biens. Et ce qui devait arriver arriva. Les éléments de la police dépêchés sur les lieux des manifestations pour rétablir l’ordre et la liberté des mouvements des citoyens ont été pris à partie. Des affrontements ont éclaté ci et là, entraînant morts d’hommes et blessures plus ou moins graves. Jusqu’à 13 heures dans l’après-midi de ce lundi 20 décembre, la situation demeurait confuse dans la ville volcanique mise sens dessus sens dessous par des manifestants particulièrement violents.
2 morts et 6 blessés
Selon les autorités militaires et policières, les incidents survenus au cours de la journée ville morte ont fait 2 morts, un policier tué par balles à son poste d’attache à Lukoko (Nyiragongo) et un homme pris par les manifestants pour un militaire, ainsi que 6 blessés par armes blanches dont une blessure grave provoquée par un tir à l’arc. Au cours d’un point de presse, lundi à Goma, le général Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire, et le Commissaire divisionnaire adjoint Aba Van Ang, ont indiqué que le même appel à une journée ville morte avait été observé à Beni et à Butembo sans pour autant dégénérer en violences généralisées comme à Goma. Preuve que l’objectif des organisateurs n’était nullement de protester contre une prétendue présence des policiers rwandais à Goma, du reste démentie samedi 18 décembre par Kinshasa, mais de défier l’état de siège décrété par le président de la République et mis en œuvre par les autorités militaires nommées à la tête de la province.
La Lucha et Filimbi se seront donc rendus responsables de l’organisation d’activités politiques momentanément et légalement proscrites. Même si l’un et l’autre mouvement se prétendent apolitiques et non-violents. Mercredi 22 décembre, les deux organisations se sont fendues d’un communiqué dénonçant «la répression sanglante des manifestations populaires par les forces de l’ordre. Ce qui s’est passé à Goma n’est qu’une conséquence de la politique dictatoriale instaurée par l’état de siège qui ne vise qu’à étouffer la population lui interdisant de s’exprimer alors que cette dernière ne cesse de comptabiliser des morts chaque jour dans son camp. L’état de siège ne doit donc pas être un alibi pour ignorer les revendications de la population et le soumettre dans un état d’asservissement», écrivent la Lucha et Filimbi dans un communiqué transmis aux médias à Kinshasa.
Contre toute autorité étatique
Pourtant, de blessés, il n’y en a eus que parmi les forces de l’ordre et les populations civiles, selon les autorités militaires et policières provinciales chargées de faire observer une mesure exceptionnelle dictée par l’insécurité qui sévit dans la région depuis 3 décennies, malgré l’existence des deux mouvements citoyens. Des organisations subversives, selon certains observateurs qui rappellent que la Lucha et Filimbi comptent parmi les ong subventionnées financièrement par de véritables nébuleuses occidentales animées par des personnages aussi controversées que Georges Soros. S’agissant du prétexte pris la présence de policiers rwandais en RDC, « il faut se demander si la Lucha ne fournit pas des arguments interventionnistes aux éléments armés étrangers en RDC en organisant ce type de manifestation». La Lucha et Filimbi s’étaient fait connaître de l’opinion sous le régime de Joseph Kabila, en organisant des manifestations politiques financées par une représentation occidentale à Kinshasa. Le but poursuivi par ce type d’organisations dites de la société civile consiste, en réalité, à compromettre tout rétablissement de l’autorité de l’Etat sur le territoire national et ainsi, à conforter l’idée d’un Etat failli, chère à certaines puissances occidentales pour justifier leurs politiques en RDC.
LE MAXIMUM