Evêque représentant légal de la congrégation des Assemblées chrétiennes de Kinshasa (ACK) et président controversé du club de football Renaissance du Congo, Pascal Mukuna a défrayé la chronique en claironant son adhésion au Cap pour le Changement (CAP), la plateforme du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi. Avec le prosélytisme tonitruant propre à un néophyte cherchant à prouver son utilité, il s’est répandu dans les médias et réseaux sociaux en propos virulents contre la coalition FCC-CACH créée après les dernières élections générales par le chef de l’Etat en exercice et son prédécesseur Joseph Kabila qui dispose de la majorité parlementaire pour gouverner ensemble le pays. Sur fond d’une campagne intense de prédications et de déclarations médiatiques tapageuses, le clergyman-affairiste et désormais acteur politique a embouché les trompettes de la haine, et de l’incitation à la violence contre Kabila et le FCC. Organisateur avec le chroniqueur de musique Zacharie Bababaswe d’un fantomatique meeting populaire du chef de l’Etat le 24 janvier au cours duquel ils avaient tenté vainement d’attirer le président Tshisekedi pour le pousser à annoncer « sous la pression du peuple » la fin ‘illico presto’ de la coalition FCC-CACH et une dissolution aux conséquences imprévisibles de l’Assemblée nationale, l’homme avait, toute honte bue, invoqué des raisons de sécurité pour le chef de l’Etat du fait de la trop grande affluence des participants pour sauver la face. En fait, il s’agissait d’une pantalonnade dont on sait qu’elle fut purement et simplement refusée par le numéro 1 congolais lui-même. Pour quiconque a suivi sa trajectoire au cours des dernières années, Mukuna est une véritable incarnation de ces nombreuses girouettes virevoltantes qui écument la scène politique rd congolaise. Avant que Joseph Kabila ne confirme officiellement sa décision de respecter la Constitution qui ne lui permettait pas de compétir pour un troisième mandat consécutif à la tête de l’Etat en désignant Emmanuel Ramazani Shadary comme son dauphin, Mukuna avait été un des propagandistes les plus bruyants du Front Commun pour le Congo (FCC).
Girouettes politiques virevoltantes
On rappelle que l’alors ministre du Développement Rural, Justin Bitakwira, un fervent partisan de Kabila, s’était même résolu à quitter l’Eglise catholique à laquelle il appartenait pour élire domicile (spirituel) dans l’ACK du ‘’kabiliste’’ Pascal Mukuna. Bitakwira avait justifié sa décision par le contenu des messages ‘‘pleins d’amour, de paix et de réconciliation’’ de ce dernier qui tranchaient avec les propos empreints de rancœur de la hiérarchie catholique qui entretenaient les querelles susceptibles de fragiliser d’avantage la RDC. Mais à la surprise générale, depuis l’avènement au pouvoir de Fatshi à la suite d’une alternance pacifique due à Joseph Kabila, l’opinion assiste à une volte-face de Pascal Mukuna qui, du jour au lendemain, a jeté aux orties ses homélies appelant à l’unité de tous les Congolais pour se spécialiser dans une hostilité à nul autre pareille entre les principaux protagonistes de l’arène institutionnelle nationale. « On a l’impression que Mukuna a décidé de mettre à profit son appartenance à l’ethnie kasaïenne dont le nouveau président de la République est ressortissant pour se livrer à une agitation opportuniste dans l’espoir d’en tirer quelques retombées financières », s’indigne un fidèle des ACK qui dit avoir pris ses distances à la suite de cette attitude aux antipodes des valeurs spirituelles prêchées par la congrégation. « Il se drape derrière son manteau d’évêque. Mais la bible dans 1 Timothée 3 : 1-7 nous donne les caractéristiques d’un évêque qui doit être irréprochable, sobre, modéré, dans sa conduite, hospitalier et capable de propager la foi par l’exemple et l’enseignement. Il ne doit ni s’adonner au vin, ni à la violence, mais doit être indulgent, pacifique, désintéressé. Qu’il ne soit pas un nouveau converti, de peur qu’enflé d’orgueil il ne tombe sous la tentation dans l’opprobre ou les pièges du diable. Dans les Galates, il est recommandé aux serviteurs de Dieu de produire les fruits de l’esprit que sont l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la fidélité et la tempérance», ajoute la source qui se demande si au regard de la voie qu’il a empruntée, Pascal Mukuna peut encore mériter le titre d’évêque. De la religion à la politique politicienne en passant par le business du football, l’aventure de Pascal Mukuna s’étale orgueilleusement sur les colonnes des journaux et les ondes des médias audiovisuels. Pour justifier ses ondulations, l’intéressé a déclaré qu’en tant que citoyen de la RDC, un pays démocratique où le monde politique est ouvert à tout le monde, il est de son droit de se livrer à cette activité. « Il oublie seulement que la carrière politique est comparable à un sacerdoce et que lorsqu’elle est exercée dans la versatilité, les injures, la calomnie, la facilité des affirmations gratuites de ceux qui cherchent à en faire un fond de gain facile ou la perçoivent comme un simple gagne-pain au détriment d’une certaine spiritualité, c’est toute la société qui en pâtit », estime sous anonymat un professeur de sciences politiques de l’Université de Kinshasa. Qui, parlant de la scène politique encore fragile de la RDC, rappelle les cas de certains pasteurs devenus aujourd’hui des acteurs politiques de premier plan sans déroger aux principes de base de leur engagement religieux, ni user de méthodes aussi ignobles et nauséabonds que ceux de Mukuna. Et cite en exemple le Révérend Godé Mpoy qui, de façon sobre et intelligente, est parvenu sans heurter ses convictions pastorales, à se hisser au perchoir de l’Assemblée provinciale de la ville de Kinshasa. « Mukuna est un kasaïen comme moi, mais son comportement est scandaleux et condamnable. Nous ses frères, devons lui dire la vérité car ainsi que nous l’avons appris de nos parents, ‘’kwambilangana mutudi ki mbulanda kufua’’ (‘’nous dire des vérités, n’est pas synonyme de rompre nos relations’’) », déclare à ce propos un homme d’affaires kasaïen pour qui le représentant légal de l’ACK fait fausse route en s’attaquant de manière aussi grossière et désobligeante au régime précédent auquel il avait, de notoriété publique adhéré en son temps et qui a eu l’élégance de remplir au moins ses promesses de donner à la RDC une allégeance pacifique et civilisée qui force l’admiration de tous même en dehors des frontières nationales.
Et d’ajouter que « si la critique est normale en démocratie, il est important qu’elle soit constructive et je ne pense pas qu’en invectivant M. Kabila et ses partisans et en les menaçant d’on ne sait quelles représailles si jamais ils ne fuyaient pas le pays (sic !), on serve l’intérêt supérieur du peuple congolais qui a besoin de stabilité pour transformer ses potentialités trop longtemps pillés par des forces occultes profitant des conflits incessants de ces dernières décennies ». En effet, plus royaliste que le roi, Pascal Mukuna s’est découvert une vocation de redresseur des torts et se bombe le torse, à l’instar de tous les flatteurs qui pullulent dans les états-majors politiques, cultivant une posture de l’extrémiste intraitable qui connaît mieux que le chef lui-même où se trouve l’intérêt de ce dernier. « Si le chef de l’Etat et son prédécesseur ont tenu à constituer une majorité parlementaire et une coalition gouvernementale que des hurluberlus comme Mukuna combattent bec et ongle pour des intérêts mesquins à travers leurs discours de haine et de division, ce n’est certainement pas par amour pour Félix-Antoine Tshisekedi. Car si d’aventure le chef de l’Etat les suivait, le Congo dont il assume le leadership au plus haut niveau perdrait en stabilité. Il cesserait d’incarner et de symboliser l’unité nationale ainsi que le lui commande la Constitution ». La démocratie et l’Etat de droit qui constituent les socles sur lesquels sont adossées toutes les institutions de la République ne peuvent faire l’économie de la tolérance, du respect de la liberté et de la dignité des citoyens, quels qu’ils soient, des valeurs auxquelles certains semblent toujours imperméables. Mukuna et ses semblables sont certes libres de s’aligner derrière le chef de l’Etat ou toute autre famille politique. Ce qui pose problème, c’est la tendance à jouer au malin de ces manipulateurs qui, dépourvus de toute moralité politique, croient qu’on peut manger à tous les râteliers, pourvu qu’on s’empiffre avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Il n’est pas inutile de mettre en garde ces têtes brûlées et de les rappeler à l’ordre et au bon sens patriotique. Croire qu’on peut se permettre toutes les incongruités parce qu’on est ressortissant du même groupe ethnique que le président de la République est une manière de discréditer celui-ci et de le pousser à la faute. Comme on dit chez nous, il n’y a pas un Congolais qui serait plus Congolais que les autres. ‘’Tudi bakalenga bonso, kakuena udi ule bu tshomba’’ (traduction : ‘’nous sommes tous chefs, nul n’est moins que rien’’). Descendants de Simon Kimbangu, de Patrice-Emery Lumumba et d’Etienne Tshisekedi, nous ne laisseront personne troubler impunément la convivialité, la paix et les Intérêts Nationaux si chèrement acquis le long d’un parcours plein de sacrifices pour des intérêts mesquins. Il est de la plus haute importance que les Hautes Autorités Politiques et Judiciaires en place dans le pays s’efforcent de mettre un terme aux élucubrations de ceux qui comme Mukuna préfèrent frétiller dans la fange du libertinage, de l’incitation et de l’apologie de la haine et de la violence politique. Assez, c’est assez !
S.M. Avec Le Maximum