C’est à travers des scènes de liesse que des fidèles catholiques du diocèse de Tshumbe (Sankuru) ont accueilli la décision du Pape François de remplacer Mgr Nicolas Djomo par un nouvel évêque, Mgr Vincent Tshomba : «Par sa lettre no 4473 du 09 juin 2022, la Nonciature Apostolique en RDC, demande à Son Excellence Mgr Marcel Utembi Tapa, Archevêque de Kisangani et Président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), de porter à votre connaissance que Sa Sainteté le Pape François a accepté la renonciation présentée par Son Excellence Mgr Nicolas Djomo Lola, à la charge du gouvernement pastoral du Diocèse de Tshumbe. En même temps, il a plu au Saint-Père de nommer Son Excellence Mgr Vincent Tshomba Shamba Kotsh, comme nouvel Evêque du Diocèse de Tshumbe. Il était jusqu’à ce jour Evêque Auxiliaire de l’Archidiocèse de Kinshasa», peut-on lire sur le communiqué du secrétaire général de la CENCO, Mgr Donatien Nshole.
L’on annonce par ailleurs que la prise de possession canonique du Siège épiscopal de Tshumbe par Mgr Vincent Tshomba aura lieu dimanche 14 août 2022, veille de l’Assomption à Tshumbe selon un communiqué daté du 13 Juin signé par l’abbé Michaël Shosongo, le secrétaire chancelier du diocèse de Tshumbe.
Le remplacement de Mgr Djomo à la tête du diocèse de Tshumbe est officiellement lié à sa renonciation pour dépassement de l’âge canonique. Dans la communauté des fidèles de ce diocèse, d’aucuns se réjouissent de cette décision au regard de la situation calamiteuse dans laquelle végète le clergé réduit à la débrouillardise pour survivre.
On rappelle à cet effet que, maintes fois, le Saint siège a laissé courir les mandats de prélats en RDC et ailleurs malgré le dépassement de l’âge canonique de l’un ou l’autre évêque. A Tshumbe, le départ de Mgr Djomo, accusé à tort ou à raison d’avoir plus divisé qu’uni l’église-famille de Dieu de ce diocèse, apparaît comme l’occasion d’une renaissance qui ne manquera pas d’influer sur la société globale vu la place qu’occupe l’église catholique dans la province natale de Patrice-Emery Lumumba.
On apprend par ailleurs qu’à cause des intrusions constantes de l’évêque sortant dans les querelles et atavisme communautaires qui traversent le Sankuru, la liste des impétrants transmise par ses soins au Vatican n’a pas été prise en compte, le Pape François ayant préféré puiser l’oiseau rare pour diriger le diocèse plus que centenaire de Tshumbe au sein de l’archidiocèse de Kinshasa.
Au diocèse de Tshumbe, les 25 années d’épiscopat de Mgr Nicolas Djomo qui a remplacé à cette dignité le très regretté Mgr Albert Yungu Tshomba ont été caractérisées par de nombreuses crises, le tout sur fond de scandales financiers et sexuels impliquant des prêtres dont certains ont même fait la prison.
La question que tous se posent à l’heure actuelle à Tshumbe, à quelques encablures de Lumumbaville se résume à savoir ce qu’il en sera sous le nouvel évêque. Plus d’un fidèle catholique s’interrogent avec anxiété sur le mode de gestion des affaires ecclésiastiques qu’adoptera Mgr Vincent Tshomba Shamba pour le plus grand bien du peuple de Dieu qui vit dans les territoires de Lubefu, Katako-Kombe, Lodja ainsi que dans une partie du territoire de Kole dans le Sankuru.
Né à Kinshasa en 1963, le nouvel évêque de Tshumbe qui a fait toute sa carrière hors du Sankuru depuis son ordination sacerdotale en 1990 se rend en terre inconnue, ce qui lui confère en même temps l’avantage d’un regard neuf et neutre sur les sempiternels atavismes de cette région mais l’expose aussi au risque de plonger tête baissée dans la guerre des clans que de mauvaises langues attribuent à l’action partisane de son prédécesseur. «Les privilégiés du système Djomo tenteront sans aucun doute de préserver les avantages acquis durant ses 25 ans d’épiscopat, tandis que les laissés pour compte feront tout pour voir éclore un changement à la tête de ce diocèse», déclare sous anonymat une religieuse contactée sur place. Qui rappelle que «c’est à peine si l’évêque sortant ne concourrait pas lui-même aux différents scrutins électoraux de ces dernières années». Avec une pointe de regret dans la voix, elle précise que l’activisme politique de Mgr Djomo a laissé des plaies béantes. «Puisse Dieu tout puissant inspirer Mgr Vincent, notre nouveau pasteur pour qu’il ait la volonté et la force de nous en guérir et de ramener l’église véritablement au milieu du village», ajoute-t-elle.
Un ancien condisciple de l’évêque honoraire Djommo au Grand séminaire de Kabwe signale à ce sujet qu’au cours de la campagne électorale pour l’élection des gouverneur et vice-gouverneur du Sankuru en 2019, Mgr Djomo avait ouvertement pris partie pour un des deux candidats, en l’occurence Joseph Stéphane Mukumadi qui s’avérera par la suite incapable de poser le moindre acte de gestion positive de cette entité pendant trois ans sans que le prélat n’élève la voix pour le recadrer ou exprimer ses regrets à l’intention de ses ouailles, victimes des bévues de son protégé.
Zoom sur Mgr Vincent Tshomba
Le nouvel évêque Vincent Tshomba Shamba Kotsho est né le 22 janvier 1963 à Kinshasa. Il a étudié la Philosophie au Séminaire Saint Kaggwa (1981-1984) et la Théologie au Grand Séminaire Saint Jean XXIII (1985-1989), également à Kinshasa. Ordonné prêtre le 1er août 1990 pour l’Archidiocèse métropolitain de Kinshasa, il a été :
– 1990-1994 : Vicaire paroissial de Saint- Augustin ;
– 1994-1996 : Vicaire paroissial de Saint André ;
– 1996-2003 : Curé de la paroisse Mama wa Bosawa;
– 1996-1997 : Curé de Saint Frédéric ;
– 2003-2008 : Curé de Saint Marc et Doyen ;
– 2008-2014 : Curé de Saint-Augustin et de Saint Gabriel ;
-2014-2018 : Curé de Saint-Joseph et Doyen ;
– 2018-2020 : Curé de Saint Albert le Grand, Aumônier diocésain de Justice et Paix. Membre du Conseil presbytéral.
C’est en 2020 qu’il a été nommé évêque auxiliaire de Kinshasa.
ALFRED MOTE