Le département du Trésor américain a annoncé le 17 mars 2022 des mesures coercitives contre Alain Goetz, un trafiquant belge d’or et African Gold Refinery (AGR), une raffinerie installée en Ouganda. Ce sujet belge et ses associés sont impliqués dans l’exploitation illégale de l’or pour plusieurs centaines de millions USD/an, dont le «transport illicite fournit des revenus aux groupes armés qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité de la RDC », selon le communiqué publié par Washington.
Goetz et AGR font partie des tentacules qui sucent sans contrepartie les ressources naturelles de la RDC à partir de pays voisins depuis plus de 15 ans. Un rapport du Conseil de sécurité établi en 2009 fait état d’achats de minerais aurifères en provenance des zones congolaises sanctuarisées par les FDLR rwandais et des gropes armés locaux. Le produit de leurs rapines est commercialisé notamment à partir de Dubaï (EAU).
Pignon sur rue
En Ouganda, c’est depuis 2015 que ce Belge a prospéré avec la création du groupe AGR dont il détient 99 % des parts sociales. Le président Museveni lui-même a procédé à l’inauguration de sa raffinerie grâce à laquelle les exportations d’or de Kampala ont atteint 2,2 milliards USD fin 2021, soit plus de 40 % des recettes d’exportations de ce pays voisin de la RDC.
Les spécialistes contactés par nos rédactions estiment que quelques 90 % d’or de la RDC filent ainsi en contrebande vers l’Ouganda et le Rwanda avant d’être raffinés et exportés notamment vers Dubaï.
En 2018, Goetz avait reconnu que AGR raffinait environ 150 kg d’or de la RDC par semaine, soit 8,5 tonnes/an pour une valeur de 496 millions USD. Cette quantité représentait la quasi-totalité des exportations aurifères de l’Ouganda au cours de cette année (10 tonnes évaluées à 515 millions USD).
Bouée de sauvetage
Les sanctions américaines contre Goetz et ses entreprises sont donc une véritable bouée de sauvetage pour la RDC, à l’heure où le métal jaune est en passe de devenir une valeur refuge dans l’économie mondiale en raison de la guerre Russie – OTAN en Ukraine. Cette mesure est dissuasive dans la mesure où elle accroît les difficultés d’AGR, notamment les exportations qui ont tari en 2021. Les tentatives de relance amorcées par Goetz dans la région sont en effet sérieusement entravées par ces sanctions.
Dispositions internes
La RDC n’en est pas pour autant à l’abri des spoliations de ses ressources minières. Les observateurs estiment, en effet, que l’Ouganda, par exemple, compte sur l’entrée de Kinshasa au sein de l’Organisation des Etats de l’Afrique de l’Est pour relancer d’autres formes d’exploitations illégales de ses minerais.
Il revient donc au gouvernement de ne pas dormir sur les lauriers tissés par le Trésor US et de prendre anticipativement des mesures de contrôle et de maîtrise du circuit de ses ressources naturelles.
Affaire à suivre.
LE MAXIMUM
