Entre la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et certaines confessions religieuses, la lune de miel ne dure jamais plus que le temps que vivent les roses. Les conflits sont récurrents. En RDC, même le très catholique abbé Apollinaire Malu-Malu, prêtre du diocèse de Beni Butembo en a fait les frais. Deux fois président de l’institution d’appui à la démocratie, il fut désavoué par une partie de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).
Depuis quelques jours, certains médias font leurs choux gras des rapports conflictuels que le nouveau patron de la centrale électorale de la RDC, Denis Kadima entretiendrait avec les 6 confessions religieuses qui avaient pourtant défié les toutes puissantes églises catholique et protestante en jetant leur dévolu sur sa personne. Des informations qui restent à vérifier.
On fait état en effet des rapports de méfiance et de discorde entre le tout nouveau président de la CENI et ceux qui l’avaient adoubé et qui le soupçonneraient de vouloir se passer d’eux dans le processus de désignation aux différents postes de responsabilité au sein de la centrale électorale.
Accords secrets ?
En cause, des accords de collaboration qui auraient été convenus entre Kadima et les 6 confessions religieuses marraines de sa candidature à la présidence de la CENI. Que le n° 1 de cette institution ne se montrerait pas pressé de mettre en œuvre.
La désignation, toute récente, d’un nouveau secrétaire exécutif national (SEN), sans consultation préalable des 6, figurerait en bonne place parmi les faits reprochés à Denis Kadima. Quelques tabloïds et internautes annoncent déjà qu’en guise de représailles, les 6 confessions religieuses s’apprêteraient à «lâcher» leur protégé. Selon ces sources, il y aurait un malaise dans le chef des têtes couronnées des 6 congrégations qui ne parviennent pas à gober la notion d’indépendance inhérente à la CENI, y compris vis-à-vis des composantes qui ont concourru à la désignation de ses membres, quels qu’ils soient. «L’indépendance n’est pas une notion religieuse», explique non sans ironie au Maximum un pasteur d’une église de réveil sous anonymat fort critique de l’attitude attribuée à ses homologues. «La relation entre Dieu et ses créatures est une relation de dépendance par excellence. On ne peut pas prendre ses libertés avec le Tout Puissant», poursuit-il avec un sourire sarcastique.
Ceci explique-t-il cela ? Les concernés n’osent pas se l’avouer, manifestement. Dans ces conditions, les relations entre les confessions religieuses et la CENI sont fondées sur des prémisses manifestement en dehors des textes légaux régissant la centrale électorale, selon certains observateurs. Parce que la CENI est une institution qui a été décrétée foncièrement indépendante de tous par le constituant. Tenter de subordonner ses prestations fonctionnelles aux confessions religieuses est donc illégal. «Les relations entre les électeurs des membres de la CENI, religieux et acteurs politiques, prennent fin dès qu’ils sont désignés», explique notre source. Qui ajoute qu’on ne peut pas vouloir à la fois une chose (l’indépendance de la CENI) et son contraire (sa dépendance à l’égard des confessions religieuses).
Indépendance erga omnes
Certains parmi les représentants des 6 confessions religieuses qui ont soutenu la candidature de Denis Kadima partagent du reste ce souci d’indépendance de la CENI prescrit par la loi. Dans un communiqué, Mgr Dodo Israël Kamba Balanganay, président de la plateforme, fixe les esprits à cet égard. «Les chefs des confessions religieuses rappellent à l’opinion que la CENI est une institution citoyenne d’appui à la démocratie. A ce titre, elle est librement gérée par les 15 membres qui la composent et sont redevables devant le peuple Congolais, souverain primaire. Et par conséquent, les chefs des confessions religieuses ne participent ni à la gestion ni à la prise des décisions de la CENI et ne réclament aucun privilège particulier», écrit-il. Pour Dodo Kamba, les informations faisant état de frictions autour d’intérêts particuliers entre les confessions religieuses qu’il représente et la CENI sont le fait de personnes désireuses de jeter le discrédit et la confusion dans les esprits.
Dont acte.
LE MAXIMUM