De plus en plus, la démocratie à l’occidentale se réduit à des éléments de langage sans cesse contredits par la réalité. Ce qui n’empêche pas le chef de file des démocraties occidentales, les USA de continuer à égrener des formules à l’emporte-pièce tel un prestidigitateur tirant des kilomètres d’écharpes multicolores de la manche. Mais jusqu’à quand ?
Du 9 au 10 décembre 2021, le président Joe Biden a organisé un sommet virtuel sur la démocratie, qui a réuni plus de 100 de ses homologues à travers le monde, auxquels s’étaient joints des représentants de gouvernements, de la société civile, des médias et du secteur privé.
Il s’agissait de discuter de leurs efforts collectifs en vue de s’attaquer aux menaces qui pèsent aujourd’hui sur les démocraties. Cette prestation a certes permis de constituer une plus large communauté de partenaires engagés dans le renouveau démocratique mondial, notamment à travers la lutte contre la corruption et la défense des droits de l’homme. Biden a déclaré à ce sujet que «le défi de notre époque consiste à démontrer que les démocraties améliorent la vie quotidienne des citoyens et peuvent mieux s’attaquer aux plus grands problèmes du monde grâce à la représentation et au pluralisme. Aucune démocratie n’est parfaite, et nous devons travailler chaque jour pour progresser et obtenir des résultats pour notre peuple. Il l’exige et le mérite».
Le président de la RDC, Félix Tshisekedi a participé à ce sommet en reconnaissance de l’opportunité historique, qui se présente sous son leadership, de renforcer la démocratie dans son pays, d’y améliorer les droits de l’homme, promouvoir la paix et combattre la corruption. Selon lui, «le Congo n’est pas un pays pauvre, mais un pays qui a souffert d’une mauvaise gouvernance. Pour réaliser le vaste potentiel de la RDC, pour tirer pleinement parti de ses richesses minières, de ses ressources énergétiques, de son agriculture et de sa population dynamique, il faut avant tout éliminer la corruption. C’est la préoccupation principale que j’entends lorsque je voyage dans le pays. Même la violence dans l’Est est liée à la corruption et à l’exploitation illégale des ressources naturelles qui finance les groupes armés et les terroristes. Et la lutte contre la corruption est un thème majeur du sommet pour la démocratie».
Problème : l’utilisation du terme «participants» à ce forum était nécessaire car tous ceux qui y ont pris part ne sont pas des États en tant que tels. On a l’impression que la priorité pour le président Biden était d’embêter la Chine. Il a donc invité Taïwan, qui n’est reconnu comme État ni par les Nations unies, ni par les Etats-Unis eux-mêmes.
L’administration Biden s’est par contre abstenue d’inviter la Hongrie, un pays membre de l’Union européenne et de l’OTAN et où, selon certains sondages, l’opposition est en passe de remporter les élections de l’année prochaine tandis que la Pologne, dont le gouvernement est encore moins ‘‘libéral’’ que celui de la Hongrie, a été invitée. Il en est de même de l’Ukraine dont le gouvernement Zelensky a assigné à résidence le chef de l’opposition et fermé plusieurs chaînes de télévision et journaux de l’opposition.
La Turquie, autre membre de l’OTAN, a été écartée de la liste au motif que son président Recep Tayyip Erdogan, est autocrate, mais le 1er ministre indien Narendra Modi qui ne l’est pas moins, a été invité.
Singapour, une démocratie bien arrimée aux États-Unis, n’était pas de la fête à cause probablement du refus de son 1er ministre de participer à une «coalition des démocraties», une entité de type guerre froide visant à lutter contre la Chine, proposée par Biden.
Les «ennemis» des États-Unis comme la Russie, le Venezuela et l’Iran ont naturellement été écartés de la liste des invités, alors qu’ils organisent régulièrement des élections libres.
L’événement est donc tout, sauf une véritable messe démocratique.
C’est plutôt à tout prendre, un spectacle de propagande censé faire la démonstration du «leadership américain».
Cet exercice de propagande n’est même pas destinée à un public étranger. Il vise à réaffirmer aux Américains que leur pays a encore la crédibilité globale qu’il prétend avoir depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
Le système en place depuis le terrassement du fascisme allemand en 1945 paraît tellement fragilisé qu’il ressent le besoin de rouler des mécaniques pour se rassurer lui-même.
Fondamentalement, sur le plan diplomatique, l’objectif de Washington est de mettre en place des «garde-fous» pour éviter que les tensions bilatérales ne dégénèrent en conflit avec les puissances émergeantes que sont la Chine et la Russie. En réalité, toutefois, de tels «garde-fous» constituent une contrainte unilatérale contre ces deux dernières entités.
On se trouve face à un cocktail explosif pouvant engendrer plus de méfiance et d’antagonisme sur la scène internationale car il installe un paradigme semblable à des «transactions à la carte» qui font l’impasse sur une véritable coopération.
Il est clair que ni Beijing, ni Moscou ne se contenteront d’une coexistence aussi erratique, car Taïwan et l’Ukraine sont pour les deux capitales des questions existentielles dont la manipulation inconsidérée finira par aggraver les tensions actuelles.
On a l’impression à cet égard que les États-Unis adoptent la tactique du salami, consistant en des provocations progressives en soumettant ses deux rivaux à un test de résistance. Ils ne cessent en effet de les narguer sur leurs «lignes rouges» pour créer de nouveaux faits sur le terrain.
La plupart des initiatives diplomatiques de l’administration Biden tendent directement ou indirectement à mobiliser les alliés des Etats-Unis pour une éventuelle confrontation avec la Chine et la Russie.
Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part fixé les limites de sa zone de confort dont le caractère est dissuasif. Leur tracé indique bien la nature des intérêts sécuritaires cruciaux de son pays ainsi que les conséquences qui découleraient de leur brutale remise en cause par une dangereuse erreur de calcul.
L’Afrique risque à nouveau d’être le Bouc-émissaire de ce nouveau conflit en gestation au moment où nombre de ses partenariats économiques avec la Chine arrivent à maturité sans que l’Occident ne lui ait proposé mieux.
Les mésaventures du lanceur d’alertes australien Julian Assange révèlent une forte volonté des Etats-Unis de censurer les réseaux sociaux non pas pour lutter contre les «discours de haine», les «fake news» ou la désinformation, mais pour cacher au public le déclin du système néolibéral qui a régi le monde depuis les dernières 76 années qui ont suivi la victoire de GI’s sur les hordes barbares hitlériennes et leurs alliés de l’Axe.
A.M AVEC LE MAXIMUM