C’est finalement ce samedi 13 novembre 2021 que les confessions religieuses mécontentes de la désignation de Denis Kadima à la tête de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), investissent les artères de Kinshasa et de nombreuses autres agglomérations de la RDC. Dans un courrier adressé au Gouverneur de la Ville de Kinshasa le 1er novembre, le CALCC et le MILAPRO, structures officielles d’encadrements des chrétiens des églises catholiques et protes[1]tante, l’informent de la reprogrammation de la « Grande marche pacifique et populaire» en application de l’article 26 de la constitution garantissant la liberté de manifestation, initialement pré[1]vue une semaine plus tôt. «Cette marche par- tira de 4 axes (districts) de notre ville province de Kinshasa pour se terminer au Palais du peuple où un mémorandum sera déposé», lit-on dans cette correspondance. Elle précise également que les structures religieuses ont bénéficié de l’adhésion des structures sociales et politiques, comme pour indiquer que les professionnels du battage des avenues ont été appelés à la rescousse. Mercredi 10 novembre, le CALCC et le MILAPRO ont adressé une correspondance aux administrateurs des 145 territoires de la RDC qu’ils ont informés de l’organisation de manifestations analogues dans leurs entités administratives respectives. Démonstration de force Samedi 13 novembre sera donc une journée de la démonstration de force des catholiques et protestants qui, selon les statistiques contestés par certains du Cardinal Ambongo, représentent 90 % de la population congolaise. Mais aussi le début de l’espèce de guerre sainte décrétée par les prélats contre le pouvoir en place dans leur pays, qui pourrait se traduire par d’incontrôlables affrontements de rues, voire, par une insurrection généralisée. Ce dont ne se cachent pas les princes des églises catholiques et protes[1]tantes de la RDC, parce qu’ils se sont déclarés prêts à recourir à tout moyen légal à leur dis[1]position pour contre[1]carrer la désignation d’un président de commission électorale nationale. Les observateurs notent à cet égard que plusieurs facteurs plaident en faveur de graves conflagrations. A commencer par la simple organisation d’une manifestation populaire à travers les avenues d’une ville agglomération comme Kinshasa, à laquelle l’adjectif «pacifique» ne change rien. Les comportements des masses ne sont pas prévisibles. C’est connu de quiconque s’intéresse à la psychologie des foules depuis des lustres. Prétendre a priori qu’une marche sera «pacifique» relève de l’escroquerie intellectuelle, fait-on observer. La cartographie de la grande marche populaire et pacifique des prélats est à elle seule un véritable défi dans la mesure où les manifestants partent de plusieurs secteurs de la capitale en même temps. Assurer la sécurité des manifestants et des non-manifestants éparpillés à travers Kinshasa est illusoire, d’après nombre d’experts en la matière. Répliques Reste la réplique à cet activisme politique, qui pourrait surgir de n’importe où n’importe quand. La dernière manifestation de rue organisée par La[1]mukaaile Fayulu-Muzito le 16 octobre 2021 en a donné la preuve avec des provocations et des affrontements entre partisans le long du parcours. Un combattant Lamuka aurait trouvé la mort à la suite d’échauffourées à la hauteur de Limete. Tandis qu’un autre, de l’UDPS, aurait été brûlé au 3ème degré à la suite des sévices en forme de collier de pneu brûlé lui infligés. A Kinshasa, le parti au pouvoir et ses al[1]liés de l’Union Sacrée pour la Nation (USN) semblent avoir tenu à faire leur démonstration de force (de rue) en réservant un accueil populaire remarquable du président de la République. De retour d’un séjour qui l’avait retenu à l’étranger durant quelques jours, Félix Tshisekedi a été accueilli, le 4 novembre 2021, par des grappes humaines dé- ployées le long du parcours de son cortège à Kinshasa. Un message destiné aux acteurs politiques de l’opposition selon lequel «nul n’a le monopole de la rue», d’après des analystes. Comme par hasard, des organisations socio-politiques proches du pouvoir ont, elles aussi, programmé des manifestations samedi 13 novembre, dans le dessein évident de défier des prélats décidément très politiques. Dans ces conditions, la journée s’annonce rien moins que houleuse et les forces de l’ordre seront amplement sollicitées.
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