Dimanche 6 novembre n’a pas été un jour ordinaire à Mbujimayi, capitale diamantifère de la RDC et chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental, le fief du président de la République. Pas pour les nombreux fidèles catholiques, ainsi que beaucoup d’autres moins séduits par cette confession religieuse traditionnelle en RDC mais qui ont effectué en nombre le déplacement de la Cathédrale Bonzola, près de la cité Miba. C’était le jour choisi par la branche provinciale du Comité de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo (CALCC) pour organiser une messe d’actions de grâce en faveur de Fatshi, le fils du terroir devenu président de la République depuis début janvier 2019. Dans son homélie intitulée «La prière dans la foi est un puissant outil dans les mains. Elle transforme favorablement le monde d’un croyant, mieux son milieu naturel, lequel est géré par ses dirigeants», Mgr Kasanda, l’ordinaire du lieu, a déclaré: « Nous sommes venus de partout et réunis autour de cet autel pour prier en faveur de notre cher et beau pays, notamment pour la paix à l’Est, pour prier pour le président de la République, chef de l’Etat, prier pour tous ses collaborateurs et hommes politiques, ainsi que pour nos forces armées qui sont aux fronts et prier pour nous-mêmes». Une façon pour ce prince de l’église catholique kasaïenne de prendre du champ par rapport à la contestation cléricale emmenée dans la capitale par certains de ses pairs et de rappeler que le milieu naturel n’est nullement géré par l’église, mais bien par les élites temporelles. Sur pied de la citation biblique qui recommande aux croyants de prier pour les rois (1Tm, 2,1-4), Mgr Kasanda a exhorté les fidèles catholiques de Mbujimayi à la prière en faveur des autorités rd congolaises afin que le peuple puisse mener une vie paisible. Il invite ses ouailles à méditer les paroles du Pape François du 16 septembre 2013, selon lesquelles un bon chrétien participe à la vie politique et prie afin que les politiciens aiment leur peuple et le servent avec humilité avant de paraphraser le Pape St Clément de Rome demandant à Dieu d’«accorder santé, paix, concorde et stabilité aux dirigeants pour qu’ils exercent sans erreur la souveraineté qu’il leur a remise car c’est toi, Maître céleste, roi des siècles, qui donne aux fils des hommes gloire, honneur et pouvoir sur les choses de la terre. Dirige, Seigneur, leur conseil, suivant ce qui est bien, suivant ce qui est agréable à tes yeux, afin qu’en exerçant avec piété, dans la paix et la mansuétude, le pouvoir que tu leur as donné, ils reçoivent tes faveurs». A son auditoire conquis, l’évêque de Mbuji-Mayi a déclaré que «la première des choses que nous chrétiens pouvons offrir aux gouvernants, c’est la prière», avant d’ajouter qu’«un chrétien qui ne prie pas pour les gouvernants n’est pas un bon chrétien». Toute autorité est divine Pas d’appel à marcher contre l’autorité établie. Ni menaces apocalyptiques contre les tenants du pouvoir. A Mbujimayi, l’église catholique exhorte les fidèles à l’amour des autorités, leur unique devoir étant de prier pour elles, afin qu’elles aiment leur peuple et oeuvrent à son bonheur, qui est aussi le bonheur divin. Tout le contraire des oukases entendus à Kinshasa et dans certaines autres parties du pays où l’hostilité envers les chefs d’Etat, quels qu’ils soient, confine à l’affronte[1]ment physique. Les princes de l’église catholique, et leurs nombreux fidèles avec eux, n’émettent manifestement plus sur la même longueur d’ondes.
LE MAXIMUM