Entre Ensemble pour la République de Moïse Katumbi et l’UDPS/Tshisekedi, les relations ne sont plus au beau fixe. Les deux parties donnaient pourtant il y a peu l’impression de convoler en justes noces lorsque les katumbistes soutenaient le nouveau président de la République et prenaient une part active aux institutions issues de l’Union Sacrée de la Nation, nouvelle entente politique mise en place par le président Tshisekedi. Fin janvier 2021, c’est sans trop veiller aux détails que Moïse Katumbi et les siens avaient fait officiellement allégeance à la nouvelle majorité parlementaire, en répondant positivement à l’appel de l’informateur Modeste Bahati Lukwebo. Apparemment sans autre contrepartie que la participation au nouveau gouvernement alors en gestation.
Certes, des rumeurs faisaient état de conditions posées par l’ancien gouverneur du Katanga, prétendant à la présidentielle devant l’Eternel, notamment le poste de speaker de la chambre basse du parlement, mais, réalistes, Katumbi et ses hommes avaient ravalé leurs revendications pour ne pas demeurer en reste de la vague qui menaçait d’emporter tous ceux qui ne s’arrimeraient pas au navire Fatshi-USN.
Manifestement, ce n’était qu’une apparence. Dans le fond, le chairman du TP Mazembe et ses affidés ne renonçaient à rien du tout. Surtout pas aux visées présidentialistes de Katumbi.
La désormais célèbre proposition de loi Tshiani sur le verrouillage de l’accès aux postes de souveraineté est venue crever un abcès qui, de toute façon, attendait d’éclater le moment venu. Interrogé début février dernier sur le soudain accommodement de son parti avec le camp Fatshi, un député national d’Ensemble pour la République assurait au Maximum être conscient que Félix Tshisekedi jouit du soutien sans faille des populations. « Ne pas s’associer à son programme politique risque de nous placer en porte-à-faux avec nos bases respectives. Il faut donc d’abord adhérer. On verra le reste après ». La proposition de loi Tshiani semble donc avoir mis à mal cette stratégie de la patience (et l’hypocrisie ?) des katumbistes. Elle révèle, en tout cas, que le pacte Katumbi-Fatshi était un vaste leurre.
Les derniers incidents en date autour du possible verrouillage de l’accès aux fonctions de souveraineté, c’est ce communiqué rendu public le week-end dernier par des élus se réclamant de la province du Katanga. Qui exigent le retrait pur et simple de la proposition de loi querellée. La nationalité vire ainsi au régionalisme dans une sorte de «touche pas à mon leader provincial» qui ramène à la surface le sceptre du régionalisme tant décrié.
La sortie médiatique des députés se réclamant du Grand Katanga survient après l’appel tonitruant du responsable de la jeunesse du parti katumbiste, Jacky Ndala, à «bouter le feu» partout où se trouveraient les détracteurs de Moïse Katumbi en guise de protestation contre la proposition de loi Tshiani.
J.N