Les perspectives, de voyage vers l’Europe notamment ne sont pas bonnes pour les voyageurs en provenance de la RDC. La propagation alarmante de la version indienne du coronavirus, le Delta, a fait placer la RDC avec 24 autres pays en ‘‘zone rouge’’ en France et en Belgique depuis le 29 juin 2021. Au pays de Félix Tshisekedi, ce variant représenterait 84 % des nouvelles infections. Les Congolais ne peuvent se rendre, en France par exemple, que pour motif impérieux. Et à condition de présenter les résultats négatifs d’un test de dépistage avant d’embarquer, de subir un autre test à l’arrivée et de se soumettre à une quarantaine de 7 à 10 jours.
Les informations en provenance de Kinshasa indiquent que les contaminations oscillent entre de pics de 200 à 400 cas quotidiens. Mardi 6 juillet, le bulletin quotidien publié par les équipes de riposte à la Covid-19 indiquait plus de 139 nouveaux cas confirmés, dont 120 à Kinshasa la capitale, pour un total de 43.019 cas confirmés depuis la déclaration de l’épidémie en mars 2020.
Pire, une rumeur faisant état du décès d’un quinquagénaire le week-end dernier, quelques heures après sa première dose de vaccin, est venue assombrir les espoirs de prévention placés dans les vaccins administrés dans le pays. Une vingtaine de voyageurs porteurs de faux résultats de tests Covid-19 a été interceptée par les services d’hygiène à l’aéroport international de Ndjili à Kinshasa. Ils étaient en partance pour Bunia dans la province de l’Ituri.
Mardi 6 juillet, le ministère de la Santé s’est ostensiblement tourné vers le vaccin russe Sputnik, de distribution gratuite (au moins pour les premières livraisons). La vice-ministre, Véronique Kilumba, s’est entretenue sur le sujet avec Jean Ruiz, représentant de la Russie en RDC. Il ressort de leur entretien que le pays de Vladimir Poutine est disposé à accompagner le gouvernement congolais dans sa campagne de vaccination anti-Covid-19. En Afrique, le vaccin russe est déjà livré au Nigéria, en RCA, au Cameroun, et en Côte d’Ivoire. En RDC, l’introduction du Sputnik V pourrait booster une campagne de vaccination à l’AstraZeneca (version indienne) qui n’a enregistré que 68.155 personnes vaccinées dont 66.562 pour la première dose et 1.593 pour la seconde zone, en tout et pour tout.
La fulgurante propagation du variant Delta de la Covid-19 en Afrique en général et en RDC en particulier survient au moment où l’OMS attire l’attention sur le Lambda, une nouvelle souche venue d’Amérique du Sud, classé depuis peu comme «le variant à suivre ». Caractérisé par des «mutations inhabituelles », ce variant sévit déjà dans 29 pays au monde, dont le Royaume Uni. Il a été détecté pour la première fois au Pérou en décembre dernier.
Avant que le variant Delta ne se signale à l’attention du monde, d’autres souches du virus comme Epsilon ou Lambda préoccupaient les autorités, particulièrement en France.
Il est loin le temps où on ne parlait que de la souche originelle du Coronavirus apparue à la fin de l’année 2019 à Wuhan, en Chine. Depuis, ce sont bien davantage ses variants qui touchent la population mondiale, à commencer par celui qui est originaire d’Inde : le Delta – beaucoup plus transmissible – mais aussi les variants britannique (Alpha) et brésilien (Gamma). Le premier surtout inquiète les autorités françaises (mais aussi russes, israéliennes et ougandaises). Le Delta est en effet majoritaire dans trois régions de l’Hexagone : Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Mais deux autres souches classées dans la catégorie «à suivre» commencent à retenir l’attention de l’Organisation mondiale de la santé. Le variant Lambda est présent dans une trentaine de pays. Au Pérou (où il a été détecté en août 2020), il est même responsable de 82 % des cas positifs et de 30 % au Chili, selon l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), relayée par Euronews. « Avec 187.000 morts et les taux de mortalité les plus élevés au monde, nous sommes le pays qui a le plus lutté face au coronavirus. Par conséquent, il n’est probablement pas étonnant que le nouveau variant ait fait ses débuts ici», affirme à DW News le virologue Pablo Tsukayama qui travaille à l’université Cayetano Heredia de Lima.
Le Pérou submergé
Le caractère atypique de ce variant déconcerte les scientifiques. « L’une des raisons pour lesquelles il est difficile de comprendre la menace de Lambda […] est qu’il présente un ensemble de mutations plutôt inhabituel, par rapport à d’autres variants », explique Jeff Barrett, le directeur de la Covid-19 Genomics Initiative au Wellcome Sanger Institute au Royaume-Uni, cité par Skynews.
Au sujet de l’efficacité des vaccins sur ce variant plus contagieux, il semble que les vaccins ARN, comme Moderna et Pfizer, soient mieux rodés pour lui résister. Et, bonne nouvelle, «il n’y a pas de preuve qu’il est plus agressif que les autres variants», renchérit Jairo Méndez Rico, conseiller sur les infections virales émergentes à l’Organisation panaméricaine de la santé au Financial Times.
Des anticorps moins efficaces contre
Epsilon
Quant au variant Epsilon (à l’origine baptisé variant californien), ses premiers échantillons ont été recueillis en mars 2020 aux États-Unis. S’il n’est à priori pas plus contagieux que les autres souches, les scientifiques ont malheureusement noté une réduction de 2 à 3,5 fois des capacités neutralisantes des vaccins ARN à son contact. En d’autres termes, Epsilon serait plus résistant aux anticorps produits par les personnes vaccinées. On l’observe essentiellement aux États-Unis mais sa présence en Europe a déjà été signalée. En France, une dizaine de cas lui seraient imputables.
Couplées avec le variant Delta, ces deux souches inquiéteraient l’Élysée qui veut à tout prix éviter une quatrième vague à l’automne 2021. C’est pourquoi le Conseil de défense se réunira ce mercredi 7 juillet pour faire le point sur la situation. Comme le précise BFMTV, la question d’un renforcement des frontières pourrait faire partie des points étudiés.
LE MAXIMUM
COVID-19/ VARIANT DELTA : Ciel sombre pour voyageurs en RDC
