Le patron de la riposte à la pandémie de Covid-19, l’épidémiologiste Jean-Jacques Muyembe Tamfun a repris du service après une période d’indisponibilité.
Il avait, en effet, été déclaré positif au coronavirus et interné au centre hospitalier Monkole. Des soins appropriés et quelques 10 jours de convalescence l’ont remis d’aplomb, à en juger par ce tweet de ‘’remerciements’’ à l’endroit d’internautes moqueurs qui se sont permis de gloser sur son état de santé.
Le retour aux affaires du célèbre directeur de l’Institut national de la recherche biologique de Kinshasa (INRB) intervient au plus fort de la recrudescence des contaminations en RDC. Le rapport épidémiologie quotidien publié par l’équipe de la riposte renseigne qu’au dimanche 4 juillet 2021, le cumul des cas confirmés s’élevait à 42.617 depuis la déclaration de l’épidémie en mars 2020. Pour la seule journée de dimanche, 436 nouveaux cas confirmés ont été signalés, dont 237 pour la seule ville de Kinshasa. La pandémie a, de surcroit, inscrit une nouvelle province au tableau de chasse de sa propagation : le Sankuru, jusque-là épargné, qui affiche désormais 3 cas confirmés. Au total, 962 personnes sont décédées du coronavirus en RDC, contre 28.523 guérisons, selon le même rapport.
Statistiques
Pour d’aucuns, ces statistiques n’ont pas la fiabilité requise et pourraient être minorées. Ce que reconnaît le professeur Muyembe. Impayée durant plus d’un trimestre, l’équipe de la riposte et les structures mises en place pour faire face à la propagation de la pandémie avaient baissé les bras, découragées. Certes, après le ministre MLC de la Santé, Jean-Jacques Mbungani, le président de la République a confirmé la libération progressive des salaires et primes des prestataires anti-Covid-19 le week-end dernier. Rien n’indique cependant que tout va déjà pour le mieux à ce sujet alors que la troisième vague de la pandémie frappe de plein fouet la RDC et le continent africain.
La tâche qui attend Muyembe Tamfun est donc rien moins que titanesque.
Malade, l’épidémiologiste congolais en chef n’aurait eu la vie sauve qu’en s’acquittant des frais de soins de l’ordre de quelques 3.000 USD, un montant qui n’est pas à la portée du Congolais lambda. C’est Muyembe lui-même qui l’a révélé aux médias. Comme pour rappeler au gouvernement son engagement d’assurer la gratuité des soins anti-Covid-19.
De nombreux centres hospitaliers rechignent à poursuivre la collaboration avec l’Etat en raison de cette insolvabilité chronique.
Mesures
Les mesures arrêtées pour enrayer la propagation du coronavirus en RDC souffrent, en effet, de plusieurs dysfonctionnements. A commencer par ces tests, coordonnés par les services de la riposte. Leur fiabilité fait l’objet d’acerbes critiques à l’international, le Japon et la Belgique notamment s’étant plaints officiellement de leur manque de sérieux. On évoque aussi la particularité du variant Delta dont le député national Lambert Mende, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, a attiré l’attention sur une ‘’l’indétectabilité’’ par tests PCR. «Seul un scanner thoracique pour évaluer l’état des poumons permet de mettre en lumière la présence de ce variant aussi sournois que meurtrier», a déclaré l’élu de Lodja en s’appuyant sur l’expertise du Dr Félix Kabange Numbi, ancien ministre de la Santé.
Le volet vaccination, qui paraît encourageant en raison de l’accroissement progressif du taux de personnes vaccinées, s’avère exposé à la discrimination des services sanitaires occidentaux. Depuis le début de cette opération en avril 2021, 65.567, dont 64.080 pour la première dose et 1.487 pour la seconde dose, ont été vaccinées à l’AstraZeneca en RDC, selon le rapport de l’équipe de la riposte du 5 janvier. Il s’agirait d’une version indienne du vaccin suédo-britannique non encore homologuée par les autorités sanitaires internationales qui ne garantit pas aux bénéficiaires l’accès à l’Europe. En outre, en RDC, le président de la République a jeté un véritable pavé dans la marre en émettant des doutes sur la qualité de ce vaccin. Pire, le président sénégalais Macky Sall s’est insurgé récemment de constater qu’aux Etats-Unis, on commençait à vacciner les animaux des zoos alors que l’Afrique n’a même pas encore atteint un taux de 2 % des populations vaccinées contre la pandémie.
C’est sur tout cela que le professeur Muyembe, qui n’en est pas à sa première épidémie en terre congolaise, doit s’activer à mettre de l’ordre.
LE MAXIMUM