Les statistiques relatives à la propagation et aux dégâts imputables au Delta, la version indienne de la pandémie du Covid-19, s’affolent. Rien que pour la journée de mardi 29 juin 2021, 245 nouveaux cas confirmés ont été annoncés par le secrétariat technique de la riposte. Dont 145 pour la seule capitale Kinshasa, 48 au Kongo-Central voisin, 23 en Ituri, 11 dans la Tshopo, 7 au Nord-Kivu, 6 dans le Haut-Katanga et 5 dans le Haut-Uélé. 4 décès ont été confirmés à Kinshasa. Le cumul des cas depuis le début de l’épidémie est de 41.081 pour 928 décès. La seule ville province de Kinshasa compte 29.979 cas.
Fini donc le semblant de ‘‘clémence’’ dont bénéficiaient jusque-là le continent africain et la RDC face à la fulgurance de la pandémie observée partout ailleurs à travers le monde. Un tour dans les hôpitaux et les morgues de la capitale de la RDC suffit pour s’en rendre compte. Ils sont bondés.
Intervenant récemment du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, l’ancien ministre de la Santé et député national Félix Kabange Numbi avait tiré la sonnette d’alarme. «On fait la queue pour déposer un corps, après avoir parcouru la moitié de la ville à la recherche d’une place disponible. Le variant Delta circule plus vite que tous les autres variants de la pandémie connue jusqu’à ce jour, selon les scientifiques. De même qu’il tue plus vite, probablement parce qu’il n’est pas facile à détecter : Delta s’attaque directement aux poumons qu’il abîme à la vitesse de l’éclair. Il faut donc un scanner thoracique pour évaluer et se rendre compte, le plus tôt possible, de l’état des poumons pour sauver un malade atteint du variant meurtrier». Il ne croyait pas si bien dire. L’hécatombe est donc aux portes de Kinshasa et de la RDC. En raison du fait que les tests PCR ont perdu toute fiabilité et du coût de plus en plus exorbitant des traitements de la maladie.
Il se dit par ailleurs que les voyageurs peuvent se procurer une attestation de test covid moyennant quelques billets de dollars à l’aéroport international de Ndjili sans se soumettre au moindre test. Une situation qui a ému jusqu’au gouvernement japonais dont l’ambassadeur à Kinshasa a officiellement alerté le ministre de la Santé, Jean-Jacques Mbungani à ce sujet.
En effet, dans une correspondance datée du 22 juin dernier, le diplomate nippon fait savoir que son gouvernement a constaté qu’«entre le 31 mai et le 06 juin, sur 10 voyageurs en provenance de la RDC entrant au Japon, 2, soit un taux de 20 %, avaient été testés positifs au niveau de l’aéroport d’entrée au Japon, alors qu’elles détenaient des certificats PCR négatifs». Pas la peine donc de compter sur les tests et autres mesures d’identification et de contrôle de la circulation de la maladie.
On pense néanmoins que la réputation des services congolais de la riposte pourrait être victime de la faiblesse de la réaction des autorités face à l’inefficacité des tests traditionnels PCR signalée par le Dr Kabange. Commentant cette problématique, le député national Lambert Mende appelle le gouvernement à s’adapter à cette évolution de la pandémie, d’une part, en affectant, via le ministère de la Santé, des fonds aux hôpitaux et laboratoires effectuant des tests pour rendre plus accessibles les tests thoraciques par scanner qui coûtent à ce jour dix fois plus que les tests PCR, soit 300 USD et, d’autre part, en rendant obligatoire ledit scanner thoracique pour tout voyageur devant se rendre à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Une proposition qui tient compte du fait que le coût de 300 USD est notoirement hors de portée du commun des mortels en RDC.
En ce qui concerne les soins médicaux pour venir à bout de la maladie, plus d’investissements s’imposent, particulièrement pour l’acquisition des respirateurs, indispensables pour faire face aux problèmes respiratoires auxquels font face les malades atteints du variant indien de la Covid-19.
Hôpitaux et centres de santé n’en disposent pas suffisamment et cela rend leur disponibilité extrêmement onéreuse.
Faute pour le gouvernement de réagir aussi rapidement que possible, les 15 millions de kinois et les plus de 80 millions de Congolais courent donc au-devant d’une véritable hécatombe dans les jours à venir.
Selon les spécialistes contactés par nos rédactions, il ne servirait à rien d’obliger les hôpitaux tant publics que privés et les laboratoires médicaux à réduire les coûts des scanners du poumon indispensables pour se rendre compte de l’état d’avancement de la maladie chez les patients au risque de les exposer à une faillite certaine. Seule une intervention financière de l’Etat pouvant compenser les dépenses y relatives pourrait répondre à ce besoin.
LE MAXIMUM