L e Royaume de Belgique a consenti, 60 ans après son assassinat en janvier 1961, à restituer à la famille une dent de Patrice-Emery Lumumba. Une information qui a réjoui plus d’un en RDC, particulièrement
les trois enfants Lumumba, François, Juliana et Roland, ce dernier déclarant aux
médias qu’«une nouvelle page (…) s’ouvre dans l’histoire de nos deux peuples»; et sa soeur que «c’est une grande victoire après 60 ans d’attente».
La dent de Patrice-Emery Lumumba, actuellement détenue par la justice de
l’ancienne puissance coloniale, a été récupérée des mains de la famille Gérard
Soete, un ancien commissaire de police Belge en fonction au Katanga à
l’époque des faits. Avec un collègue, ils avaient été chargés par le pouvoir
sécessionniste katangais porté à bout de bras par la Belgique de faire diluer
dans de l’acide sulfurique les corps du Héros national Congolais et de ses deux
compagnons d’infortune, Joseph Okito et Maurice Mpolo. Soete déclara par
la suite à qui voulait l’entendre, notamment à l’écrivain Belge Ludo De Witte,
avoir découpé les corps de Lumumba et de ses compagnons en morceaux avant
de les dissoudre dans un fût d’acide. De sorte que rien n’en reste, à partquelques
dents de Lumumba qu’il avait pris soin de garder par devers lui pour la postérité, «comme un trophée de chasse», rapporte De Witte.
Trophée de chasse
L’ancien commissaire de police belge décédé entretemps, sa fille s’est plu à
exhiber la célèbre dent devant un journaliste flamand qui l’interviewait, suscitant une vive et légitime réaction des
Lumumba, notamment une plainte pour recel de restes humains. En juillet 2020,
Juliana Amato Lumumba adressa une lettre au roi Philippe pour réclamer
le retour des reliques de son héros de père vers la terre de ses ancêtres afin
qu’une sépulture digne y soit aménagée. Saisie, la justice belge avait décidé
de la restitution de la dent aux ayants-droit du Héros national assassiné le 17
janvier 1961 au Katanga au cours d’une cérémonie officielle, voulue grandiose
par Kinshasa.
Le retour de la relique de Patrice-Emery Lumumba et des manifestations en sa
mémoire avaient été programmés pour le 30 juin 2021, jour du 61è anniversaire de l’indépendance, avant d’être reportés en
raison de la résurgence de la pandémie du Covid-19 en RDC, selon le président
Félix Tshisekedi.
Même si de nombreuses voix se sont élevées en Belgique comme en RDC
pour critiquer la gestion de ce dossier-contentieux sensible entre le Royaume
et son ancienne colonie.
Fin mai 2021, une tribune signée dans la presse par des personnalités belges
s’interrogeait pertinemment si la Belgique allait se débarrasser des restes
de Lumumba dans le silence et la honte.
Profitant d’une séance parlementaire à laquelle prenait part le 1er ministre
belge Alexander De Croo, un élu du Parti Travailliste Belge (PTB) a posé au patron de l’exécutif du Royaume la question de
savoir s’il profiterait de son discours à l’occasion de la remise des reliques du 1er ministre congolais défunt pour reconnaître
la responsabilité du gouvernement belge dans cet assassinat.
Protestations 60 ans après la surve-
nue de ce drame dont les circonstances sont désormais connues de tous à travers le monde, la réponse du plénipotentiaire belge fut plus que
révoltante, une insulte à la mémoire de l’illustre défunt et à la dignité des congolais. «Bien qu’il ait été un personnage controversé,
Patrice Lumumba est toujours une figure symbolique importante de l’histoire du
Congo ainsi que des luttes d’indépendance sur tout
le continent africain dont la mémoire mérite d’être honorée. Je rappelle que le gouvernement belge a déjà prononcé ses regrets et excuses pour le rôle qu’il a pu jouer dans les événements qui ont conduit à sa mort. Je reprendrai ses
excuses à mon compte», avait déclaré De Croo. Pour les plus hautes autorités de la Belgique donc,
Patrice-Emery Lumumba demeure un leader poli-
tique «controversé» parce qu’il avait privilégié les intérêts de son pays au détriment de ceux de la puissance coloniale belge. Subséquemment, la restitution de la manière en plein 21ème siècle, des reliques qui attestent de la responsabilité criminelle de la Belgique dans l’assassinat de ce premier 1er ministre legitimement elu par les Congolais, ne pouvait être assortie de conséquences judiciaires qu’elle implique.
Côté congolais, en dehors des protestations-contestations de Guy, un Congolais vivant a Paris qui dit etre un enfant naturel de
Patrice Lumumba s’oppose au rapatriement des reliques de ce dernier si un procès contre les commanditaires de l’assassinat de 1961 n’est pas diligenté, aucune réaction officielle n’a été entendue. Mais il y a lieu de se demander si on ne doit pas le report des manifestations qui prévoyaient la participation du roi des Belges à cette gifle signée du 1er ministre, et donc du gouvernement du royaume.
LE MAXIMUM
RESTITUTION DES RELIQUES DE LUMUMBA A LA RDC : L’insulte du gouvernement belge
