S’adressant récemment aux parlementaires de son Union sacrée de la nation peu avant l’investiture du gouvernement Sama Lukonde, le président Félix Tshisekedi les avait exhorté notamment à se pencher aussi sur la déstabilisation des provinces. «Pour un oui ou un non, les gouverneurs sont déchus, les bureaux des Assemblées provinciales remplacés. Il n’est pas possible de promouvoir le développement à la base avec cette instabilité chronique qui est devenue un véritable Capharnaüm», leur avait-il dit. On se souvient que l’Assemblée nationale avait quelques jours plus tard procédé à l’investiture de l’équipe Sama à la quasi-unanimité (410 votes favorables sur 412 députés nationaux présents dans l’hémicycle).
Atou Matubuana, premier de cordée
Avant l’avènement de la nouvelle plateforme tshisekediste qui vole de victoire en victoire, le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, le 4ème président de la RDC avait déjà été défait au sein de l’organe délibérant de la province d’origine de Simon Kimbangu. Préalablement acquise au front kabiliste depuis les scrutins combinés du 30 décembre 2018, le Kongo-Central a en effet été la première à se défaire de l’étreinte de la famille politique du président de la République honoraire à la suite de plusieurs tentatives de faire descendre de son piédestal le gouverneur Atou Matubuana pourtant un de ses membres à la faveur d’un scandale sexuel impliquant son colistier.
Comme pour tester son omnipotence sur les provinces, la coordination du FCC emmenée par Néhémie Mwilanya, ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila s’était précocement fendu d’un communiqué au vitriol destiné à clouer au pilori le ticket gagnant de la province en marge de cet incident. Mal lui en a pris. Alors que beaucoup pensaient le sort du gouverneur du Kongo-Central scellé par la fatwa de Mwilanya, Atou Matubuana, grâce au coaching du président Félix Tshisekedi, est parvenu à tenir tête à l’alors tout-puissant FCC qui avait pourtant l’appui du bureau de l’Assemblée provinciale dirigé à l’époque par le Dr. Anatole Matusila.
Contre ce gouverneur sur qui personne n’osait alors parier un penny, le FCC avait diligenté une sorte de commission rogatoire conduite par Constant Mutamba avec pour tâche de redistribuer les cartes dans la province chère à Joseph Kasa-Vubu.
La fin de non-recevoir par Atou Matubuana à cette tentative de déstabilisation de son leadership par un FCC en quête fébrile d’honorabilité a été le prélude symbolique à la véritable révolution qui conduira plus d’une année plus tard à l’avènement de l’Union sacrée de la nation (décembre 2020).
Evoquant l’allégorie du renard et du coq, un analyste rappelle à ce sujet que pendant longtemps, le renard n’attrapait que subrepticement quelques poussins craignant l’incandescence de la crête enflammée du coq. Jusqu’au jour où, le coq lui ayant imprudemment expliqué que sa crête était faite de chair et non de feu, il commença à dévorer tous les coqs de la basse-cour qui devinrent ainsi ses proies de prédilection. Partant de cette métaphore, on peut dire que la déroute du FCC au Kongo-Central a été décisive dans le sort tragique que connaît aujourd’hui cette plateforme sur l’ensemble du territoire national.
En effet, ayant constaté que le ciel n’était pas tombé sur la RDC après la résistance de Matubuana, le camp présidentiel a décidé d’asséner un coup fatal au FCC dont la suprématie reposait de toute évidence sur un impressionnisme et des roulements de mécaniques rétrogrades.
Kongo-Central, une province stable
Le premier pilier de l’Union sacrée de la nation demeure la stabilité. Ce concept renvoie à la paix et à une cohabitation harmonieuse entre institutions aussi bien au plan national que provincial. L’histoire retiendra que la première province à se positionner sur cette orbite de la stabilité prônée par Félix Tshisekedi est le Kongo-Central d’Atou Matubuana qui a réussi à défenestrer le bureau FCC du Dr. Matusila pour le faire remplacer promptement par celui de Jean Claude Mvuemba. Depuis lors, au Kongo-Central, il n’y a plus eu de place pour les conflagrations interinstitutionnelles.
Même lorsque quelques nostalgiques du FCC ont tenté de remettre en question cette configuration, la vigilance tous azimuts d’Atou Matubuana dans son manteau de représentant du chef de l’Etat dans cette entité a rapidement rétabli la sérénité qui comme on le sait, est le corollaire du développement.
Ce n’est donc pas un hasard si la première tournée de redynamisation de l’UDPS, parti du président de la République a été rondement menée par son secrétaire général Augustin Kabuya dans toutes les entités administratives de la province, de Kasangulu à Moanda.
Une façon de rendre hommage à l’un des précurseurs de l’Union sacrée de la nation, en la personne du gouverneur Atou Matubuana.
JBD AVEC LE MAXIMUM