En RDC, la vaccination contre le Covid-19 n’a pas eu lieu lundi 15 mars comme annoncé auparavant par le gouvernement.
Après avoir reçu 1,7 million de doses du vaccin AstraZeneca il y a une semaine dans le cadre du programme Covax, Kinshasa a décidé de reporter sine die le début de la campagne. «Il s’agit d’une mesure de précaution à l’instar de plusieurs pays, à commencer par des pays d’Europe du Nord, qui ont décidé de suspendre la vaccination avec ce produit après avoir constaté chez certaines personnes ayant reçu le vaccin des troubles de la coagulation sanguine», selon le Dr. Eteni Longondo, ministre de la Santé. «Nous avons fait une planification par rapport à la campagne de vaccination qui devait d’ailleurs commencer le 15 mars 2021, mais malheureusement juste avant, il y a eu des pays qui ont suspendu par précaution la vaccination chez eux parce qu’on a remarqué qu’il y avait des problèmes de thrombose et aussi de décès. Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas de preuves que ces problèmes sont liés au vaccin», a-t-il poursuivi en précisant que la RDC «va, par précaution, suspendre, reporter la date du début de la campagne». L’idée, assure le ministre, est que «les équipes scientifiques ici puissent analyser les données et que les équipes des pays scandinaves puissent arriver à une conclusion. Au cas où il n’y a pas de relation de cause à effet par rapport à ce vaccin… Moi, je crois que nous allons lancer la vaccination ».
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour sa part affirme qu’il n’y a pas de raison de ne pas utiliser ce vaccin et encourage les pays à maintenir leurs programmes de vaccination en place. «Nous devrions continuer à utiliser le vaccin d’AstraZeneca», a déclaré Margaret Harris, porte-parole de l’OMS.
Le vaccin AstraZeneca est administré par plusieurs pays africains dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Nigéria. Environ 5 millions d’Européens ont déjà reçu ce vaccin et une trentaine de cas d’événements thromboemboliques où de formation de caillots sanguins ont été recensés en Europe après son administration, un chiffre que les experts de l’OMS estiment peu significatif.
On a signalé qu’un homme de 50 ans était décédé en Italie d’une thrombose veineuse profonde (TVP) après avoir reçu ce vaccin.
L’OMS enquête sur ces cas comme elle le fait pour toute question de sécurité sanitaire, selon Harris pour qui aucune relation de cause à effet n’a été établie jusqu’à présent et que le nombre de cas de caillots sanguins enregistrés chez les personnes vaccinées était significativement inférieur à celui auquel on pourrait s’attendre dans la population générale. «Une analyse de nos données de sécurité portant sur plus de 10 millions d’enregistrements n’a montré aucune preuve d’un risque accru d’embolie pulmonaire ou de thrombose veineuse profonde», souligne-t-elle.
Selon l’Autorité européenne de réglementation des médicaments (EMA), rien n’indique que le vaccin Covid-19 d’Oxford-AstraZeneca est lié à un risque accru de caillots sanguins.
Le régulateur des médicaments de l’UE précise que le nombre de cas chez les personnes vaccinées n’est pas plus élevé que dans la population générale. «Les avantages du vaccin continuent de l’emporter sur ses risques et le vaccin peut continuer à être administré pendant que l’enquête sur les cas d’événements thromboemboliques se poursuit», ajoute Harris.
Le vaccin Oxford-AstraZeneca est le seul homologué par l’organisation avec celui de Pfizer-BioNTech.
Au moment où l’OMS vise à faire vacciner, d’ici décembre 2021, 30% de la population africaine, peu de pays sur le continent ont démarré leur campagne de vaccination.
La plupart de ceux à faibles revenus comptent sur l’OMS et l’Union africaine (UA) pour s’approvisionner.
Le programme Covax dirigé par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), l’Alliance pour les vaccins (GAVI) et l’OMS, est une initiative mondiale pour faciliter l’accès mondial aux vaccins. C’est dans ce cadre que la campagne de vaccination a démarré dans plusieurs pays africains.
L’Afrique du Sud est le premier pays africain à avoir démarré sa campagne avec le déploiement du vaccin Oxford-AstraZeneca, avant de l’interrompre après qu’une étude ait montré des résultats “décevants” contre le nouveau variant de Covid-19 dans ce pays.
Pretoria a décidé de céder son lot d’un million et demi de doses du vaccin à l’Union Africaine. Par la suite, le Sénégal qui a reçu 200.000 doses du vaccin chinois Sinopharm, a démarré sa campagne en février dernier. En début du mois de mars, il a annoncé l’arrivée de 324.000 doses du vaccin Oxford-AstraZeneca produit sous licence par Serum Institute of India, dans le cadre de l’initiative Covax.
La Côte d’Ivoire, qui a reçu 504.000 doses, est parmi les premiers pays africains, dans le cadre du Covax à administrer le vaccin d’Oxford-AstraZeneca. Dix mille personnes en Côte d’Ivoire ont déjà été vaccinées en deux semaines dans le cadre de cette initiative, selon le ministre ivoirien de la Santé.
Le Nigeria, le Ghana, l’Angola et le Kenya figurent parmi les autres pays africains qui ont reçu des livraisons du vaccin d’AstraZeneca.
Le Danemark, la Norvège et l’Islande ont temporairement suspendu le déploiement du vaccin d’AstraZeneca.
Dans une déclaration antérieure, l’Agence européenne du médicament (EMA) souligne que la décision du Danemark était une «mesure de précaution au moment où une enquête complète est en cours sur la détection de caillots sanguins chez des personnes ayant reçu le vaccin, y compris un cas au Danemark où une personne est décédée».
Aucun détail sur le décès danois n’a été fourni, mais les responsables de la santé ont annoncé qu’ils en suspendaient l’utilisation pendant 14 jours par mesure de précaution. Bien qu’aucun lien ne soit établi, a estimé le ministre danois de la Santé, «nous devons réagir de manière opportune et prudente jusqu’à ce qu’une conclusion soit tirée».
L’institut norvégien de la santé publique a pour sa part annoncé qu’il suivrait l’exemple du Danemark en interrompant toute utilisation du vaccin jusqu’à ce que les cas danois soient étudiés. «Nous attendons plus d’informations pour voir s’il existe un lien entre le vaccin et ce cas de caillot sanguin», précise Geir Bukholm, de l’Institut national de la santé.
L’Islande a fait de même, tout comme l’Autriche, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg ainsi que la Roumanie et l’Italie où deux personnes seraient décédées après avoir reçu le vaccin.
Par contre, la France et l’Allemagne continuent à l’utiliser soutenant que les avantages sont supérieurs aux risques. Autant que le Royaume-Uni qui minimise les effets de ce vaccin en recommandant à la population de se faire vacciner.
Il faut noter cependant que la décision de suspendre temporairement l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca constitue un revers pour une campagne de vaccination européenne qui a connu des ratés, en partie à cause des retards de livraison du médicament.
Alors qu’un grand nombre de personnes se font vacciner à un rythme soutenu dans le monde entier, certaines d’entre elles tomberont quand même malades à cause d’autres choses sans rapport avec le vaccin.
Ces pauses pour le vaccin d’AstraZeneca ne sont pas dues au fait qu’il n’est pas sûr de l’administrer. Il s’agit de laisser le temps aux experts d’étudier pourquoi un petit nombre de personnes ayant récemment reçu le vaccin ont également développé des caillots sanguins.
HO
VACCIN ANTI-COVID-19 ASTRAZENECA : Le gouvernement attend les résultats des investigations
