Dans notre dernière livraison, nous avions rendu compte des déboires du Révérend Daniel Ngoy Mulunda, représentant légal de la Nouvelle Eglise Méthodiste (NEM) qui a été condamné à 3 ans de prison pour incitation à la haine tribale et atteinte à la sûreté de l’Etat.
La relation des faits par notre chroniqueur JBD a suscité une réaction de la congrégation NEM qui estime que la première partie de l’article est inspirée par de fausses allégations car, selon un des responsables de cette confession religieuse, l’auteur de l’article «a adopté le langage des accusateurs décidés à clouer au pilori le pasteur Ngoy Mulunda». Ils se sont efforcés de nous faire parvenir le verbatim du sermon du prélat katangais dont nous publions in extenso la retranscription des 20 pages manuscrites en signalant que la transmission par courrier électronique n’a pas permis à notre rédaction de disposer de la totalité du texte. Nous maintenons néanmoins notre plaidoyer pour un geste de magnanimité du chef de l’Etat en faveur du pasteur Daniel Ngoy Mulunda.
Le Maximum
Message du Rév. Daniel Ngoy Mulunda lors du culte d’action de grâce à l’occasion du 20ème anniversaire de la mort de Mzee Laurent-Désiré Kabila
Thème : Le pays,
don de Dieu
Excellences, Camarades et Bien-aimés,
Je vous remercie d’avoir accepté de venir passer ce moment important devant Dieu pour écouter Sa parole.
Surtout Le remercier pour la vie de Mzee Laurent Désiré Kabila, un don précieux à la RDC.
Aujourd’hui, 20 ans jour pour jour, la famille ainsi que tout le pays se souviennent de cette tragique journée du 16 janvier 2001.
En pensant à cette journée noire, sombre et triste, je me permets de dire comme Job : «Je maudis le jour du 16 janvier 2001». Chaque mois de janvier qui arrive, je ne cesse de me poser la question de savoir pourquoi Mzee est venu pour mourir après 3 ans et nous laisser en plein milieu de la route ?
En lisant la bible, et surtout le livre d’Exode, j’arrive à deux conclusions :
L’histoire de notre pays dans laquelle Mzee joue un grand rôle, est semblable à celle d’Israël de Moïse ;
Mzee est venu pour un but et pour une mission bien précise lui confiée par Dieu.
Au chapitre 3 du livre d’Exode, nous trouvons Dieu en conversation avec Moïse, un fugitif recherché par le pouvoir du Roi Pharaon.
Pour sauver sa vie suite au crime qu’il avait commis, Moïse s’exile chez son beau-père Jethro.
C’est là que Dieu le poursuit et lui dit : «J’ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Egypte, et j’ai entendu les cris que lui font pousser les oppresseurs car je connais ses douleurs. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens, et pour la faire monter vers un bon et vaste pays où coulent le lait et le miel, dans les lieux où habitent les Cananéens, les Hetiens, les Amoréens, les Phéresiens et les Jébusiens».
Dieu «connait»; Dieu a vu « l’oppression »; Dieu a entendu «les cris »; Dieu est descendu «pour sauver».
Après il dit à Moïse : «C’est toi qui ira fait ce travail».
Mzee était un jeune de 19 ans quand son père a été assassiné pour ce pays, la RDC. Il a refusé de cautionner la dictature de l’oppression et il a pris la route du maquis là où le Zaïrois souffrait sous l’oppression et la dictature mobutienne.
Il fut un temps où les Katangais mangeaient le bulungule, le vimba, le kabutshungu, les milliardaires.
Le nom du Katanga n’a pas commencé à faire peur aujourd’hui.
On a même changé le nom du Katanga et il est devenu Shaba (pensant effacer le destin) et on a commencé à nous appeler shabien et à nous traquer.
Quand Dieu a vu la souffrance de son peuple, Il va choisir celui qui était dans les forêts de Hewa Bora et lui dira : «J’ai vu la souffrance de mon peuple qu’on appelle maintenant Zaïrois. J’ai entendu ses cris pendant 32 ans. Je connais ce qui se passe au Zaïre. Je suis descendu pour le sauver». Comme pour le cas de Moïse, au lieu d’aller lui-même, Il dit que c’est toi Laurent qui va partir chasser la dictature. Sans Dieu et Sa volonté, Mzee ne pouvait pas traverser ce vaste Continent à pieds, accompagner de vaillants soldats que nous appelons honorablement «Kadogos».
Il n’étaient pas lourdement armés et devaient traverser les épines, les cours d’eau. Et Mzee leur a dit «J’ai quelque chose pour vous». Et il va leur donner ceci : Bikumba.
Il dit à son fils, viens avec moi et prends une paire (de bottes). Son fils prend une paire et l’essaie. Il dit à son père «cette paire est large pour moi». Et son père de répondre : «prend une des vieilles chemises, déchire-la et insère les tissus dedans, ça va aller». il essaie et ça va. Il lui dit alors : «Nous avons une mission d’aller mettre fin à la dictature et d’installer une démocratie dans le pays où coule le lait et le miel».
Ce pays où coule le lait et le miel n’a pas été obtenu par une conquête militaire, ni par une force quelconque. C’était une promesse de Dieu à Abraham, Isaac et Jacob.
C’était un don de Dieu à ce peuple-là et non à tout le peuple. Certaines nations y habitaient déjà : Les Cananéens, les Hétiens, les Amoréens, les Phérisiens, les Héviens et les Jébusiens. Ils habitaient à Canaan, mais celui-ci avait ses propriétaires. Il appartenait aux enfants d’Israël. Ils pouvaient tout faire mais cette terre était un don de Dieu à un peuple précis (Katanga, Kinshasa, Bandundu, Nord-Kivu, Ituri…).
Moïse a libéré les enfants d’Israël, mais juste avant de traverser le Jourdain, il est mort. Les enfants d’Israël n’étaient pas préparés à la mort de Moïse, Dieu dit qu’il n’y a que le jeune commandant militaire qui était à côté de lui, qui voyait tout ce qu’il faisait. C’était Josué qui pouvait continuer la mission.
Mzee meurt, Mzee assassiné.
Le gouvernement a choisi celui qui a combattu à ses côtés, celui qui commandait les troupes et que les troupes écoutaient: son fils, je cite le général-major Joseph Kabila Kabange.
Alors dans Josué 1 :1-2, l’Eternel dit à Josué, fils de Nun, serviteur de Moïse : «Moïse mon Seigneur est mort, maintenant, lèves-toi, passe ce Jourdain, toi et tout ce peuple pour entrer dans le pays que je donne aux enfants d’Israël. Fortifies-toi et prends courage car c’est toi qui mettra ce royaume en leur possession».
Frères et sœurs dans le Seigneur,
Dieu a donné à chaque peuple un morceau de terre qui est son pays. C’est Dieu qui a donné la République Démocratique du Congo aux Congolais. C’est Dieu qui a donné le Kongo-Central à ses habitants. C’est encore lui qui a donné aux Bateke Kinshasa et aux Kivutiens le Kivu. C’est ce même Dieu qui a donné aux Katangais le Katanga.
Quel péché avons-nous commis d’être Katangais ? Est-ce que Dieu s’est trompé en nous donnant cette terre ? Est-ce notre faute si le lait et le miel ne coulent qu’au Katanga ? Pourquoi est-ce que dire «Katanga ni kwetu» devient un problème sécuritaire majeur ?
«Le Katanga est votre terre, je la donne à vous et à vos descendances», a dit l’Eternel.
Le Katanga est donc un don de Dieu aux Katangais et à leurs progénitures.
Vous n’y pouvez rien : ni l’oppression, ni la violence, ni les humiliations, ni le forcing politique ne peuvent changer cette réalité divine.
La constitution peut vouloir nous donner d’autres noms, mais l’âme katangaise reste forte. La dignité de l’identité katangaise devient un fil conducteur plus fort qu’une idéologie politique.
Chers camarades,
En donnant la terre aux enfants d’Israël, Dieu leur a donné des conditions pour mieux la garder. Ces lois ne sont pas des menaces mais de bonnes conditions pour vivre sur la terre qui leur a été donnée. Ce sont les normes de la vie sur la terre que Dieu donne. Ce sont des lois qu’il faut respecter.
Dans le livre de Deutéronome, à son chapitre 7, Moïse dit ceci à Israël : «Ce n’est point parce que vous surpassez en nombre tous les peuples que l’Eternel s’est attaché à vous, car vous êtes le moindre de tous les peuples mais parce que l’Eternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le serment qu’il a fait à vos pères, l’Eternel vous a fait sortir par sa main puissante, vous a délivrés de la maison de servitude, de la maison de Pharaon, Roi d’Egypte. Sachez donc que c’est l’Eternel, votre Dieu qui est Dieu. C’est un Dieu fidèle envers ceux qui l’aiment et ceux qui observent ses commandements».
Nous Katangais, avons des lois à obéir, si nous voulons garder notre terre et y vivre. Je vais vous donner une liste non exhaustive :
Avoir de la bonté et exprimer l’amour envers l’étranger qui vit chez nous,
Protéger les veuves et les orphelins vivant sur notre terre,
Nous aimer les uns les autres,
Nous pardonner sincèrement en nous demandant mutuellement pardon,
Arrêter nos divisions. Nos parents avaient eu l’indépendance en mains, mais à cause de leurs divisions et de leurs querelles, nous avons perdu notre pays et nous voici aujourd’hui Congolais…