Le Magazine de «New African» vient de publier un document politico-historique détaillant les noms des présumés assassins de Lumumba et le rôle joué par chacun d’eux dans sa mort. Des noms ont toujours été cités dans ce dossier sans pourtant faire la lumière sur les commanditaires et les vrais exécutants de ce meurtre. 60 ans après, la vérité est étalée au grand jour. La révélation sur l’identité de «13 assassins» du tout premier 1er ministre du Congo indépendant, Patrice Lumumba est la résultante d’une enquête inédite menée par les journalistes de RFI, précise notre confrère Serge David. La responsabilité du crime odieux du 17 janvier 1961 est partagée entre quatre groupes d’acteurs qui sont aujourd’hui bien identifiés, indique le document. «Chacun joue sa partition : les Américains parrainent, les belges soutiennent, le groupe Mobutu commande et le groupe Tshombe exécute», peut-on lire dans ce rapport publié in extenso par New African.
Trois États complices
L’enquête de RFI qualifie l’assassinat du premier ministre Congolais Lumumba de «crime d’Etat». Du côté américains, trois personnes sont citées. En premier, le président des Etats-Unis en fonction à cette époque, Dwight Eisenhower, pointé du doigt pour sa crainte manifeste de voir en Lumumba un nouveau Fidel Castro africain. En deuxième lieu, il y a le directeur de la CIA, Allem Dulles qui a misé sur Mobutu et s’est servi pour tous les coups de son chef de bureau à Léopoldville (actuel Kinshasa), Larry Devlin, troisième acteur.
Du côté des Belges, quatre noms apparaissent. L’enquête cite le souverain belge, successeur du roi Léopold II, le roi Baudouin qui s’est senti offusqué par le discours anticolonialiste de Patrice Lumumba. Il y a aussi le premier ministre belge de l’époque, Gaston Eyskens qui selon RFI envoyait des fonds pour la sécession Katangaise en mettant à contribution les conseillers qui entouraient le président congolais Joseph Kasa-Vubu pour démettre Lumumba de ses fonctions. On parle aussi de la complicité du ministre belge des Affaires africaines, Harold d’Aspremont Lynden qui avait insisté pour que Lumumba soit transféré au Katanga entre les mains de son ennemi Tshombe. Le dernier Belge incriminé est le colonel Louis Malière, conseiller militaire de Mobutu qui a poussé ce dernier à transférer Lumumba au Katanga.
Au total six Congolais, compatriotes de Lumumba et potentiels assassins parmi lesquels Joseph Kasa-Vubu, premier président du Congo dont il fut 1er ministre mais le mariage n’aura pas tenu longtemps après une brouille. Cependant, Kasa-Vubu n’était pas visiblement impliqué dans cet assassinat, mais son seul péché est de n’avoir pas empêché le transfert de Lumumba au Katanga.
Le colonel Mobutu figure sur cette liste et selon le document, c’est lui qui a renversé Lumumba avant de le faire capturer et le jetter en prison. C’est encore lui qui a livré Lumumba entre les mains de ses bourreaux au Katanga, indique le même document. Faisant parti du carré de Mobutu, les figures de prou du «groupe de Binza» sont également cités comme assassins de Lumumba. Il s’agit de Justin Marie Bomboko et Victor Nendaka, respectivement commissaire aux Affaires étrangères et commissaire à la sécurité national après le putsch de Mobutu.
Il y a aussi un autre groupe du côté de la sécession katangaise menée par Munongo et Tshombe, tous deux, déclarés assassins par l’enquête inédite de RFI pour avoir été convaincus du sort qui devait être réservé à Lumumba.
A.M