Le débat politique ne cesse pas de surprendre en RDC où la classe politique ou ce qui en tient lieu déborde d’imagination pour attirer l’attention. Des questions futiles occupent souvent le haut du pavé. Le pays aligne 5 millions de personnes déplacées à l’intérieur et près d’un million de ses ressortissants réfugiés à l’étranger ; il est en butte à des tentatives plus ou moins subtiles de recolonisation et de pillage économique à travers la guerre ouverte contre sa principale entreprise minière, la Gécamines et les manœuvres de sabotage du marché du cobalt, son produit-phare dont l’annonce d’une commande ferme de 6.000 tonnes annuelles par la multinationale Suisse Glencore a déclenché comme par hasard une enquête criminelle du procureur général suisse contre cette société pour «suspicion de corruption d’agents étrangers en 2017» et utilisation des mineurs d’âge dans la chaîne d’extraction de ce minerai dont l’industrie mondiale des véhicules électriques ne peut se passer. Mais il y a des Congolais de chair et de sang qui ne trouvent pas mieux que de se mobiliser autour de querelles de clocher et des règlements de compte partisans.
La dernière en date de ces saillies est l’initiative annoncée par un groupe qui s’est donné l’objectif de… liquider la coalition majoritaire au parlement rd congolais depuis début 2019. « Notre souci est que l’on ne parle plus jamais ni du FCC moins encore du CACH et que tout acte légal, ordonnance et autre, reprenant l’un ou l’autre soit annulé ou tombe carrément », a affirmé sans rire Jean-Paul Civuila Ilunga, président d’un parti dénommé Mouvement des Congolais Unis (MCU) le 15 juin après avoir déposé une requête en inconstitutionnalité contre la coalition FCC-CACH à la Cour constitutionnelle qui lui en a donné acte. On croit rêver.
Appuyé par une pléiade d’organisations de la société civile telle que « Justice pour Tous», le MCU déplore le fait que les deux regroupements politiques précités puissent se permettre d’engager la nation, au point même de figurer dans le Journal Officiel, « alors qu’ils sont dépourvus de personnalité juridique et ne disposent pas d’un statut légal ». Un mensonge cousu de fil blanc puisque dans aucune livraison du Journal officiel de la RDC, les deux plateformes qui constituent la majorité au parlement ne figurent en tant que FCC et CACH. Mais cela ne gêne pas outre-mesure les mousquetaires de MCU qui ne craignent pas le ridicule. «On ne peut pas gérer une nation avec des structures qui ne sont pas officiellement identifiées, poursuit le président du MCU. Raison pour laquelle nous sommes venus dire à la Cour constitutionnelle de remettre un peu la pendule à l’heure pour que nous ne puissions plus voir le FCC et le CACH apparaître dans les actes officiels, notamment les ordonnances du chef de l’État. Nous sommes également contre toutes les ordonnances signées au nom de cette coalition», a-t-il martelé en faisant semblant d’ignorer que l’appartenance à la majorité et à l’opposition a fait l’objet en début de législature d’une déclaration officielle par chaque député et chaque sénateur sur base des partis et regroupements politiques aux couleurs desquelles ils avaient participé aux élections législatives et sénatoriales.
«Pourquoi, s’est interrogé le sieur Civuila Ilunga, devra-t-on continuer à être géré au plus haut niveau par des organisations constituées uniquement pour des besoins électoraux et ne sont pas repris dans les registres officiels du pays ? ». Décidément, la bêtise n’a plus de limite.
Le brave redresseur des torts méconnaît ainsi le droit constitutionnel de se regrouper dans une plateforme même informelle garanti par la constitution à tout Congolais. Il promet donc de «suivre de près la requête déposée jusqu’à son aboutissement à la fixation de l’affaire. Car, affirme-t-il, nous sommes prêts à affronter le FCC et le CACH à la Cour constitutionnelle pour que finalement l’on entende plus jamais parler de cette coalition ».
Dans une sorte de gymnastique sémantique, un des avocats de MCU a surenchéri que «le règlement intérieur de l’Assemblée nationale parle plutôt de la Majorité et de l’opposition et non d’une coalition FCC-CACH», oubliant de donner quelle disposition obligeait à ladite majorité à se baptiser comme bon lui semble.
Un classement sans suite en perspective pour ce hurluberlu qui a manifestement du temps à perdre.
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HUMOUR POLITIQUE : Un parti veut liquider la coalition FCC-CACH
