Dans un reportage à Paris sur la chaîne israélienne i24news dont il est consultant diplomatique, Christian Malard, journaliste français septuagénaire, s’est fendu d’un bizarre et pathétique pavé dans la marre. Invité à commenter un discours d’Antonio Guterres, patron de l’ONU, relatif à l’impact du Covid-19 sur la nutrition, les emplois et les droits de l’homme, il a pris de court aussi bien ses employeurs de i24news que les téléspectateurs de cette chaîne par un raccordement frauduleux pour déboucher sur des injures racistes à l’encontre de la RDC à travers ses dirigeants passés et actuels qualifiés grossièrement d’« escrocs » et de « tyrans », foulant aux pieds l’éthique et la déontologie d’une profession qu’il pratique pourtant depuis 46 ans.
Cette outrecuidance a soulevé des vagues d’indignation sur le continent africain et en RDC. Au point de contraindre le journaliste français à présenter de plates excuses. Mais il importe de ne pas être dupe quant aux véritables motivations de cette bourde calculée. De toute évidence, l’appât jeté par Malard dans la mare aux ragots est destiné à ramener une prise qu’il convient d’identifier.
A cet égard, les médias congolais et africains devraient jouer leur rôle en éveillant les consciences pour la défense de la dignité de leurs peuples et des valeurs démocratiques constamment menacées par des engeances étrangères auxquelles appartiennent des « journalistes » comme Christian Malard dont la morgue transparaît à travers sa condescendance désobligeante lorsqu’il évoque « la République ‘’dite’’ Démocratique du Congo », comme s’il fallait une certification en forme d’imprimatur de sa part pour que ce pays puisse mériter le label de démocratique…
Au-delà de la réprobation légitime, les Africains se doivent de questionner la persistance de telles attitudes rétrogrades révélées par la saillie de Malard mais pas que. D’autant plus que ce chroniqueur n’en est pas à son coup d’essai. Le moment est arrivé de dépouiller cette roublardise de toute sa substance grâce à une stricte approche phénoménologique. En jetant toute la lumière sur les vraies motivations des bas instincts de certains « spécialistes» occidentaux de l’Afrique qui écument les caniveaux pour soumettre le continent et ses dirigeants à un vil chantage pour les domestiquer, s’attacher leurs services, ou leur arracher des prébendes.
Leurs astuces aussi vieilles que la tristement célèbre françafrique, qui ont transformé l’indépendance de certains pays africains en un colifichet sans contenu réel doivent impérativement être combattues et éradiquées. Il n’y a qu’à connaître l’histoire personnelle sulfureuse du sieur Malard pour s’en convaincre.
Ancien éditorialiste de politique étrangère à France Télévision, Malard appartient en effet à l’espèce en voie d’extinction des ’’dinosaures idéologiques’’ toujours en activité qui entretinrent activement les accointances incestueuses de la France avec quelques dictatures de l’Afrique postindépendance. On sait que, de Charles de Gaulle à François Mitterand, la France détient la palme d’or des coups d’État en Afrique pour avoir directement initié ou parrainé 52 putschs sur les 87 que le continent noir a connus. Ce pays européen qui revendique le titre flatteur de berceau des droits de l’homme a ainsi participé sans se cacher à des coups de force contre des leaders populaires «coupables» de défendre les aspirations légitimes de leurs peuples respectifs. Le but de cet interventionnisme débridé était de remplacer ces dignes représentants des Africains par ses hommes de paille qui, à leur corps défendant, ne pouvaient que s’imposer par la force. L’essentiel était de sauvegarder les intérêts miniers et pétroliers de l’Hexagone célébrés à l’occasion de messes basses qu’étaient les fastueux sommets France-Afrique au cours desquels on voyait plastronner aux côtés du «grand chef blanc» des dictateurs africains «démocratiquement élus» selon les critères révérés par des chroniqueurs comme Malard qui étouffaient laborieusement toute note discordante. Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que ces derniers sont également à la base de la précarité dans laquelle pataugent l’Afrique et les Africains six décennies après l’indépendance.
Pas étonnant qu’en essayant de briser les chaînes de cette aliénation par un souverainisme assumé qui contrarie les intérêts exclusifs des partenaires dits ‘‘traditionnels’’, des leaders décomplexés comme Joseph Kabila et Félix Tshisekedi dérangent des nostalgiques au service desquels oeuvrent Malard et bien d’autres.
Pour la petite histoire, Christian Malard a fait ses premiers pas de journaliste à Radio Télé Luxembourg (RTL) en 1974 alors que la guerre froide faisait les beaux jours des tyrans pro-occidentaux africains. Spécialiste d’interviews avec les personnalités politiques africaines de premier plan, il n’avait pas son pareil pour les appâter et leur faire ‘’cracher le morceau’’. « Sa formule de prédilection consistait à commencer par dénigrer un dirigeant africain en quête de respectabilité dans le vieux continent puis de lui proposer de faire passer sa réputation ainsi entachée dans une lessiveuse-miracle en échange d’espèces sonnantes et trébuchantes », témoigne sous le sceau de l’anonymat un de ses contemporains. Qui signale que c’est de cette manière qu’il était parvenu à se glisser notamment dans l’entourage du défunt dictateur tunisien Zine el-Abidine Ben Ali dont il devint, après l’avoir vertement critiqué, le marketeur politique attitré, au grand dam des défenseurs des droits de l’homme et des démocrates tunisiens. Un des plus célèbres parmi ces derniers, Moncef Marzouki, successeur de Ben Ali, démocratiquement élu à la présidence de la Tunisie après le printemps arabe, l’a dénoncé nommément dans un ouvrage intitulé «Livre noir, le système de propagande sous Ben Ali». On y découvre que Christian Malard et sa famille bénéficiaient des fonds occultes payés par le régime dictatorial de Ben Ali, par le truchement de l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE), outil de propagande du dictateur, dans le but de redorer l’image du régime honni du tombeur du vieux Habib Bourguiba.
Ainsi grassement corrompu par les services de Ben Ali, Malard arrangeait avec un zèle inégalé les programmes des différentes antennes de France Média Monde et France Télévision pour vanter les prétendues prouesses socio-économiques du dictateur tunisien. On sait de quelle manière ce dernier fut précipité dans la poubelle de l’histoire par le peuple tunisien excédé. Mis à nu par le président Marzouki et ses camarades, ce mercenaire de la vieille garde néocoloniale essaye visiblement de se refaire une santé financière en s’en prenant aux nouveaux dirigeants de ce «coffre-fort naturel» qu’est la RDC en y appliquant la bonne vieille recette qui lui avait si bien réussi dans la Tunisie de l’après-Bourguiba.
C’est pourquoi il s’est permis de vouer aux gémonies le président Félix Antoine Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila Kabange qui, à la surprise générale ont fait entrer leur pays-continent dans l’ère d’une alternance démocratique chahutée ci et là par des esprits chagrins outre-Atlantique et outre-Méditerranée avant de présenter des « excuses » aux deux leaders et au peuple congolais outragé.
À en juger par la réaction musclée des officiels de la RDC, on peut déduire que la nouvelle génération politique n’a que faire de ’’bons points’’ attribués par de tels sbires héritiers de pratiques néocoloniales.
La pantalonnade surannée de Malard n’est qu’une esbroufe par rapport à laquelle le président Félix Tshisekedi et le FCC de Joseph Kabila se doivent de prendre définitivement du champ s’ils veulent entrer dans l’Histoire par la grande porte. Ainsi que l’a rappelé à bon escient le porte-parole du gouvernement, l’époque des donneurs de leçons et de leur pulsion convulsive consistant à renvoyer frénétiquement la RDC et l’Afrique dans le monde des ténèbres est largement révolue.
Le fait que, pris entre les tirs croisés de l’opinion publique congolaise et africaine et les remontrances de i24news, le vieux briscard de la presse impérialiste française se soit soumis à l’épreuve de la courbature d’un rétropédalage éhonté pour avouer avoir tenu « des propos qui ont heurté, je le comprends, le président Tshisekedi et le président Kabila ainsi que le peuple de la RDC (pour lesquels) je tiens à m’excuser » devrait suffire au bonheur des Congolais. Chercher à vouloir pousser plus loin «l’avantage» en invitant, comme certains en ont lancé l’idée, cet importun sans scrupules ni état d’âme à venir voir de ses propres yeux comment le peuple du Congo-Kinshasa vit sa démocratie serait le comble de la naïveté. Car du Congo, de l’Afrique et de leurs réalités, Malard et ses semblables n’ont rien à f…
Ce qui les intéresse, c’est ce qu’ils peuvent en tirer en termes de revenus pour continuer à se dorer la pilule ad vitam aeternam.
La solution idéale avec un tel gredin c’est peut-être que sa probable dernière saillie sous les tropiques africaines se termine ainsi en eau de boudin. Ces aventures cyniques des derniers dinosaures de la françafrique qui s’évertuent à croire que l’histoire des nations et des civilisations noires n’était qu’un éternel recommencement, les Congolais en ont soupé.
LMO