Le ministre du gouvernement central en charge des droits humains se dit soulagé par la libération du journaliste Eric Mukotsi par le parquet de Watsa, dans la province du Haut-Uélé, ce mercredi 26 mars 2020.
Dans sa communication, Maître André Lite Asebea s’interroge par ailleurs, sur l’opportunité de l’arrestation de cet homme de médias, directeur de la station de radiodiffusion Canal Uélé FM.
« Je suis particulièrement soulagé d’apprendre la libération de M. Eric Mukotsi ce mercredi 25 mars 2020. Et c’est l’occasion pour moi de m’interroger sur l’opportunité et la justification d’une telle mise en détention d’un journaliste qui n’avait rien fait d’autre qu’exercer son métier », a-t-il déclaré à la presse.
Par la même occasion, le ministre des Droits humains a rappelé aux différents services publics déployés dans les provinces que les libertés des citoyens restent la règle, et que leur restriction relève de l’exception.
«Tirant la leçon de cette affaire, il convient de rappeler à la conscience collective que pour une bonne justice distributive en République Démocratique du Congo, notre pays, il importe de ne pas transiger sur le principe de la liberté qui, étant garantie par la constitution à tous les citoyens, doit demeurer la règle, tandis que les actes d’arrestation ne doivent être prise qu’à titre exceptionnel», a souligné André Lite.
Selon le ministre, les journalistes sont aussi des activistes des droits humains car ils participent dans le monde entier à la protection et à la promotion des droits de l’Homme.
À ce titre, ils ne devraient pas faire l’objet de mesures de privation de liberté dans l’exercice de leur métier.
Eric Mukotsi a été arrêté il y a quelques jours. Il était poursuivi par le parquet de la province du Haut-Uélé qui avait invoqué à l’appui de cette décision des actes d’«imputations dommageables et d’incitation à la haine tribale».
Le ministre André Lite Asebea a également annoncé que le gouvernement de la République avait décidé d’ouvrir une enquête pour établir les responsabilités dans les échauffourées qui ont opposé samedi 28 mars, les miliciens Bakata Katanga de Gédéon Kyungu aux forces de défense et de sécurité à Lubumbashi, Pweto, Likasi et Kasumbalesa notamment dans la province du Haut-Katanga.
« Par rapport à ce qui s’est passé dans le Haut-Katanga, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, sécurité et affaires coutumières, conduit une enquête pour effectivement permettre au gouvernement de comprendre tout ce qui s’est passé et communiquer là-dessus le moment venu», a-t-il expliqué.
Les miliciens Bakata Katanga du seigneur de guerre Gédéon Kyungu Mutanga se sont manifestés samedi 28 mars dans plusieurs villes de l’ex-Katanga notamment à Lubumbashi, Likasi, Kasumbalesa et Kakanda mais avaient pu être maitrisés par les FARDC après quelques heures d’affrontement.
A Lubumbashi, Likasi et Kasumbalesa, le bilan provisoire est d’une trentaine de morts et de plusieurs blessés parmi les miliciens.
Le ministre Lite appelle également le leader de Bundu dia Mayala, Ne Muanda Nsemi et ses partisans au calme, faisant allusion à leur manifestation que la police a dispersé pratiquement le même jour à Kinshasa. «Pour parler de Kinshasa, Ne Muanda Nsemi et tous ceux qui sont derrière lui ont intérêt à nous éviter ce genre de scénarios. C’est quand même ridicule que ce soit au Congo où on peut encore parler d’un gourou, qui disposerait d’un pouvoir quelconque pour faire les choses aux antipodes de tout ce qui est logique ou rationnel», a fait remarquer André Lite.
Il recommande aussi aux forces de l’ordre de respecter les droits humains :
« Je voudrais également profiter pour dire aux éléments des forces de défense et de sécurité qu’il leur incombe aussi un devoir de proportionalité dans la gestion des opérations de maintien et de rétablissement de l’ordre pulic. Ils doivent savoir que lorsqu’ils vont en opération, ils ne sont pas autorisés par la loi à poser des actes en violation du droit international humanitaire, pas plus que des droits de l’homme. Il est regrettable que certains d’entre eux jusque-là ne comprennent pas encore que lorsqu’on travaille sous le drapeau, on ne peut pas se permettre certaines choses », a-t-il conclu.
Par ailleurs, le ministre des Droits humains a, dans une note adressée au chef de l’Etat, présenté des propositions de mesures complémentaires dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19 (voir encadré).
JN