Une vague d’insécurité inhabituelle s’est abattue sur la province du Haut-Katanga. Plusieurs cas d’agressions à main armée y sont quotidiennement signalés, provoquant une atmosphère de peur généralisée peu propice aux activités économiques. Le foisonnement des entreprises autour de l’industrie minière dont Lubumbashi est l’épicentre dans un contexte de rétrécissement de la croissance dans plusieurs autres entités de ce pays-continent explique le déversement vers la province cuprifère voisine de la Zambie d’un nombre élevé de chercheurs d’emplois ou d’une occasion de grapiller quelques miettes du pactole katangais. Sous la 2ème République, le défunt dictateur Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko avait surfé sur le sentiment d’insécurité au Katanga pour en découdre avec son vieil adversaire, le leader kasaïen de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, en faisant indexer par des alliés locaux peu scrupuleux les populations d’extraction kasaïenne nombreuses à tenter leur chance dans cet eldorado. Cela avait abouti à de sanglants pogroms dont les tenants et aboutissants n’ont pas encore été élucidés à ce jour. De nombreux kasaïens vivant alors dans l’ex-Katanga et présentés comme responsables des difficultés économiques des autochtones furent ciblés par des campagnes de violences et de persécutions qui les poussèrent à quitter précipitamment cette partie du territoire où la plupart étaient nés pour regagner le Kasaï. L’actuel gouverneur du Haut Katanga, Jacques Kyabula Katwe, qui incarne une nouvelle génération de leaders katangais a, selon tous les observateurs, abordé la problématique de la criminalité résurgente dans sa juridiction sous un angle plus rationnel. Une synergie avec les technostructures sécuritaires et policières locales a permis à son administration d’identifier les auteurs des actes répréhensibles dont se plaignent tous les habitants du Haut-Katanga, qu’ils soient « originaires », ressortissants d’autres provinces ou étrangers. Appréhendés au fur et à mesure par la police et présentés aux instances et judiciaires, ces malfrats sont ensuite poursuivis dans les règles de l’art et déférés, le cas échéant, devant le juge civil ou militaire selon leur statut ou le mode opératoire de commission des délits ou infractions qui leur sont imputés. « Ce n’est pas la première fois que de telles actions ‘‘coups de poing’’ sont entreprises dans cette entité», observe un expert en criminologie de l’Université de Lubumbashi contacté par nos rédactions. Avant d’ajouter que « la faiblesse et la corruption des appareils pénitentiaires ainsi que la porosité des prisons font que beaucoup de délinquants, même condamnés, parviennent souvent à prendre la clé des champs et à revenir plus déterminés que jamais insécuriser les paisibles citoyens ». D’où une tendance à l’accroissement des cas d’incivilités et de délinquance plus ou moins graves dans la province. Dernier épisode en date, l’assassinat à Pweto d’un cadre des services locaux d’intelligence par une bande identifiée comme appartenant au groupe ‘‘Bakata Katanga’’ (sécessionnistes). Pour faire face à ces défis, Jacques Kyabula Katwe a décidé de tenter une solution radicale consistant à éloigner les criminels condamnés de leurs «bases opérationnelles». Il a conçu une stratégie consistant à les faire conduire par les services compétents du gouvernement central vers des lieux de détention situés loin du Haut-Katanga comme la prison d’Angenga dans la lointaine province de l’ex-province de l’Equateur afin d’y purger leurs peines. «Une collaboration interinstitutionnelle impliquant notamment les FARDC qui ont mis à disposition des avions de transport de troupes pour le transfert des délinquants condamnés vers le centre de détention d’Angenga a été nécessaire», selon le porte-parole du gouverneur Kyabula. «C’est un bel exemple d’imagination au service du développement et de la paix publique à suivre par d’autres responsables territoriaux qui devraient s’en inspirer au lieu de s’abîmer dans une autosatisfaction de mauvais aloi traduite par des ‘‘marches de soutien’’ », se félicite un chroniqueur judiciaire local. On rappelle à ce sujet que Jacques Kyabula Katwe a purement et simplement opposé une fin de non-recevoir aux nombreuses sollicitations d’associations qui ont proposé d’organiser de telles marches de soutien en son honneur.
O.H.