29 octobre 1996-29 octobre 2019, 23 ans se sont écoulés depuis l’odieux assassinat de Monseigneur Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo, à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Pour commémorer ce triste événement, une messe d’action de grâce a été organisée à l’église Saint Raphaël de la commune de Limete, afin d’implorer la miséricorde divine pour accélérer le processus de sa béatification.
« Au lieu de construire des murs idéologiques, qui séparent les ethnies, construisons ensemble des routes et des ponts qui encouragent et unissent…Pour les actes de la vie, mourir est important, car c’est un acte qui sépare pendant toute l’exigence ». C’est ce que répétait toujours, de son vivant, le regretté prélat.
On rappelle que le jour fatidique, Mgr Munzihirwa était accompagné de son chauffeur et de son garde-corps. Ce dernier était chargé de lui faciliter le passage aux postes de contrôle installés dans la ville de Bukavu. Un deuxième véhicule, celui de Mgr Kabego, les suivait de près depuis l’archevêché. Arrivée à un croisement des routes, à la hauteur du marché de Nyawera, la voiture de l’archevêque fut immobilisée par des tirs en rafales d’un commando rwandais du Front Patriotique Rwandais (FPR) déjà stationné sur les lieux. Toute l’escorte fut abattue avant que Mgr Munzihirwa soit soumis à un interrogatoire serré et à des tortures près de la clôture de la Sinelac. Avant d’être froidement abattu à son tour. Selon le Centre d’Information et d’Animation Missionnaire (CIAM), ce sont les prises de position courageuses du prélat qui lui avaient couté la vie. Mgr Munzihirwa avait pressenti le drame humain que la RDC allait vivre. C’est pourquoi il ne ménageait aucun effort pour inviter les populations à plus de solidarité avec les réfugiés abandonnés à eux-mêmes. Par ailleurs, il ne se privait nullement de dénoncer la passivité et le double jeu des milieux diplomatiques internationaux face au déploiement des escadrons de la mort à l’Est de la RDC, de suggérer aux belligérants la recherche des solutions politiques et pacifiques pour le retour de la paix et de défendre la dignité de toute personne humaine. Mgr Munzihirwa fut considéré comme la «sentinelle du peule ». Car au moment où toutes les autorités politico-administratives avaient déserté Bukavu, lui, était resté avec le peuple, l’exhortant à résister contre la haine et à s’organiser pour ne pas sombrer dans le désespoir. Né à Lukumbo le 1er janvier 1926, Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo était ordonné prêtre au diocèse de Bukavu, le 17 août 1958. C’est le 3 décembre 1957 qu’il avait prononcé ses premiers vœux.
HERMAN MALUTAMA