Bonne nouvelle, mauvaise nouvelle. D’ici début novembre, ils seront à Kinshasa, selon la presse présidentielle, les ingénieurs de la firme russe spécialisée dans la voie ferrée qui a gagné un marché de 500 millions USD. Sans doute que le trafic ferroviaire urbain sera réhabilité sur tout son réseau. Mais revers de la médaille, il va falloir casser, parfois en profondeur. Le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, ne s’en cache, il va falloir du courage politique pour prendre des décisions adéquates pour juguler le cycle des inondations à chaque pluie et améliorer la mobilité dans la capitale. Un rapport PNUD, Programme des Nations Unies pour le développement, qui remonte à il y a dix ans, est formel : sans le train urbain et son extension, Kinshasa, 15 millions d’habitants selon le Gouv Gentiny Ngombila, suffoquerait d’ici 2025. Impliqué dans les travaux relatifs au programme de Cents jours du chef de l’relatifs au programme de Cents jours du chef de l’Etat, Félix Antoine Tshilombo, un ingénieur de l’OVD, Office des voiries et drainage, a eu ces mots devant la presse, « les sauts de mouton, à la rigueur, c’est du sex-appeal, c’est pour donner une certaine charme à la capitale…il faut créer de nouvelles routes et exploiter d’autres voies, le fleuve, le chemin de fer pour enrayer des bouchons dans la capitale ». Au ministère des Transports et de voies de communication, l’on mûrit déjà un plan de construction d’une voie ferrée devant relier les communes enclavées et populeuses de Kimbanseke et Kisenso, dans la partie Est de la capitale. Par ailleurs, la société belge Preferails a déjà élaboré, sur demande du gouvernement de la RDC, un projet d’implantation d’un réseau tramways à Kinshasa. Le Rond-point Victoire constituera la principale gare de RER kinois. La Capitale compterait 4 lignes de tramway dont Rond-point Victoire-aéroport de N’djili, Rond-point Victoire-Kintambo Magasin. Ce qui n’irait pas sans casse. Et, pour la Société commerciale des transports et des ports, SCTP ex-ONATRA, dont la filiale, Chemin de fer interurbain, CFI, les pouvoirs publics doivent s’impliquer pour qu’elle recouvre tout son réseau, de la gare centrale à l’aéroport côté Est, et Côté Ouest, du centre-ville à Kinsuka. Le CFI, selon les statistiques fournies par la Banque centrale, a transporté 237.273 personnes au premier semestre 2018. L’entreprise dit pouvoir faire mieux si le reste de son réseau urbain était rouvert au trafic. La voie ferrée Gare centrale-Kinsuka n’est plus opérationnelle, voilà plusieurs années du fait du risque élevé d’un déraillement, avait fait comprendre l’alors directeur du département du chemin de fer de l’ex-Onatra, Constat Omari. Pour des experts, seul l’élargissement du chemin fer tirerait les 5 millions des kinois qui se déplacent chaque matin, du goulot quotidien d’embouteillage. Pendant que l’opérateur public routier, Transco, transporte en moyenne 50 millions des passagers l’an, avec plus de 400 bus répartis sur près d’une trentaine des lignes.
La relance du train urbain sur tout sin réseau ou encore l’implantation d’un tramway (projet remontant du temps Justin Kalumba était aux Transports, sous Matata I) n’ont guère franchi le seuil de la matérialisation. Ce n’est pas les moyens financiers qui ont posé problème. Kinshasa devrait, en effet, finaliser à moyen terme, un dossier du financement indien de quelque USD 250 millions destinés à réhabiliter le train interurbain dans la Capitale. La coopération belge était également prête à apporter son obole financière, elle qui avait déjà déboursé 7 millions d’euros pour remettre le CFI sur les rails. Le problème, c’est l’immixtion politique, avec une forte dimension ethnolinguistique. La voie ferrée qui partait de la gare centrale au faubourg ouest de la capitale, vers Kinsuka, n’existe pratiquement plus. Il y a quelques années, le département de chemin de fer de l’alors ONATRA avait dû renoncer à l’exploitation du pan ouest de la voie ferrée à cause des risques élevés de déraillement. Les normes sécuritaires faisant défaut. Coincées, par maints endroits, entre deux chapelets d’habitations, les voies ferrées de la capitale ne rassurent plus. Les lotissements sauvages ont, en effet, pris possession du domaine de l’ex-ONATRA dans tout le district de Lukunga. Avec l’appui de l’Hôtel de ville (Kimbuta Yango), la Société commerciale des transports et des ports, a envisagé de tout raser, tout détruire jusqu’à 35 m de part et d’autre des chemins de fer en vue de s’assurer d’une marge de sécurité conforme aux normes internationales en matières de voies ferrées. Mais une tornade des pressions politiques fit trembler le comité de gestion de la SCTP et même le gouverneur de la ville de Kinshasa qui réduisirent la limite de l’emprise du chemin de fer à 15 m des habitations. Selon nos enquêtes, des familles proches des responsables politiques ont construit le long du chemin de fer, entre l’ex-avenue du 24 novembre jusqu’aux abords du siège de l’ex-DEMIAP. D’ailleurs de 35 à 15 m, la brigade de démolition de l’Hôtel de ville a été derechef contrainte de se raviser jusqu’à 7m. En dépit de cela, l’opération de démolition sera arrêtée à l’approche de l’avenue de la Libération ex-24 pour ne plus jamais reprendre…voilà 4ans. Alors même qu’elle avait bien commencé aux abords des quartiers jouxtant la brasserie Bralima, le camp Ndolo, le long de l’avenue Kilosa… Dans la partie ouest de la capitale, la voie ferrée part, en effet, de la gare centrale et traverse les vieilles communes de Barumbu, Kinshasa, Lingwala, Kintambo, Ngaliema…jusqu’à Kinsuka, près des usines de traitement de grès. Coté Est, tout un quartier a vu le jour dans une concession ex-ONATRA. Selon nos sources, un haut magistrat s’est construit une grande villa à un jet de pierre de la voie ferrée, un ex-député et ex-ministre y a bâti aussi des écoles. «Ancien de l’Onatra, il s’est imposé.. Il a été suivi par ses frères… », commente ce cadre de la SCTP. Il est vrai qu’une forte communauté du centre du pays domine le lieu. Quand le gouverneur Ngobila parle du courage politique et invite le chef de l’rage politique et invite le chef de l’Etat à prendre le devant de la scène, c’est en connaissance de cause. Nous y reviendrons.
POLD LEVI MAWEJA