C’en est sans doute fini de l’entente politique qui a caractérisé les relations entre Delly Sessanga et Moïse Katumbi Chapwe. Entre le président de l’Envol, un petit parti politique qui compte quelques élus notamment dans la province du Kasaï Central, dont Delly Sessanga lui-même, et le patron de Ensemble pour le changement, plateforme créée en mars 2018 pour soutenir la candidature du chairman de Mazembe à la présidentielle de la même année, les divergences s’expriment de plus en plus. Surtout depuis que Katumbi a engagé la plateforme créée à Johannesburg dans la coalition Lamuka, qui a désigné Martin Fayulu candidat unique à la présidentielle de décembre 2018. Certes, pour la consommation publique, aucun des deux leaders n’ose annoncer la rupture de fait. Mais les faits sont têtus : presque plus rien ne rapproche Sessanga et Katumbi. Les dernières sorties médiatiques des deux anciens amis le confirment. Celles de Moïse Katumbi, particulièrement, qui n’a pas mis de gants pour s’élever contre toute modification constitutionnelle et annoncer la création dans les tous prochains jours de son propre parti politique. Sur ces questions, ses positions sont diamétralement opposées à celles de Delly Sessanga. Lundi 19 août, Sessanga et son parti politique ont formellement déposé au bureau de la chambre basse du parlement une proposition de révision de certains articles de la constitution. Qui visent notamment à obtenir le retour à une présidentielle à deux tours et soutiennent la détention de la double nationalité par les Congolais. Envol précise néanmoins que le parti «a perdu ses militants lors de tous les combats pour le respect de la constitution notamment sa disposition intangible, l’article 220. Il serait irresponsable de notre part de déposer une loi portant déverrouillage de cet article. Nous n’avons pas touché à cet article parce que pour nous et pour le peuple congolais, c’est un article qui est sacré, il ne peut être touché ». Moïse Katumbi de son côté, met en garde contre toute modification constitutionnelle par crainte de voir touchées les dispositions intangibles de la loi fondamentale. L’autre question qui sépare irrémédiablement Sessanga et Katumbi est bien celle de la mutation de Ensemble pour le Changement en parti politique. Envol s’est déjà montré on ne peut plus clair. Dans une conférence de presse conjointe avec Claudel Lubaya, le 26 mai 2019, Delly Sessanga soutenait que « nous continuons à œuvrer dans le camp d’Ensemble à condition que Ensemble ne devienne pas un parti politique. Si Ensemble devient un parti politique c’est-à-dire qu’il modifie ce que nous avions convenu à Johannesburg nous ne sommes pas partants ». Plusieurs mois auparavant, les deux leaders kasaiens avaient ‘‘désobéi’’ au mot d’ordre de vote en faveur du candidat unique de l’opposition Lamuka, et appelé leurs partisans au Kasaï à porter leurs choix sur Félix Antoine Tshisekedi. Depuis lors, c’est en vain que les observateurs ont beau chercher ce qui unirait encore Delly Sessanga et Moïse Katumbi.
O.H