Il ne manquait plus que lui pour compléter le tableau. Le Comité Laïc de Coordination (CLC) a repris du service vendredi 12 juillet 2019 après un long silence. Pas pour exhorter à la prière, ni appeler à l’unité et à la paix, après qu’il eût voué aux pires gémonies l’ancien pouvoir de Joseph Kabila. Le groupe dirigé par Isidore Ndaywel prêche la révolution politique autant qu’avant.
Selon le communiqué rendu public en début de week-end, le CLC rompt le silence observé depuis 6 mois parce que « la gestion électorale (…) a accouché d’une crise post électorale majeure », que l’on doit à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et à la Cour constitutionnelle. La première, en s’abstenant de déférer à l’obligation constitutionnelle, selon le CLC, de publier en détail les résultats électoraux ; et la seconde, en prenant la responsabilité de consacrer la ruine totale du système judiciaire national.
Révolutionnaires du Cardinal
Raisons suffisantes pour le groupe mis sur orbite par le cardinal Laurent Monsengwo il y a quelques années, de relancer son combat pour l’Etat de droit. Qui passe par la démission des juges de la Cour constitutionnelle et sa réforme ainsi que la recomposition de la CENI. « S’agissant de la CENI, le CLC considère qu’aucune élection n’est envisageable dans la composition actuelle de la haute direction de cet organe. Cette perspective passe non seulement par le renouvellement préalable de cette équipe mais aussi l’organisation d’un recensement général de la population et la réforme de la loi organique et électorale », lit-on dans ce communiqué.
La nébuleuse proche de l’archidiocèse de Kinshasa « entend mobiliser ses différents partenaires dans une vaste campagne pour le renouvellement de cette cour (la Cour constitutionnelle, ndlr)». C’est la seule spécialité qu’on lui connaît, depuis le 31 décembre 2017, lorsque Ndaywel et ses amis avaient failli provoquer l’apocalypse à Kinshasa en organisant une marche de protestation (politique) en partant de chacune des 160 paroisses catholiques de la capitale rd congolaise. Selon les experts, dubitatifs à l’époque, organiser une telle ‘‘manifestation’’ sur une étendue globale de 9.965 km2, relevait davantage de l’art militaire que d’une expression citoyenne. La manifestation fut interdite par les autorités urbaines sans parvenir à réfréner l’envie d’en découdre avec les autorités en place quelles qu’elles soient des initiateurs du CLC.
Au secours des protégés de l’archidiocèse
Plusieurs années après, il ne semble pas que ce comité laïc prétendument « chrétien » qui n’a jamais prêché le Christ ait changé son fusil d’épaule. Les observateurs notent, en effet, que comme par hasard, c’est seulement alors que l’autre bras armé clérical, Lamuka Ouest, accuse des signes de décadence que le CLC refait surface. Pour défendre les mêmes causes et poursuivre les mêmes objectifs de changement au forceps. « Refaire la CENI et la Cour constitutionnelle, c’est déjà ce que Fayulu exige avant la tenue de nouvelles élections », explique au Maximum un cadre d’un parti politique de la majorité au pouvoir. En effet, selon une proposition de sortie de crise qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive en RD Congo, et sérieusement ébranler l’édifice Lamuka, Martin Fayulu a proposé au président Tshisekedi la création d’un Haut Conseil National des Réformes Institutionnelles (HCNRI) à lui confier (sic !). Qui serait chargé d’opérer des réformes dans la CENI, la Cour constitutionnelle, la défense nationale, la gouvernance et les droits humains, avant la tenue de nouvelles élections générales dans un délai de 12 à 18 mois.
J.N.