Il était connu pour sa verve oratoire particulière, qui l’a fait découvrir auprès de plus d’un téléspectateur kinois parmi les porte-paroles talentueux de la Majorité Présidentielle puis du FCC, à l’occasion de nombreux débats sur les plateaux de télévision. Albert Diheka Losongo était aussi connu et apprécié des téléspectateurs et auditeurs de ses émissions culturelles axées essentiellement sur la culture de son terroir Tetela, sur les antennes de la RTGA, particulièrement. Mais au Sankuru, à Lodja et à Katako-Kombe où il est devenu un important acteur médiatique en lançant sa propre station de radio-diffusion « Enyamba a Wadi », Albert Diheka est adulé pour sa maîtrise parfaite de l’histoire et de la sagesse des anciens et de la culture Tetela.
La cinquantaine à peine, cet acteur politique lumumbiste, membre de la Convention des Congolais Unis (CCU) est sorti de sa résidence dans la commune de Ngaba, vendredi soir, pour « faire un tour » et « prendre l’air », et n’est plus revenu. Albert suivait une partie de football non loin de là, à Lemba, lorsqu’il s’est écroulé, surpris par un malaise soudain. Des âmes charitables autour de lui l’ont conduit vers un centre de santé où les premiers soins lui ont été administrés ce vendredi 26 avril dans la soirée. Tout semblait rentrer dans l’ordre.
Mais il n’en sera rien. Samedi 27 avril dans la matinée, Albert Diheka a, sur demande de son chef et mentor politique Lambert Mende Omalanga informé de ses ennuis de santé, été transféré dans la polyclinique privée Les Candeurs sur la IIIème rue Limete Résidentiel, où il était habituellement soigné. En milieu de cette journée qui se révèlera fatidique, le secrétaire général adjoint de la CCU chargé de l’Idéologie et candidat malheureux aux dernières législatives nationales dans son Katako-Kombe natal se sentait suffisamment rasséréné en recevant la visite des siens. Grande fut donc la surprise, lorsque vers 16 heures 30 locales, le malaise ressenti la veille décupla, au point de lui arracher le dernier souffle devant ses frères et amis atterrés, malgré l’assistance et les soins de ses médecins accourus à son chevet. La promenade de santé du vendredi 26 avril 2019 avait été la dernière promenade d’Albert Diheka sur la terre des hommes.
Dans l’arène politique de la RD Congo, Albert Diheka Losongo est happé à fleur de l’âge. L’illustre disparu a été littéralement mordu, comme il aimait le dire, par le ‘‘virus de la politique lumumbiste’’ alors qu’il poursuivait des études universitaires à Kisangani dans l’ex-province Orientale. A cette époque du parti unique mobutiste, le jeune Diheka est assez vite repéré par les services secrets de la dictature qui découvrent en lui un dangereux agitateur. Diheka Losongo n’a même pas 20 ans d’existence lorsqu’il est relégué à Buta, à plusieurs centaines de km de Kisangani. Il y poursuit néanmoins sa formation universitaire, décrochant un diplôme de Licence en Anglais-Linguistique afri-caine. La suite de sa vie et de son parcours sera marquée par cette véritable épreuve ‘‘initiatique’’. Diheka demeurera politique et lumumbiste envers et contre tout, fréquentant tous les grands noms du Lumumbisme avant de porter son choix définitif sur Lambert Mende Omalanga, le fondateur du MNC/Lumumba Originel, le parti politique d’obédience nationaliste qui sera débaptisé Convention des Congolais Unis (CCU) par la suite.
Influencé par sa formation universitaire, Albert ne cessera pas d’approfondir la culture africaine en général, celle de sa tribu rd congolaise, particulièrement, alliant théorie et pratique. Ce n’est pas un fait du hasard si Diheka se faisait respectueusement appeler « Kum’Okonda » (propriétaire de forêts ou des lieux, en Tetela). L’homme s’était soumis à l’initiation ancestrale et a été formellement investi «Nkumi» par les anciens de sa tribu. Le qualificatif désigne les détenteurs de la sagesse chez les Atetela. A ce titre, il a été l’un des grands lanceurs d’alertes sur les maux qui rongent non seulement la RDC mais aussi et surtout son Sankuru natal miné par des divisions mesquines qui plombent son développement jusqu’à ce jour. Ce qui lui a valu une réputation de polémiste adulé par les uns, détesté par les autres.
Né le 12 septembre 1963, Albert Diheka est originaire d’Ehandjola, un village du secteur de Watambolo Sud à Katako-Kombe. Il était père de 5 enfants, dont une fille. Des informations parvenues au Maximum renseignent que la CCU, son parti politique, et son autorité morale profondément affectés par cette brutale disparition, tiennent à assurer des obsèques dignes de son rang de Nkumi au «camarade Albert». Diheka sera inhumé selon les coutumes ancestrales auxquelles il a si ardemment adhéré, dans son terroir natal à Katako-Kombe.
Le programme des funérailles prévu à cet effet se présente comme suit :
– Dimanche 5 mai 2019 :
11 h 00 : Levée du corps de la morgue de l’Hôpital du Cinquantenaire et départ pour le siège de la CCU au n° 57 dans la commune de Ngiri-Ngiri; hommages du parti ; Exposition du corps et veillée mortuaire en la salle La Grâce, située au n° 51/A, Avenue de la Victoire (près de Bibi Play).
– Lundi 6 mai 2019 :
6 h 00 : départ pour l’aéroport international de Ndjili d’où la dépouille mortelle sera acheminée à Ehandjola (Katako-Kombe) via Lodja.
J.N.