Enervé par notre analyse sur la corruption aux élections sénatoriales au Sankuru, le néo-Sénateur est sorti du bois. Pour révéler ses investissements personnels. Sans parler des spoliations dont il a été grassement « cadeauté » par Mobutu à la faveur de la zaïrianisation. Edifiant.
Le candidat indépendant miraculeusement élu à la sénatoriale sankuroise sans avoir le moindre grand électeur, le 15 mars 2019, Raymond Omba Pene Djunga, n’a apprécié que très modérément les informations parues dans notre dernière livraison autour de ces scrutins dénoncés par le nouveau président rd congolais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Le 22 mars 2019, Le Maximum avait en effet révélé la bizarrerie de l’élection grâce aux votes de 3 députés provinciaux de cet octogénaire n’appartenant à aucun des partis politiques alignant des grands électeurs au Sankuru. Le néo-sénateur de la circonscription du Sankuru a confié son ire à de nombreux confrères, essentiellement kinois, sans éclairer davantage l’épais brouillard qui entoure cette élection. Elle s’expliquerait selon ses propos pour le moins embrouillés par « la confiance » que lui accorderait « tout ressortissant du Sankuru » du fait de ses nombreux investissements dans son district (aujourd’hui province) d’origine. Comme si les grands électeurs qui lui avaient attribué leurs voix à contrario des mots d’ordre et des idéaux de leurs partis politiques le 15 mars 2019 étaient d’une moralité irréprochable, ce faisant …
Des investissements dignes d’intérêt
Les révélations de l’honorable sénateur en réaction aux informations parues dans la presse restent, néanmoins, dignes d’intérêt pour l’opinion. Même si Le Maximum n’aurait pas dédaigné les communiquer à ses lecteurs en complément de celles publiées quelques jours plus tôt. Selon les dires de l’ancien colonel ex-FAZ et bénéficiaire des avoirs des occidentaux spoliés par la «zaïrianisation» des années ‘70 lui-même, ses investissements se seraient chiffrés jusqu’à 1 million USD en 1979, soit 4 ans après cette véritable opération mafieuse de razzia du régime Mobutu en 1974. Les détails de cet «investissement» ne manquent pas non plus d’intérêt : 500.000 USD auraient servi dans « sa» ferme agro-pastorale à CABI dans le secteur de Kondo-Tshumbe (dont est originaire le député national le mieux élu de la province du Sankuru, Lambert Mende Omalanga, précisent nos confrères qui lui ont prêté leurs plumes) ; et 500.000 USD dans « des activités commerciales des établissements OPEDU (comme Omba Pene Djunga, ndlr) spécialisés dans le commerce général et la vente de café, ainsi que dans la société SODIKAS, une entreprise créée avec des partenaires de la BELTEXCO ».
Vieux souvenirs oubliés
Jusqu’au moment où Le Maximum mettait sous presse, lundi 25 mars 2019, il n’avait pas été possible d’apprécier auprès de nombreux sankurois interrogés par nos rédactions, au téléphone pour la plupart, l’apport de ces plantureux investissements du sénateur dans le développement de cette nouvelle province. Près de 30 ans après, la tâche s’avère laborieuse. Peut-être parce que le temps a effacé jusqu’au souvenir de ces « bienfaits » de « Papa colonel » des mémoires de ses congénères bénéficiaires ; mais plus encore parce que différencier entre le commercial générateur d’intérêts personnels pour l’investisseur et le développement qui induit des bienfaits durables pour la communauté, n’est pas choses aisée.
Il reste qu’aucun de nos interlocuteurs n’a nié l’existence de CABI (acronyme pour désigner le Centre d’Amélioration du Bétail Indigène), un bien domanial de l’Etat hérité de l’administration coloniale belge, à une quarantaine de kilomètres de Lodja, dont le Maréchal Mobutu son plus proche collaborateur. Mais personne n’a été en mesure de confirmer l’investissement qu’il y aurait consenti. Encore que tous s’accordent à décrire l’état actuel de cette ferme agro pastorale moderne qui faisait la renommée de cette partie du pays comme « une ruine». C’est tout dire…
Chiffres dissimulés
Par ailleurs, l’ex-bras droit de Mobutu ne révèle pas les chiffres et la valeur de l’ensemble de ces biens qu’il a reçus, on ne sait en échange de quoi, à la zaïrianisation dans sa province d’origine. Cela aurait permis à l’opinion d’apprécier la hauteur de son « sacrifice » consenti en faveur des siens en investissant jusqu’à 1 million USD ! Sans doute le Sénateur le réserve-t-il à une autre campagne électorale ! Mieux vaut tard que jamais, devrait-on en convenir. Mais entretemps, l’homme dans son empressement à se justifier, s’est littéralement auto-éventré en procédant à son propre déballage sous les coups de boutoir de la presse, même si ce n’est que partiellement.
La seconde sortie médiatique de l’honorable Omba Pene Djunga, après celle qui l’avait vu se présenter en justicier du Sankuru la semaine d’avant, n’en fut pas moins un sévère réquisitoire contre la presse, principalement contre Le Maximum, en fait. A qui l’ancien officier supérieur reproche pêle-mêle de dissimuler son « jeune frère » Lambert Mende Omalanga, député élu (au suffrage universel direct) de Lodja et candidat au gouvernorat de sa province qu’il ne semble manifestement pas (ou plus) porter dans son cœur, ceci expliquant peut-être cela. Il lui a fallacieusement attribué le fruit des investigations de nos fins limiers. Autant que toutes les illustrations qui ont accompagné notre parution du 22 mars 2018. Un excès de politisation, à l’évidence, là où il aurait suffi de faire valoir un banal droit de réponse au cas où le «miracle électoral » dénoncé par nos rédactions – qui ont pignon sur rue – s’avérait faux. Des millions d’investissements mercantiles ne justifient pas le bénéfice de votes illégitimes d‘élus provinciaux «rebelles» à leurs partis. Sur ce sujet central des analyses du Maximum, l’opinion est malheureusement restée sur sa soif.
J.N.