Cela n’était pas arrivé il y a bien longtemps au sein du Mouvement de Libération Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba Gombo. Durant plus de 10 ans, l’équivalent de la période de détention du sénateur et ancien vice-président rd congolais dans les geôles de la Cour Pénale Internationale (CPI) à Scheveningen (Pays Bas), l’ex-mouvement rebelle a fait preuve d’une parfaite cohésion et de discipline. Que même les dernières élections présidentielle, législatives nationales et provinciales en décembre dernier n’ont pas réussi à ébranler. Au décompte, le parti bembiste s’en est assez bien tiré, en s’adjugeant 18 sièges à l’Assemblée Nationale et 22 aux différentes assemblées provinciales qui lui assurent d’au moins 4 sièges au sénat de la 3ème législature. La création en novembre 2018 d’une nouvelle plateforme électorale, Lamuka, affublée d’un « candidat commun » qui s’est révélé plutôt comme le plus grand commun diviseur de l’ancienne opposition politique semble sonner le glas de la cohésion au sein du MLC. Obligé de choisir entre l’autre «candidat commun» de la même opposition issu de la Coalition pour le Changement (CACH), Félix-Antoine Tshisekedi, proclamé vainqueur de la présidentielle du 30 décembre dernier, et Martin Fayulu le candidat Lamuka, Bemba et ses hommes semblent ne plus savoir sur quel pied danser.
Sur la dépouille de Lamuka
Car, de Lamuka, il ne subsiste quasiment plus rien depuis que les katumbistes de l’Alliance des Mouvements Kongo (AMK), du G7 et de l’Alliance pour le Renouveau (AR) ont résolu de se plier devant la décision ‘‘définitive et opposable à tous’’ de la Cour constitutionnelle confirmant l’élection de Félix Tshilombo Tshisekedi à la présidence de la République. Et lui assurent de leur adhésion. Les derniers en date à crier tout haut que la plateforme mise sur pied pour faire élire Fayulu à la présidence est morte de sa belle mort depuis la proclamation officielle de l’échec de ce dernier sont le doyen Gabriel Kyungu wa Kumwanza et le juriste-maison Christophe Lutundula Apala Pen’Apala. Qui ont fait preuve de réalisme, en réalité, parce que dans les faits, des leaders politiques de cette opposition s’étaient déjà jetés dans la bagarre des élections aux gouvernorats des provinces, s’engageant ipso facto dans le gouvernement à venir dont le ministère de l’Intérieur chapeaute les entités administratives décentralisées que sont ces entités provinciales. Les Christian Mwando (G7), Jean-Claude Mvuemba (AMK), Bolenge Tenge (MS/ G7) … n’ont même pas attendu un quelconque mot d’ordre de la hiérarchie Lamuka pour faire valoir leurs ambitions politiques provinciales : il ne restait plus qu’à « gérer ses ambitions », comme on dit. Plutôt qu’à s’y opposer.
Bazaiba, candidate gouverneure
Le MLC n’est pas en reste, en cette matière d’ambitions à gérer les provinces, puisque Eve Bazaiba, sa secrétaire générale et réputée fidèle parmi les fidèles bembistes, s’est jetée à l’eau dans sa Tshopo natale. Révélant ainsi de bien fâcheuses discordances au sein du MLC. Certes, aucune réprobation officielle de la candidature de celle qui a courageusement battu campagne aux côtés de Martin Fayulu en décembre dernier n’a encore été émise au MLC. Mais jeudi 21 février 2019 sur les antennes de Top Congo FM, le secrétaire général adjoint du parti de Bemba, Fidèle Babala Wandu, a déclaré urbi et orbi que pour le MLC la coalition Lamuka existait bel et bien, et comptait toujours ce parti parmi ses composantes. Egalement juriste de formation, cet ancien élu kinois qui fait parti de la cohorte des non-élus répliquait ainsi aux propos de Christophe Lutundula : «… les élections continuent. La preuve est que nous aurons, dans quelques jours, les élections des sénateurs ainsi que celles des gouverneurs. Donc le cycle n’est pas encore terminé. Sans parler des élections municipales qui sont pas encore organisées ». Pour Babala, « (Le MLC) est en train de se battre pour la vérité des urnes afin de récupérer la victoire qui nous a été volée … Tant que la vérité des urnes ne sera pas rétablie, nous allons continuer le combat ».
Babala-Fayulu : coterie bandundoise ?
Originaire comme Martin Fayulu du Grand Bandundu, Babala Wandu semble donc poursuivre un combat différent de celui son chef au sein du MLC, Eve Bazaiba, qui accepte, elle, de devenir le représentant dans la Tshopo du chef de l’Etat, donc de Fatshi. Et sans doute aussi celui Jean-Jacques Mamba, le porte-parole du même parti bembiste qui déclarait à la presse, le 26 janvier dernier, que son parti politique fera de l’opposition républicaine sans s’engager dans la course à la « vérité des urnes ». « Nous avons des députés. Nous ferons une opposition responsable : contrôle parlementaire, législation, contrôle budgétaire », tranchait cet élu de la Lukunga à Kinshasa sur les listes du MLC. Ce n’est certainement pas de la course pour la « vérité des urnes ».
J.N.