Fini les temps de vaches grasses pour Martin Fayulu ? Sur la question, les observateurs s’interrogent. Avec sérieux et circonspection. Depuis notamment que le « candidat commun » de Genève a reporté le voyage de Kindu au Maniema, dimanche 9 décembre 2018. Pour diverses raisons dont une fuite en avant devant un fiasco peu évitable n’est plus à exclure. Plus du tout. Sur ce changement de programme qui a contraint Martin Fayulu et sa suite à demeurer une nuit supplémentaire à Kisangani avant de s’envoler vers Bukavu le lendemain matin, il s’avère qu’il y a plus de radotages que des faits. Les faits, eux, se réduisent aux échauffourées qui ont eu lieu dans le secteur de l’aéroport du chef-lieu de la province du Maniema, qui ont opposé de présumés militants PPRD à ceux de la coalition Lamuka. Et aussi, que la poignée de cadres se réclamant de la coalition née à Genève, emmenée par l’ex. rebelle RDC-K-ML Koloso Sumaili, forte de 4 à 5 hommes, se serait fait virer de l’aérogare de Kindu par une horde de présumés militants PPRD. Rien de plus. Les images diffusées sur internet sont là qui attestent de la présence des cadres Lamuka dans les installations aéroportuaires à Kindu. Et aussi de celles de militants de deux camps politiques à l’aéroport : pas de 100 personnes pour l’ensemble de deux groupes.
L’autre fait avéré, c’est que Martin Fayulu a dû modifier son programme de voyage sur Kindu en dernière minute. Sous de nombreux prétextes. Beaucoup trop de prétexte pour faire vrai. Sur les réseaux sociaux, les partisans Lamuka ont fait état de la présence d’hélicoptères et d’avions de l’armée sur le tarmac de l’aéroport, qui auraient interdit l’atterrissage du jet Lamuka. Ce n’est pas avéré. Les images disponibles attestent de la présence d’hélicoptères de l’armée, trop petits pour empêcher l’atterrissage d’un jet à peine plus grand qu’eux. « Ils convoyaient du matériel électoral », renseignent des sources locales. Il n’y avait donc aucune raison de s’exposer au risque de compromettre la mise en œuvre d’un calendrier électoral scrupuleusement respecté jusque-là pour les beaux yeux d’un acteur politique rd congolais. Fût-il Martin Fayulu.
L’autre raison avancée par Martin Fayulu lui-même, est que la tour de contrôle aurait instruit les pilotes de son jet de ne pas décoller vers Kindu. Mais lundi 10 décembre, c’est le même Fayulu qui rapporte à des confrères en ligne que « nous avons eu au téléphone Kindu et on nous rapporte que les militaires investissent l’aéroport. Cela devient autre chose. Nous n’allons pas créer l’incident. Nous n’allons pas leur donner un prétexte pour arrêter les élections. On va maintenant aller à Bukavu ». Il ne s’agissait donc plus d’une instruction de la tour de contrôle mais d’une inopportunité sécuritaire et politique. Ça pouvait aussi être « la crainte d’un fiasco inévitable au fief électoral du candidat FCC et de son mentor, Joseph Kabila », selon l’analyse d’un observateur local interrogé par Le Maximum. Kindu ne s’était pas mobilisé pour le candidat Lamuka. C’aurait été le cas que les réseaux sociaux dont raffolent tant les rd congolais auraient été inondés d’images, comme à l’occasion des meetings de Kisangani, Butembo et Bunia, quelques plus tôt.
En mettant le cap sur Bukavu dans la province du Sud Kivu, Martin Fayulu et sa suite se sont sûrement trompés s’ils ont cru conjurer les temps des vaches maigres qui s’annoncent. Félix Tshilombo Tshisekedi et Vital Kamerhe (dont c’est aussi le fief électoral) étaient déjà passés par-là quelques heures plus tôt. Et la ville grouillait encore d’indignation collective consécutive aux perturbations dont le meeting du tandem du CACH (Cap pour le Changement) avait fait l’objet à Bunia. Du fait des militants de la coalition de Genève. Parti de l’aéroport de Kavumu, c’est une ville fantôme que le cortège de Fayulu a dû traverser. Jusque tard dans l’après-midi, le lieu prévu pour abriter le meeting du « candidat commun » de Lamuka tardait à se remplir, obligeant la délégation à se rendre à Panzi, le quartier qui abrite l’Hôpital Général du même nom, chez cet autre opposant politique qu’est le Dr Denis Mukwege, où elle a trouvé terre un peu mieux accueillante.
Ça ressemble bien à une descente aux enfers pour le candidat président de la coalition des invalidés à la présidentielle 2018.
J.N.